Chaque année, le 8 mars revient comme une vieille rengaine, chantée sans plus vraiment prêter attention aux paroles. Une journée sensée célébrer les luttes pour les droits des femmes, mais qui se transforme en un carnaval hypocrite de pagnes assortis, de discours vides et de fleurs fanées avant même d’avoir été offertes. Le 8 mars qui toque à la porte n’est pas la journée de la femme, mais bien la journée des droits des femmes. Coup de gueule.
Chaque 8 mars, les réseaux sociaux débordent de messages sucrés. « Bonne fête à toutes les femmes ». « Mars, le mois des reines ! ». « Femmes, vous êtes la lumière du monde ! ». Les bars offrent des cocktails gratuits aux femmes ! Les entreprises envoient des mails stéréotypés, parsemés de mots fleuris, offrant petit-déjeuner, sorties et après-midi en tout genre. Et voilà, on est toutes contentes, naïves comme toujours . Ce n’est ni une célébration de notre douceur, de notre gentillesse, ni de notre beauté. Ce n’est ni la Saint-Valentin, ni Noël.
Un seul mois sur douze. Les onze autres ?
En mars, on nous célèbre, en avril, on nous méprise. En mai, on nous fait taire. En juin, on nous harcèle. En juillet, on nous oublie. Et le cycle continue. Et surtout, qu’on ne vienne pas trop se plaindre. Parce que, passé le 8 mars, si on continue à réclamer nos droits, si on ose dénoncer les injustices, on devient des féministes radicales, des emmerdeuses, des femmes à problèmes.
Voilà ce qu’on nous accorde : un espace temporaire pour applaudir nos souffrances, tout en nous demandant de ne pas trop faire de bruit. Il ne suffit pas d’organiser un panel sur “l’autonomisation des femmes” pour masquer la réalité des gorges étranglées dans le silence, des carrières freinées par des plafonds de verre invisibles, des décisions politiques qui continuent de piétiner nos droits.
Qu’avons-nous fait ?
Le 8 mars ne devrait pas être une journée de fête. C’est une journée de mémoire, de colère, d’inventaire. Une journée pour se rappeler que si nous pouvons voter, travailler, ou étudier aujourd’hui, c’est grâce à des milliers de femmes qui se sont battues, souvent au prix de leur vie. Ces leaders silencieux qui ont tracé des routes, ouvert des brèches, posé les bases des droits que nous défendons aujourd’hui. Avant que “femme leader” ne devienne un label à la mode, il y avait déjà des femmes qui se battaient. Pas pour des prix honorifiques, pas pour des likes sur les réseaux sociaux, mais parce qu’elles n’avaient pas d’autre choix que de se battre pour survivre.
On célèbre les pionnières, mais on oublie que, de leur temps, elles étaient traitées de folles, d’hystériques, de traîtresses. Aujourd’hui, elles sont sur des timbres, mais hier, elles étaient en prison, en exil, ou pire, assassinées.
Non, le 8 mars, ce n’est pas une journée pour porter des pagnes et danser en remerciant la société pour nous avoir tolérées une année de plus. Ce n’est pas une parenthèse où on nous jette des fleurs avant de retourner à notre place d’éternelles subalternes.
Mais combien d’autres femmes ont fait avancer l’histoire sans jamais voir leur nom inscrit dans un livre ? Que dire de ces cultivatrices, invisibles aux yeux de l’économie, qui nourrissent le pays chaque jour sans jamais avoir accès à la terre qu’ils cultivent ?
Est-ce cela la reconnaissance des droits des femmes ? C’est ça, la fête ?
Des cadeaux et des claques
On nous encourage à poursuivre nos ambitions professionnelles, mais on nous interroge en entretien d’embauche sur notre capacité à « concilier travail et famille ».
On nous dit d’être fortes, mais pas trop. D’être indépendantes, mais pas arrogantes. D’être cultivées, mais pas trop intelligentes, sinon ça fait peur.
On nous félicite pour notre détermination, mais on nous exclut des postes de responsabilités parce qu’on est ‘’trop émotives’’.
“C’est votre mois, profitez !”. Comme si nous étions des touristes dans notre propre lutte. Comme si la justice se distribuait par tranches, une fois par an, entre deux promotions sur les ustensiles de cuisine.
Et après ?
Nous ne voulons pas d’un mois, nous voulons tous les jours. Nous ne voulons pas de fleurs, nous voulons des lois. Nous ne voulons pas de panels, nous voulons des décisions. On veut des droits. Pas un mois par an. Tous les jours, toute l’année, toute la vie !
🫂🫂🫂🫂🫂🫂 merci
Chapeau à la plume!
Aaaaaaaahhhh, c’est le feu du Saint-Esprit dans cet article et je ne me plains pas. Much love dear Patience, tous les jours les Happies célèbrent les femmes. N’ oublies pas cet enjeu d’envergure culturelle. Médites-y jour et nuit…Les anges vous demandent d’aimer pour être aimées cependant. Les hommes ont besoin de votre couverture culturelle même dans le déni. C’est ça avoir le privilège d’être femme. Akanovera kawe kamuhindura umuntu w’ umwizigirwa. La magie des femmes doit être prêchée aux quatres coins de leur obéissance. Allez, courage mes culturelles.