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Kamenge, un petit Las Vegas au cœur de Bujumbura ?

Si certains gardent de Kamenge l’image d’un quartier malfamé, où l’insécurité règne en maître, un bidonville survivant grâce à des trafics aussi florissants qu’illégaux, ils ont tout faux. Comme un sphinx renaissant de ses cendres après la terrible période de guerre civile qui a failli lui porter un coup fatal, Kamenge fait peau neuve. Un samedi soir, un noctambule y a passé une soirée.

Kamenge, ce quartier de bandits où l’on arrache les téléphones portables aux passants, Kamenge la capitale du cannabis, Kamenge où les femmes de petite vertu vont et viennent sur les trottoirs des rues ! Désolé, si vous avez encore en tête ces clichés, vous devez changer de disque. Ce quartier du nord de la capitale économique vit comme les autres quartiers de la ville, c’est-à-dire avec ses bons et ses mauvais côtés. Tout n’est jamais noir ou blanc, même Kinindo a ses coins où il ne fait pas bon s’aventurer.

Cela dit, c’est avec une petite appréhension que j’y débarque un samedi soir. Le but de la visite ? Me faire une idée de ce qu’est devenu Kamenge. C’est devenu un quartier plutôt bien quadrillé. Et pour cause, plusieurs cadres de l’État, ainsi que des officiers de l’armée et de la police, y ont élu domicile. Ce n’est plus le quartier des petits pickpockets ou des caïds qui commettent des larcins ici et là.

Ils ont su investir

Ma petite virée nocturne commence par Kumutwenzi. Ma première impression est que l’endroit est bien gardé. Lorsque je gare ma voiture, je demande à un agent de sécurité si on ne va pas me voler un rétroviseur ou un pneu. Il me rit au nez et me montre des Jeep rutilantes, les unes plus chères que les autres. « Ne vous en faites pas, allez vous amuser », répond le gaillard costaud en ricanant. Ça fait toujours un effet d’entrer à Kumutwenzi, un vrai temple de Bacchus tel que je les aime. Très spacieux, très aéré, on s’y sent bien. La dernière fois que j’y suis passé, un de ces types qui se prennent pour Michael Jackson s’époumonait sur scène, devant des jeunes éméchés qui se trémoussaient comme des diables. Ce samedi, la scène était désespérément vide, mais la bière coulait à flots. Même le petit Bechou ou l’ancienne Amstel « grande », il y en avait à gogo.

J’ai le temps de constater que le gars qui a investi dans ce projet voyait grand. Deux bières plus tard, je tente d’explorer le carré VIP. Je monte des escaliers métalliques et j’atterris dans un endroit calme, avec une musique très douce. La moquette épaisse qui couvre le sol étouffe les pas des gens qui vont et viennent. Je suis surpris du fait que le prix des boissons au carré VIP est le même que dans le reste du bar. Ailleurs, c’est souvent différent. Kumutwenzi est grand, mais ce n’est pas le seul endroit à visiter.

Guéra, l’autre temple de Bacchus en vogue

Deux heures après mon arrivée, je décide donc de quitter Kumutwenzi pour aller redécouvrir Guéra, situé à la 5e avenue. Nous sommes aux alentours de 23h, mais l’endroit est plein à craquer. Impossible de trouver une table libre. Il faut partager la table avec des inconnus, mais bon, entre buveurs, le courant passe vite. Celui qui connaît le Guéra d’il y a 10 ans ne le reconnaîtrait jamais maintenant. C’était un bar populaire, pas très propre, où des baffles géants vomissaient des décibels aux dépens des tympans. Actuellement, tout a changé. Guéra a été réaménagé et modernisé de fond en comble. La sécurité est assurée. Plus personne ne vous subtilise votre porte-monnaie à l’intérieur comme à l’extérieur. Guéra n’est pas loin d’Iwabowabasigaye, qui a perdu de sa superbe. Mais le promoteur de ce dernier, feu le Général Adolphe Nshimirimana, a été l’un des précurseurs du développement de Kamenge avec le lancement d’Iwabowabantu et Iwabowabasigaye.

Kamenge n’est pas que des bars

Les infrastructures modernes de Kamenge ne se limitent pas aux bars. Quand le marché de Kamenge a brûlé, un autre, plus moderne et mieux organisé, est né de ses cendres. À côté de ce marché rénové, un autre centre commercial privé a vu le jour. Kamenge, c’est aussi plusieurs Alimentations, pharmacies et autres commerces tout le long du boulevard Mwambutsa qui le traverse. Sur ce boulevard, il y a même un bar avec piscine. J’ai aussi fait un petit tour à Mirango. Les rues sont pavées et bien praticables. Plusieurs bars où l’on peut déguster le succulent Akabanzi restent ouverts tard dans la nuit. Bref, quand on traverse Kamenge, on sent la vie. Et même quand la santé ne va pas bien, il y a des infrastructures sanitaires pour y remédier. À côté de Roi Khaled et du CNPK, il y a l’Hôpital populaire de Kamenge. À Kavumu, Teza ou Heha, de belles maisons poussent comme des champignons. Kamenge fait véritablement peau neuve.

 

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