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Burundi : l’agriculteur de maïs a-t-il été roulé dans sa propre farine ?

Le ministre en charge du commerce vient d’annoncer le prix de vente du maïs. Les commerçants vont s’approvisionner à 970 BIF le kg. Quant au prix au détail, il est fixé à 1080 BIF. Le maïs avait été acheté aux producteurs à 680 Fbu le kg, soit une hausse de plus de 62%. Ce blogueur ne s’est pas empêché de se poser des questions. Les députés aussi.

C’était dans la plénière de l’Assemblée Nationale de ce mardi 07 septembre 2021 que Mme Capitoline Niyonizigiye a annoncé la mesure. Aussitôt, plusieurs élus du peuple ont soulevé une salve de questions : pourquoi l’Etat intervient dans la fixation des prix du maïs ?  L’Etat est-il devenu un commerçant ? Qu’en est-il de la conservation des quantités achetées par l’Etat ? Quid de la transformation du maïs déjà collectées ? L’intérêt du producteur, cet agriculteur qui supporte le froid, la pluie, qui cultive avec la houe six jours par semaine pour produire le maïs, est-il réellement pris en considération ?

D’autres députés se sont demandé pourquoi fixer un prix pour une denrée agricole qui n’est pas produite quantitativement et qualitativement de la même façon au niveau national. Pour ces derniers, la quantité de maïs produite à Cibitoke par exemple n’est pas la même que celle de Muramvya pour une même saison. Evoquant les cas du ciment, du sucre, des produits Brarudi, ces mêmes députés ont, en outre, souligné que même les prix fixés par l’Etat ne sont pas respectés.

« On nous a roulés dans la farine »

Cela n’exige pas d’être expert en Economie pour comprendre la loi de l’offre et de la demande. Quand la production est bonne et que le marché est inondé de produit, le prix chute. Et lorsqu’un produit se raréfie mais que sa demande est supérieure à l’offre, son prix monte. C’est une règle générale

Il y a déjà trois mois, les agriculteurs d’une commune du centre du pays se lamentaient : « Nous avons vendu notre maïs à 680 BIF le kg. Mais, pour avoir 1 kg de farine de maïs, tu dois débourser plus de 1000 BIF. Nous pensions qu’après, l’Etat allait transformer le maïs en farine. Et voilà, ce qui nous arrive. » D’autres disaient : « On nous a roulé dans la farine. En entendant le prix de 680 BIF par kg, nous avons vendu presque toute notre production. Qu’allons-nous manger dans les jours à venir ? »

Et si le prix d’1 kg de farine était déjà monté à plus de 1000 BIF dans certains coins du pays, qu’en sera-t-il dans les jours à venir ? Ce qui sous-entend que la production n’est pas tellement abondante pour parler de l’autosuffisance alimentaire au pays. 

Cela concorde d’ailleurs avec l’intervention d’un des élus du peuple qui a relevé que « la production n’est pas suffisante. Il faut coopérer avec la Tanzanie pour voir comment importer du riz et de la farine de maïs dénommée Isembe ».

 

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