Après plusieurs semaines de manifestations, le président kényan a finalement cédé à la pression de la rue en retirant le très contesté projet de loi des finances 2024-2025. En quoi consistait ce dernier et quelles perspectives représente ce retrait pour l’économie nationale ? Cette situation trouve-t-elle un écho particulier au Burundi ? Décryptage.
Après environ une dizaine de jour de contestation, les manifestants ont eu raison du projet de loi des finances publiques 2024-2025, jugé trop contraignant par la « génération Z » du pays de Jomo Kenyatta. Après son retrait le 26 juin dernier, ledit projet devra retourner au Parlement pour réanalyse.
Après une mobilisation sans précédent sur les réseaux sociaux, la génération Z est descendue dans les rues des grandes villes du pays notamment Nairobi pour protester contre de nouvelles taxes jugées trop lourdes. Selon la commission kényane des Droits humains, une trentaine de personnes sont mortes dans les affrontements entre les manifestants et les forces de défense et de sécurité.
2,7 milliards d’euros de taxes et impôts
Le nouveau projet de loi des finances prévoyait de rapporter dans les caisses de l’Etat 354 milliards de shillings (environ 2,5 milliards d’euros) de plus que l’année précédente en provenance des taxes et impôts. Etait par exemple prévus une hausse de la TVA de 16% sur le pain et un prélèvement annuel de 2,5% de taxe sur les véhicules des particuliers. Ce n’est pas tout, le projet de loi prévoit également une hausse des prix dans le domaine de la santé.
Pour le gouvernement de William Ruto, ces mesures étaient nécessaires pour sortir le pays d’une situation financière inquiétante. Il fallait jeter des bases solides et protéger la fragile reprise économique après les conséquences de la crise du Covid-19 et de la guerre en Ukraine. « Collecter des ressources fiscales adéquates est un pilier essentiel de cette transformation et de cette croissance », avait précisé au Parlement Njuguna Ndung’u, ministre des Finances.
En mai dernier, le Kenya a connu une inflation de 5,1% avec une hausse respective des prix des produits alimentaires et du carburant de 6,2% et de 7,8%. Aujourd’hui, la dette publique de ce pays s’élève à 10 000 milliards de shillings (environ 70 milliards d’euros).
Dans un entretien accordé à RFI, l’économiste bissau-guinéen Carlos Lopes, professeur à l’Université du Cap, ancien secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique aux Nations-Unies fait savoir que le Kenya a une grande croissance mais tempérée par une dévaluation de la monnaie. Selon cet économiste, cette dévaluation importante complique les facultés du pays à servir sa dette. En renonçant aux 2,5 milliards d’euros prévus dans l’ancien projet de loi, la marge de manœuvre du Kenya sera limitée et le pays pourrait être obligé de recourir aux emprunts sur les marchés internationaux avec des taux d’intérêts extrêmement élevés. Une diminution des dépenses de l’État constitue l’autre alternative envisagée.
Le Kenya n’est pas un cas isolé
Au Burundi aussi, le projet de loi adopté par le Parlement en ce mois de juin prévoit une augmentation de 28,8% des recettes intérieures. Au moins 20 nouvelles mesures fiscales qui vont directement affecter la population ont été introduites. L’année dernière, les recettes totales ont connu une augmentation de 46,9%.
La société civile dénonce un projet analysé à la va-vite, qui arrive toujours en retard au parlement et dont le contenu est inconnu du grand public.
Je salue avant tout la réaction de la population kenyanne face à la loi qui allait compliqué de plus leur vie. Cependant, peu importe, la situation était aussi grave, et qu’on imagine que le projet de loi venait combler les lacunes, cela marque un une jeunesse éclairée et engagée et force est de constater que l’Etat se voit obligé de chercher d’autres marges de maneouvre pour pallier les problèmes. Une analogie peut être établie pour le cas du Burundi. L’absence de contestation de tel projet qui arrive au moment où la vie est en dans une situation insupportable et perplexe, ne signifie en aucun cas la fermeturr des yeux des gens, ni la méconnaissance ou l’ignorance de ce qui se passe. Quant à moi c’est plutôt beaucoup plus dû au dégré d’ouverture du système en exercice.Ce qui par conséquent engendre de tel silence. Par ailleurs, On ne peut pas ignorer que l’assemblée elle-même n’a pas été accordée le bon timing pour passer aux contours du projet et pouvoir analyser la conjoncture actuelle pour l’adapter au ditprojet.