On en parlait dans notre dernier article. L’ouverture que Micombero avait amorcée dans les premières années de son pouvoir sera vite oubliée, signant le début d’un long calvaire qui allait marquer le Burundi. Retour ici sur une date, celle de 1969, qui verra le Burundi confronté à une tentative de coup d’État suivie d’exécutions et condamnations des présumés auteurs.
La première République qu’inaugure Micombero en 1966 est marquée par l’instabilité et le mécontentement. La cause de ce mécontentement, c’est l’ethnisme et le régionalisme qui exacerbent le sentiment d’injustice et de discrimination. Le motif officieux de cette mainmise d’une ethnie sur le reste de la population, écrit Aude Laroque dans son Historiographie et enjeux de mémoires au Burundi, c’est la menace interne présumée, celle des Hutu qui, « ennemis de l’intérieur, sont prêts à renverser le pouvoir. L’image est d’autant plus forte que les Tutsi sont une minorité ».
Comme on peut le lire dans cette thèse, « les théoriciens du pouvoir n’hésiteront pas à se servir de cette nécessité de survie d’une minorité dangereusement exposée à la folie meurtrière de la majorité », ce qui brisera tout espoir de « réconciliation » nationale. Dès la même année, les milieux ecclésiastiques en majorité dénonceront la dérive du régime. Au plus de près de la population, ce sont des prêtres qui constateront les mécontentements et les peurs qui s’immiscent dans la société.
Cependant, ce sera sans effet, face à un Micombero « aveugle, sourd et muet à l’inquiétude que provoque la tournure autoritaire de sa présidence ». L’allègement qui avait commencé à faire son bonhomme de chemin, cède la place à un nouveau durcissement et marque le retour aux affaires des autorités non-consensuelles qui étaient à un moment passé par la case prison.
1969, coup d’État manqué et exécutions
Pour en finir avec le régime Micombero et son cercle, une poignée de militaires et de civils hutus envisagent de déposer les institutions. Comme l’écrit Marc Manirakiza, en septembre 1969, des réunions se succèdent chez les personnalités politiques hutu de l’époque. Des personnalités dont le groupe sera soupçonné d’être derrière une explosion survenue au camp militaire de Muha. Une explosion qui avait détruit un important stock d’armes en mars 1969. Derrière le coup, c’est toujours Manirakiza qui l’écrit, se trouveraient aussi des militaires hutu de Ngozi qui seront rapidement arrêtés.
La suite, ce sont plusieurs personnalités dont le chef civil Kanyaruguru et les chefs militaires, un certain Karorero et Katariho, qui seront rapidement passés sous armes. D’autres seront condamnés ou acquittés. Ces exécutions et condamnations feront réagir les étudiants burundais hutu vivant en Belgique. Dans leur manifeste, ils dénonceront un régime dont les seules préoccupations sont l’exploitation, l’aliénation, l’oppression et l’asservissement.
Vous l’aurez donc compris, 1969, c’est une autre année noire dans l’histoire de notre pays. Et elle n’est pas la seule à avoir marqué le régime de Micombero. Car, comme on le verra prochainement, 1971 et 1972 sont aussi chargées en évènements douloureux. On y reviendra.
Il y a des erreurs dans le texte. L’explosion d’une partie du dépôt de munitions du nouveau camp Base situé en face de Mpimba
(et pas au camp Muha ) n’a pas eu lieu en mars 1969 mais dans la nuit du 2 au 3 juillet 1968 après les célébrations de la fête de l’indépendance qui avaient duré deux jours. L’explosion était si forte que des vitres au centre ville ont été brisées mais chose étonnante elle n’a pas fait de victimes. Des militaires venus de Gitega pour le défilé étaient logés dans ce camp. Huit coopérants militaires belges dont le colonel Verwayen (ancien Chef d’État-major) ont été expulsés suite à l’explosion. Un des coopérants avait été blessé par balles par les gardes du camp juste avant l’explosion et manquait à l’appel du jour suivant. Aucun Burundais à ma connaissance n’a été sanctionné dans cette affaire. On mélange deux affaires différentes.
Les personnes condamnées en 1969 faisaient partie du système puisqu’ils étaient ministres(Kanyaruguru, Henehene, Ndoreraho) ou hauts fonctionnaires(Kabura) et officiers(Karorero, Katariho, Mbanje, Niyonkuru).
Si l’année 1969 a fini dans la tristesse, elle n’a pas atteint l’horreur de 1965 et 1972 avec leurs milliers de morts.
PS. Cette idée que Ndayahoze a trahi ce groupe de 1969 par rivalité avec Kanyaruguru était très répandue à l’époque et était plausible. Ndoreraho et Kabura avaient été graciés à la dernière minute. L’Ambassadeur de Belgique, le Colonel (ou Général-Major) Henniquiau a été expulsé en 1969 accusé d’être impliqué dans cette affaire.
iyo nkiru ni nziza .
L’article s’annonçait palpitant et il a bien commencé mais, soudain, on a arrêté l’histoire a 1972 cad il ya 48 ans… Comment justifier le titre au présent d’une descente aux enfers qui continue ???