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Variole du singe: parole de patients !

La variole simienne (autrement appelé variole du singe ou encore Monkeypox) est une maladie infectieuse provoquée par l’orthopoxvirus simien transmis par les animaux infectés. Alors qu’une épidémie de la maladie sévit en RDC voisine, des cas positifs au virus ont également été signalés au Burundi.

Bujumbura, dans l’un des hôpitaux de Bujumbura où des cas positifs de variole du singe ont été déclarés. C’est la panique générale. Aux urgences, une patiente suspectée d’être atteinte par la maladie est mise en isolement. Pour l’approcher, les médecins enfilent des équipements de protection. Une équipe envoyée par l’OMS est présente sur les lieux. Des agents de santé portant des uniformes estampillées INSP (Institut National de Santé Publique) traînent des échantillonneurs pour la collecte des prélèvements.

De l’angoisse face à l’inconnu

Dans la foulée, un autre cas suspect est signalé du côté des services pédiatriques. Il s’agit d’une fillette de 10 ans. Pour toute mesure de sécurité, je porte un masque et je suis avertie de me distancier des malades ou des membres de leur famille. Un ami qui preste dans cet hôpital m’introduit à la maman de la patiente. La tristesse et la peur se lisent dans ses yeux. « Umwana wanje mbona badashaka kumwegera ngo bamuvure. Agira apfe none ? » (Ils ne veulent pas s’approcher de mon enfant pour lui procurer des soins. Est-elle sur le point de mourir ?), parvient-elle à articuler les yeux humides. Je la rassure du mieux que je peux mais elle reste submergée par les émotions que je me résous de l’interroger plus tard.

Guidée par un médecin, je parviens à approcher l’enfant malade tout en maintenant une certaine distance entre nous. C’est sous perfusion qu’elle dort profondément. Je peux apercevoir de petites plaques cutanées sur sa peau. Son frère dit qu’elle revenait des vacances à Kamenge quand elle a présenté les premiers signes à savoir une fièvre et des frissons. Au centre de santé, l’on a émis l’hypothèse d’un paludisme et l’enfant a été mis sous traitement. Quelques jours plus tard, des éruptions cutanées sont apparues. D’abord isolées, elles n’ont pas tardé à recouvrir tout le corps. 

Je me tourne vers la maman, elle est plus détendue cette fois-ci. Elle ne pense pas que son enfant souffre de variole. « Ces plaques cutanées sont peut-être dues aux vaccins qu’elle n’a pas reçu quand elle était enfant car je suis tombée dans le coma six mois après sa naissance. Vivement que les médecins arrivent pour en savoir plus et traiter mon enfant», espère-t-elle.

Des boutons et encore des boutons

Avant de quitter l’hôpital, je retourne auprès de la première patiente. Cette fois-ci, elle a été transférée dans une chambre plus accessible. Pamela (pseudonyme), la trentaine, est étendue sur son lit lorsqu’elle m’invite à entrer. Son garde malade se trouve à l’autre bout de la pièce. Après avoir échangé des amabilités et une brève présentation, j’entame ma série de questions. Chez elle, les lésions ne ressemblent guère à celles de la petite fille. Les boutons sont plus gros et sont prédominants sur les bras et sur les mains. La symptomatologie correspond aux images de la variole du singe que j’avais visionnées sur internet. « Les boutons sont plus concentrés et plus volumineux sur mes cuisses et au niveau des parties intimes», confie-t-elle. « Cette maladie a commencé il y a deux semaines par des ganglions au niveau inguinal. Ensuite, des boutons sont apparus progressivement. J’ai consulté beaucoup de médecins. C’est l’un d’eux qui m’a transférée dans cet hôpital puisqu’il suspectait la variole», fait-elle savoir. Elle ajoute que les médecins viennent de faire un autre prélèvement pour confirmer la maladie. Aurait-elle effectué un séjour en RDC où la maladie sévit depuis quelques mois ? Pamela me répond que non.

Quant à Juma (pseudonyme), il est hospitalisé dans un autre hôpital de référence du Nord de Bujumbura. « J’étais à Gitega quand je suis tombé malade. J’ai d’abord été traité par des antipaludéens. Ensuite, des éruptions cutanées sont apparues en faveur de la rougeole. Mais ces éruptions ont vite augmenté de volume sans céder au traitement. Les médecins m’ont donc transféré ici », raconte-t-il. « Pendant le trajet, les gens me dévisageaient fortement si bien que j’ai dû me couvrir presque tout le corps. Je suis arrivé à l’hôpital dimanche passé. Craignant la variole, les médecins ne m’ont examiné que le lendemain. Après des analyses, ils m’ont confirmé que j’avais attrapé la maladie», poursuit-il. Ses proches confirment ses dires. Ils ne présentent aucun symptôme.

Comme un air de déjà vu

« La variole du singe est une maladie très contagieuse qui peut entraîner des complications graves, voire le décès, si elle n’est pas traitée rapidement», explique le Dr Edison Niganze.

D’après lui, il faut s’alarmer devant des éruptions cutanées, une fièvre, une fatigue, des maux de gorge ou un écoulement nasal. Même si cette liste n’est pas exhaustive, le médecin recommande d’éviter le contact étroit avec les cas suspects.

Dr Niganze insiste sur les mesures d’hygiène: « Il faut pratiquer un lavage régulier des mains, disponibiliser les désinfectants, éviter le contact des mains et pratiquer la distanciation». Seulement quatre ans après la déclaration du premier cas de Covid-19 au Burundi, ces gestes barrières donnent comme un air de déjà vu.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. C’est effrayant de voir à quel point ces situations rappellent les débuts du Covid-19. Je suis d’accord avec le Dr Niganze : nous devons redoubler d’efforts en matière d’hygiène et de prévention pour éviter la propagation. Toutefois, l’accès à une information claire et un soutien psychologique pour les familles devraient être prioritaires. L’épidémie évolue de manière fulgurante en Côte d’Ivoire : https://www.ivoireland.com/11146/epidemie-variole-singe-progresse-maniere