Les clients se sont déjà fait une raison, les banques sont des lieux où il faut avoir la patience en stock pour tenir avant de pouvoir arracher son dû aux agents nonchalants (mais pas tous bien sûr). Retirer son pécule devient un parcours du combattant qui peut te bouffer une demi-journée. Faire cinq banques avant d’être servi ? Rien de nouveau sous le ciel d’Eden, me direz-vous ? Qu’importe, je vous raconte quand même mon histoire.
Les blancs ont la montre, les Africains ont le temps, disent les plaisantins. Voilà qu’un ami qui habite au pays de l’oncle Sam demande de mes nouvelles. Cela faisait des années qu’on s’était perdu de vue. On fait causette et on en vient à parler de ce climat caniculaire qui prévaut actuellement. Je lui raconte combien ce Buja déjà habituellement chaud, est devenu une fournaise avec le mois de mars. Il me prend carrément en pitié quand je lui indique que parfois le thermomètre indique 33 degrés à l’ombre. Sa pitié se transforme en générosité, car il décide de m’envoyer quelques dollars pour que je puisse désaltérer mon gosier désespérément sec.
Une si longue attente
A 11 h pile, à l’insu du chef, je m’éclipse du bureau pour aller retirer ma bourse via Western Union. Je pensais revenir dans une demie, avant que le chef ne découvre mon incartade. C’était sans compter sur ces messieurs qui tiennent les cordons de nos bourses. Je me rends dans une branche du Centre-ville d’une banque locale. Je voulais entrer comme dans un moulin lorsqu’un vigile plutôt serviable me demande de me laver les mains. Me voilà à l’intérieur. Immédiatement, je remarque qu’il y a une file de gens devant le guichet Western union. Je patiente une demi-heure avant de comprendre qu’il faut avoir un numéro. Je me demande à quoi sert un numéro s’il faut encore faire la queue. Je m’adresse au vigile pour savoir où dégoter ce fameux numéro avant de rejoindre la file. Il fait très chaud. Ça va faire une heure que je fais la queue. Les gens perdent patience. Certains s’en vont ailleurs.
Une dame laisse courir une rumeur, qui sort de je ne sais où, qu’il n’y a que de petites coupures. La petite foule s’inquiète, car les petites coupures s’échangent à un taux minoré par rapport aux grosses coupures. J’approche un client qui vient d’être servi pour avoir le cœur net, et je reviens pour tordre le cou à la rumeur : ils ont les grosses coupures.
L’hôpital qui se moque de la charité ?
Une heure et demie d’attente, on ne tient plus debout. Et comme le malheur ne vient jamais seul, à notre grande surprise, l’agent de la banque qui s’occupe des opérations Western union décide de prendre un repos pour aller déjeuner. C’est le découragement. Les gens maugréent, mais restent polis. Quand même une personne dans la foule, relève qu’il aurait fallu que la banque organise des tours de relais avec ses agents, pour que les clients ne continuent pas de poiroter comme ça. Un autre rappelle que sur chaque opération, la banque prélève un certain pourcentage, que c’est dans son intérêt de travailler rapidement et de satisfaire ses clients.
Moi, dans mon coin, je cogite pour me sortir de cette impasse. Je me rends dans une agence proche d’une autre banque, près de l’ambassade de Belgique. Là aussi, j’apprends que l’agent chargé des opérations Western union est en pause. Décidément, les banquiers aiment se reposer ! En détresse, j’appelle une sœur à moi pour lui demander comment faire, elle qui a son bureau au Centre-ville. Elle me dit d’aller dans une autre banque qui se trouve aussi sur ‘’Kurya Rumonge’’ pas très loin de là où je me trouve. Je m’y rends, mais un agent m’apprend que la banque ne travaille qu’avec Money Gram.
A chaque jour suffit sa peine
De guerre lasse, je retourne à la première agence, où l’agent est revenu de la pause, l’air toute fraîche. Je patiente encore une trentaine de minutes, et quand mon tour arrive, j’entends l’agent me dire : « On ne peut vous donner le montant que vous cherchez, il n’y en a pas assez. A peine, on donne 500 dollars ». C’est la douche froide. Je me rends dans une quatrième banque. Je refais la queue. Au moins, il n’y a pas beaucoup de clients, mais parmi eux, une connaissance, j’y reviendrai. Mon tour arrive, là encore le guichetier me dit qu’on ne décaisse pas une telle somme. Il me conseille de demander à l’expéditeur de scinder le montant et de l’envoyer en plusieurs tranches. Dans ma petite tête, un dicton Kirundi germe : ‘’Kwizera gusomera ukarumanga’’.
La connaissance dont je vous ai parlée plus haut, c’est ma belle-sœur. Je lui raconte ma mésaventure. Elle appelle un ancien condisciple à elle qui travaille dans une autre banque. Celui-ci lui dit de me dire d’aller dans une agence plus loin et de m’adresser à monsieur X. Elle me sauve la mise. Exactement, à 15h 45 j’ai mon argent dans une cinquième banque. Je suis très content de récupérer mon dû, même si je suis exténué. Je regarde mon téléphone, je découvre deux appels manqués du chef. Plus de 4 heures que j’ai quitté le boulot sans avertir ! Une autre galère m’attend demain sûrement, mais, comme on dit, à chaque jour suffit sa peine. En attendant, mon gosier n’est plus sec, mais à quel prix ?
I think they don’t know what we call customer care that’s why they do that they want us to stand on line like we we do on buses they should increase customer satisfaction and care, they have to learn from other banks