Nous assistons à une effervescence autour de morceaux aux paroles et insinuations assez machistes. Certains brandissent l’excuse de l’art. Mais, ne finira-t-on pas par tolérer certaines dérives au nom du beat ?
On ne va pas citer les chansons. Qui se sentira morveux se mouchera. Et d’ailleurs, une certaine maxime rundi veut que quand vous lancez une pierre dans une meute de chiens – à ne pas prendre chien dans un sens péjoratif, merci – ne criera que le canidé touché.
Le paradigme musical du moment est plus que jamais tourné vers le beat. Un chanteur nous sortira une chanson faite d’onomatopées presque inintelligibles, si ça fait déhancher, ce sera un tube. Les lyricistes ? Non. C’est du has been. Vu que les nouvelles méthodes de consommation de la musique exigent des morceaux plus courts, autant choquer et revenir expliquer après qu’en fait ce sont les auditeurs qui sont tellement cons, incapables de saisir la profondeur de la poésie utilisée.
Tout sacrifier pour la likocratie ?
Les artistes, comme dirait Leila Slimani, « c’est comme des chiens (arrh, encore), il ya plein de races. » Pouvons-nous dire que nous avons des esthètes qui vont passer des heures sur la cohérence d’une partition pour flirter avec le beau ou ceux qui croient dur comme fer que la valeur d’un artiste se mesure aux nombres de likes et views sur les plateformes numériques ?
Dans cette configuration de likocratie poussée à outrance, frôler volontairement le scandaleux est vendeur. Je n’irai pas jusqu’à parler du syndrome de Stockholm mais, même les personnes visées par ces morceaux au sexisme très mollement dissimilé dansent sur certaines musiques sexistes, pourvu qu’elles aient un bon beat.
Bon bref, on ne va pas s’ériger en Inquisition des goûts. Il paraitrait d’ailleurs que l’on ne devrait pas en discuter. Mais il faut quand même se demander si, toute bienpensance mise à part, le beat pourrait justifier toutes les dérapages sexistes, machistes et autres écarts de tout acabit.