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4 raisons qui expliquent pourquoi les Burundais ne lisent pas…

Au quotidien, il n’est pas rare de constater que les Burundais ne lisent pas ou très peu, que les habitudes de lecture en famille sont rares, que l’achat de livres n’est pas une priorité chez un grand nombre d’entre eux. Pourquoi ? 4 raisons peuvent expliquer cela, selon notre blogueur.

 Le livre ne fait pas partie de l’environnement quotidien des Burundais en général et pas davantage de celui de jeunes générations. La lecture peut fournir aux jeunes l’information sur leurs droits, sur leurs responsabilités, sur leurs possibilités d’engagement et sur l’importance de leur participation à bâtir un avenir meilleur. La lecture étant associée à l’école, nous tendons malheureusement à oublier le plaisir de lire. La concurrence de la télévision, de l’internet, des jeux vidéo et de la musique est énorme.

1. La lecture, une compétence fondamentale, qui s’acquiert à l’école

Il y a des années que se diffusait sur France 3 un magazine télévisuel français de vulgarisation scientifique destiné aux enfants et présenté par les célèbres journalistes Jamy Gourmaud et Frederic Courant. Ce magazine était intitulé « C’est pas sorcier ». Il était aimé par beaucoup d’enfants y compris ceux qui suivaient la chaine de télévision de la RTNB.

En parlant de la lecture comme un acquis. J’ai envie de répéter moi aussi ce titre que c’est pas sorcier ! On ne nait pas lecteur on le devient. Néanmoins, il est difficile de promouvoir la lecture sans évoquer l’école, le lieu où l’enfant apprend à reconnaître les lettres, puis à les associer en mots, puis à comprendre des textes de plus en plus complexes, puis enrichir son encyclopédie personnelle et à se former comme écrivain en herbe.

2. Le gout de la lecture diminue chez les jeunes générations

La plupart de ceux qui lisent font des lectures d’occasion pour les recherches et pour d’autres travaux scientifiques. Un jour, j’ai demandé à 72 élèves d’une classe de terminale de la section des langues de m’écrire le titre d’un livre que chacun a lu durant les trois dernières années dernières. Seuls deux élèves ont pu me donner un titre. J’ai repris la même expérience avec un groupe d’étudiants. Cette fois-ci la réponse était lapidaire. Ils m’ont répondu : Monsieur, ibisomwa ni vyinshi (les lectures sont de plusieurs sortes, Ndlr). Intrigué, j’ai cherché à savoir de quelles lectures il s’agissait. L’un d’eux m’a répondu, en riant : « Il y a, en premier lieu, les créatures merveilleuses de Dieu (entendez ici les femmes), et en second lieu les boissons… »

Il est donc urgent d’insérer la lecture dans le quotidien des gens surtout des élèves et des étudiants. En effet, la  maîtrise de la lecture dès le plus jeune âge a des effets positifs sur le long terme. Il y a nécessité de créer un environnement familial et un système éducatif favorisant le développement du goût de la lecture, et la mise en place de bibliothèques scolaires et publiques en voie de disparition surtout à l’intérieur du pays.

3. La crise de la lecture n’épargne pas la presse écrite

À l’époque au Burundi, la presse burundaise était représentée par Ubumwe, le Renouveau, Ndongozi, etc. Mais une poignée de Burundais étaient intéressés alors que dans d’autres pays de la région, chaque matin les journaux s’achètent et se lisent par beaucoup de personnes. Certes, ce déclin de la presse écrite est un phénomène international, qui est en partie imputé à l’avènement du numérique et à la concurrence de l’Internet et de la presse électronique. L’usage  des outils numériques est un nouveau mode de lecture, orienté vers des textes courts, ciblés et qui ont un intérêt direct et immédiat pour le lecteur.

Toutefois, la lecture numérique ne remplace pas la lecture traditionnelle sur support papier. En effet, lire sur un support papier induit une meilleure représentation mentale du contenu et une compréhension supérieure par rapport à ce que permet la lecture sur le support numérique. Il s’agit dès lors de trouver un équilibre entre la lecture sur papier et la lecture numérique.

4. L’absence d’une future élite avisée

La lecture constitue un moyen privilégié de formation intellectuelle, de pensée et de réflexion et suggère des possibilités de résoudre les problèmes liés à la maturation et à la réalisation personnelle. Malheureusement, on est en face d’une génération où les habitudes de lecture sont quasi inexistantes et beaucoup n’y voient pas d’intérêt, d’autres la considèrent comme une corvée à la manière des travaux scolaires. Alors comment serait l’élite de demain ?

Pourtant grâce à la lecture, un leader sait trouver du logos approprié à un moment opportun. Certes, les conditions politiques et économiques sont défavorables à la création et au développement d’une industrie du livre et complique davantage les moyens de s’en procurer. La lecture peut par ailleurs susciter des rapprochements entre les jeunes de diverses nations et nous aident à lutter contre l’ignorance qui engendre souvent la méfiance et la haine.

Bref, cette crise demande qu’il y ait une politique publique intégrée et partagée par l’ensemble des acteurs concernés, tout en intégrant les actions de promotion de la lecture afin que les jeunes puissent naviguer dans la mer houleuse et se rendre à bon port tout en étant conscients que le bon avenir se trouve dans les mains d’une génération avisée et décidée.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Il est très difficile de se procurer des livres ici au Burundi selon mon expérience. C’est vrai qu’il y a certaines bibliothèques comme à l’IFB, American Corner, UB où on peut trouver des livres même si des fois ces derniers datent de très longtemps surtout pour les livres à caractère scientifique ou romans ce qui décourage d’une certaine façon. Pour ce qui est d’en acheter, la question c’est où exactement !?Même là où des livres sont disponible ils sont à des prix exorbitants qui découragent une personne d’en acheter par manque de moyens suffisants. Tout cela contribue à décroître l’interêt pour la lecture… alors qu’il n’y a pas agréable voyage, instructif, dans le passé, le présent et le future, que la lecture…