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Dans un internat de filles, une étrange maladie menace la quiétude des lieux

La maladie du coeur affamé : c’est ainsi que je la nomme. Il s’agit d’un virus étrange qui terrasse la personne souffrante d’un désir ardent d’être aimée, qui tisse une toile obsédante autour de vous. Ce nom, résonne en moi comme un écho des cœurs affamés d’amour, d’attention et de chaleur humaine que j’ai croisés dans le passé. Je vous raconte l’histoire.

2014. Je me retrouve entourée exclusivement de jeunes filles, dans l’un des lycées sous convention catholiques à régime d’internat, réservés uniquement aux filles. Ici, nous sommes quelques centaines. Chacune de nous ayant son propre caractère unique. Le lycée est situé dans un endroit isolé, entouré de montagnes et d’arbres, à des milliers de kilomètres de chez moi. Les mûrs qui nous entourent sont tous très hauts avec des fenêtres aux vitres teintés, pour empêcher toute vu extérieur. Quant à nos journées, elles sont rythmées entre prières et cours d’étude. 

Cependant, la plupart des filles ici semblent être affectées par une maladie contagieuse qui les rend éperdues, obsédées et affamées d’amour. Les professeurs sont tous d’un âge avancé et quant aux autorités de l’école, elles sont toutes des sœurs Bene Thérèse. Ce qui veut dire : aucun homme sur le sol du lycée. Je veux dire, les hommes attirants. Et c’est ce manque criant d’hommes, la principale cause de cette étrange maladie.

Les sœurs Bene Thérèse qui sont responsables de nous, recherchent constamment un remède à cette maladie, en introduisant de nouvelles règles. Par exemple, dormir à deux dans le même lit est strictement interdit, sous peine d’expulsion définitive. Cette règle a été instaurée pour éviter tout rapprochement sexuel entre les filles. Et pourtant, la maladie continue à se répandre jour et nuit, telle une épidémie. 

Parfois, cette maladie est difficile à diagnostiquer, vu que les symptômes varient d’une personne à l’autre. Prenez par exemple : Olivia, une de mes amies, est le véritable “garçon manqué” du lycée. Elle considère chaque fille comme une beauté et n’hésite pas à donner des compliments du genre “t’es trop sexy beauté”, lançant des regards admiratifs, semblables à ceux des garçons. Sandrine, quant à elle, recherche principalement l’attention, peu importe la source, qu’il s’agisse d’une fille ou d’un garçon. Chanelle, de son côté, est attirée exclusivement par les garçons et les hommes. Elle cherche constamment et désespérément un moyen de sortir de l’enceinte du lycée. Elle feint souvent la maladie pour s’échapper. Elsa, une autre amie, partage des similitudes avec Chanelle, mais elle porte une attention accrue aux garçons lors de nos rares sorties, pendant lesquelles elle s’évade souvent pour aller à Buja là où est son petit ami. Parfois, lorsque nous sommes dans le dortoir, elle se jette sur des filles, les serre très fort, pour exprimer combien les câlins et les bisous de son petit ami lui manquent. Il y a aussi les légendes. Les filles dites “injundi”, les moins remarquables du lycée, mais dont les symptômes de la maladie semblent s’aggraver. Elles se rapprochent des grooms, traînent avec eux, feignant d’avoir besoin d’eau chaude pour le bain, alors qu’en réalité, elles flirtent avec eux. 

En plus de cela, il y a une scène étrange du mois passé, que je n’arrive pas à oublier. C’était en mai. On était 13h passées dans la chapelle, la messe touchait à sa fin. Le prêtre a annoncé la clôture de la cérémonie lorsque soudain, des éclats de joie parvinrent de l’extérieur : des garçons avaient franchi le seuil du lycée. Soudain, l’excitation gagna les filles. Elles se précipitèrent toutes dans les escaliers menant vers le terrain de basket. Elles se bousculèrent chacune prête à accueillir chaleureusement les basketteurs qui s’apprêtaient à jouer sur notre terrain. Par la suite, durant le match, tous les regards étaient fixés sur le ballon orange, y compris celles qui n’aimaient pas ce jeu. C’était un moment miraculeux, une rupture dans la routine monotone.

Et moi dans toute l’histoire

2016. La maladie se répand toujours lentement. Même les esprits que je croyais résistants succombent à son emprise. Heureusement, une lueur d’espoir est venue récemment avec l’arrivée d’un prêtre plus jeune, plus compréhensif, plus amusant. Son nom est Armel*, originaire de Bujumbura. En plus d’être un beau gars, il enseigne la Bible dans un langage proche du nôtre. Désormais, le cours de religion est devenu le plus intéressant, donc plus besoin de le sécher. Au-delà d’être tout ce qu’il est pour les autres (un prêtre), il est devenu un ami à moi. J’aime tellement nos moments de conversations. Je trouve en lui un confident, l’unique homme capable de me pousser à me surpasser. Des fois, il me manque. Même si je n’ose pas l’admettre à haute voix, quelque chose en moi grandit. Un sentiment secret prend forme en moi : je crois que je suis profondément amoureuse de lui.

 

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Les commentaires récents (8)

  1. J’ai fréquenté le lycée de bene Thérèse, honnêtement c’était la même chose tu entendais la voix d’un homme lorsqu’on se rendait à la paroisse seulement ou bien dans la messe de mercredi à La Chapelle naho nyene (un prêtre) 😩 parfois tu demandais la permission d’aller se faire soigner chez soi alors que tu voulais voir ton copain 😅 bref, qu’elles essayent(les sœurs) de faire le lycée mixte