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Apogée et décadence de « Mutama II »

Il a fait la pluie et le bon temps. Il a connu ses heures de gloire mais aussi ses bas. Pilier du système CNDD-FDD, Alain Guillaume Bunyoni aura marqué l’histoire politique de ces 15 dernières années, jusqu’à ce qu’il soit, brusquement débarqué de la Primature. La destitution du plus haut gradé de la Police a signé le début de sa descente aux enfers. Retour sur le parcours du fils de Rutana.

« Comme Saturne, la révolution finit par dévorer ses enfants », disait Pierre  Vergniaud, avocat et homme politique français du 18ème siècle. Le général Alain Guillaume Bunyoni (AGB) avait gravit tous les échelons du pouvoir. Au maquis déjà, il avait gagné les galons de général  grâce à sa capacité d’organisation et de commandement, dit-on. En 2005, AGB devient le chef de la Police, poste qu’il occupe jusqu’en 2007. Il sera propulsé à deux reprises à la tête du ministère de la sécurité publique. Le sobriquet de « Mutama II » cependant ne lui aura pas souri, même s’il était considéré comme le numéro 2 du régime de feu président Pierre Nkurunziza. Les rumeurs disaient que c’est lui qui devait succéder à ce dernier, mais le destin en décida autrement, car c’est le candidat Evariste Ndayishimiye qui sera élu président de la République aux élections de 2020.

La chute du faucon

Quand le président Evariste Ndayishimiye a formé son gouvernement, Bunyoni a été nommé à la Primature, post qu’il occupera jusqu’au 07 septembre 2022, le jour de sa chute. Il tombera avec son gouvernement. Il voulait « être calife à la place du calife », diront les mauvaises langues, car il est tombé de son perchoir après que le président s’était plaint publiquement qu’un cadre de son administration fomentait un coup d’Etat pour le renverser. On se souviendra des propos pleins de sous-entendus du pasteur Isidore Mbayahaga, lors de ses sermons, parlant d’un oiseaun ‘igifyoti’ (de mauvais augure, devrais-je ajouter) qui ne ferait que troubler les eaux de la source après avoir bu, pour que les autres oiseaux ne trouvent pas à boire, ou encore l’histoire des jumeaux qui ne peuvent pas partager un seul siège. Le Président enfoncera le clou lors de l’ouverture de la rentrée judiciaire le 02 septembre 2022, en évoquant l’histoire de trahison de Maconco à qui le Roi avait tout donné, même sa fille, mais qui n’hésita pas à le trahir en subtilisant Rurebeya, son chien.

Les observateurs avisés en concluront que le sort de Bunyoni était déjà scellé. La surprise fut par ailleurs grande quand ils ont constaté qu’il n’avait pas été arrêté après son limogeage alors qu’il était soupçonné d’avoir tenté de commettre des crimes graves. Certains penseront qu’il aurait été dégommé parce qu’il faisait de l’ombre au président. Bunyoni passera 7 mois en sursis.

Les récents développements de l’affaire

Ce jeudi, les policiers en nombre ont envahi les résidences d’AGB pour une fouille-perquisition. Plus tard, on apprendra qu’en fait la police recherchait l’ancien Premier ministre. Les spéculations vont bon train sur les raisons qui sont à l’origine de cette tentative d’arrestation ratée. Cet ancien maquisard avait déjà pris la clé des champs et les agents de la police chargés de son arrestation ont fait chou blanc. Le ministre de l’intérieur a confirmé qu’AGB était recherché par la Justice burundaise. Le parquet général voulait l’entendre, d’après le ministre Martin Niteretse. Toujours selon les rumeurs, les agents de police cherchaient à mettre la main sur de fortes sommes d’argent que le concerné était soupçonné de cacher dans ses luxueuses résidences. N’ayant pas trouvé ce qu’ils cherchaient, les agents de police auraient mis la famille de Bunyoni sous surveillance. Impossible d’avoir accès à des informations exactes sur cette affaire sur laquelle la parole des autorités reste très rare.

La suite ?

Nous sommes l’après-midi du 21 avril 2023. La machine à rumeur s’emballe. Alors qu’hier, certaines rumeurs annonçaient que Bunyoni n’était plus sur le sol burundais, certaines informations circulant sur la toile font état de l’arrestation d’AGB dans la province de  Bujumbura (rural). Si elles étaient confirmées, cette arrestation signifierait peut-être le début d’une saga judiciaire qui tiendra les Burundais en haleine. Il sied de signaler qu’AGB était aussi dans le viseur du conseil des droits de l’homme des Nations unies qui avait ouvert une enquête le 30 septembre 2016. Il est soupçonné d’avoir commis des exactions pendant la crise de 2015 qui a secoué le Burundi. Quelle sera l’issue de cette chasse à l’homme ? Une affaire à suivre…

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Le mal n’aura jamais son dernier mot. Apprenons à faire du bien ici bas. Le mal engendre le mal et tôt ou tard on finit par payer de nos actes.