C’était l’une des principales craintes lors de l’introduction du prêt-bourse à l’Université du Burundi, la privatisation progressive de la seule université nationale. S’y achemine-t-on? Des signes avant-coureurs commencent à se manifester.
S’il y a un cas bien représentatif de la situation que je vais vous décrire, c’est bien le campus de Zege, situé à Gitega. Au cœur de la capitale politique, celui qui abrite la Faculté d’Agronomie et de Bio-Ingénierie (FABI) accueille entre 700 et 800 étudiants. Il a vu des choses changer petit à petit depuis l’introduction du prêt-bourse. Accordé à rythme de 180 000 Fbu le trimestre, il vient comme une bouée de sauvetage pour ces étudiants qui font une gymnastique énorme pour joindre les deux bouts du mois. Mais entre espoir et retard d’octroi de ce prêt-bouse, quelque chose d’autre est venu torpiller la ferveur.
Un campus-dortoir
« Toute personne désirant loger et être nourri au campus devra payer 50 000 francs par mois, et 7000 s’il veut juste le logement ». Avec un prêt-bourse de 60 000 francs le mois, payer 50 000 francs en plus de 2500 pour tenue de compte à la poste, 3000 pour mutuelle et 1500 de la transaction lors du retrait, parait impossible pour bon nombre d’étudiants. « Nous préférons payer le logement et laisser de côté la restauration », raconte A.N. étudiant à Zege. « Nous allons chercher de la nourriture dans des restaurants à coté où nous nous organisons en groupe et nous préparons nous-mêmes ce que nous allons manger », complète D.M.
En cherchant/préparant eux-mêmes la nourriture, ils peuvent épargner un tout petit peu pour le syllabus et autres besoins. Mais cela fait aussi que jusqu’en octobre dernier, seuls douze étudiants étaient nourris au campus contre plusieurs centaines d’étudiants. « Ils l’ont fait sciemment en demandant beaucoup d’argent pour qu’on ne puisse pas y accéder et fermer petit à petit le restaurant », soupçonne T.K., un autre étudiant.
Et ce n’est pas tout. Même s’ils mangent en dehors du campus, la majorité loge à l’intérieur. « On nous a dit qu’actuellement, personne d’autre ne pourra payer uniquement le logement pour être hébergé au campus ». D’ailleurs, il y a un peu plus de trois semaines, un cadre du service social aurait lâché aux représentants des étudiants « on va progressivement supprimer cela, il n’est plus possible de demander ni hébergement ni restauration ».
Explications
« Il n’y a aucun souci », tranche le Directeur des Affaires Sociales à l’Université du Burundi. Melchior Nankwahomba rappelle que tout cela est prévu par la loi. Et de citer l’article 19 de l’Ordonnance ministérielle conjointe no 610.540/360/2013 du 22 mars 2018 portant conditions et modalités d’octroi, de retrait, de reconduction et de remboursement du prêt-bourse qui stipule que « les frais de subsistance (comprenez prêt-bourse) incluent la restauration, le transport, l’hébergement et autres soins ».
Pour lui donc, avec le prêt-bourse, plus besoin d’être logé ou nourri au campus. D’ailleurs, rappelle-t-il, « les nouveaux campus de Buhumuza et de Nyamugerera n’en ont pas. Les étudiants reçoivent le prêt-bourse, puis le loyer et la restauration sont à leur propre charge ». Ce qui laisse penser qu’on s’acheminerait vers la même situation pour d’autres campus, et que les facilités encore existantes ne sont que transitoires.
Et pourtant…
S’il est vrai qu’en principe l’étudiant et/ou sa famille doivent être responsables de la formation, cela est encore difficile dans notre pays. Avec un PIB par habitant de 300 USD et près de 70% de la population vivant sous le seuil de la pauvreté, payer les frais universitaires privés est un luxe qu’une grande partie de la population n’est pas en mesure de s’offrir. Si les services de l’université publique, le seul ascenseur social pour nombre d’entre eux, passe dans le privé, cela risque de priver une grande partie de la population de ce droit fondamental qu’est l’éducation.
En plus, pour un pays qui compte sur sa « jeunesse intellectuelle » pour se développer, il faut qu’il investisse plus dans l’enseignement supérieur. Parce que si le taux d’alphabétisation est des plus élevés au Burundi, l’innovation et la recherche qui sont deux des principaux clés de la croissance du pays ne seront possibles que si le pays a des jeunes universitaires bien formés et avec un équipement à même de favoriser l’éclosion d’un sursaut d’innovation. Et l’aide pour l’accessibilité financière est le prix à payer pour cette cause.
Au sécours, au sécours!
On entend souvent encouragé les jeunes à innover; est-il possible sans un bagage intellectuel théorique que pratique suffisant?
D’autre part, on entend parlé aux jeunes de changer leurs mentalité; est-il primordial de changer la mentalité aux jeunes qu’à leurs supérieurs?
L’éducation solide est la base de tout développement.
C’est domage pour un poillisme d’aujourd’hui mais quoi qu’il en soit l’étudiant n’aura pas honte dans son statut vyosisime
Umwana ahetswe neza asohora amaboko!!
Ils ont parvenus à étudier grâce à cette bourse mais aujourd’hui ils s’efforcent à la supprimer à tout prix et de l’autre côté l’adage rundi dispose : «
SABOKWIGURA
Qui s’y frotte s’y pique. Il ya un certain nombre d’étudiants Qui ont contribué à cet événement !!!
too sad
leta yari ikwiye kuraba iki kibazo ikagitorera umuti. nk’uko bavuga, hakora mu nda !
Voilà l’éducation nationale marche en déclechendon!
Leur rêve n’est pas de développer le pays mais de diriger et devenir riche. Depuis 2005, on ne fait que détruire la seule Université du Burundi. Quand on visite cette dite université nationale, on se demande s’il s’agit d’une étable pour les troupeaux de porcs ou s’il s’agit de Rumuri qui signifie la lumière. La disolidarité des étudiants, le manque de la représentation digne, la politisation de l’université, son éthnisation,… sont les causes de l’échec du développement de notre cher parent Université du Burundi.Travaillons ensemble pour le Burundi meilleur de demain car les pasteurs d’aujourd’hui ne travaillent que pour leurs poches.
@Nimubona Alexis
Moi je n’ai pas frequente l’Universite du Burundi (mais en 2006, j’ai pu visiter l’un de ses campus a Bujumbura).
Moi je voudrais savoir quelle est cette politisation et quelle est cette ethnisation qui pourraient avoir cause aujourd’hui la suppression de la restauration a l’universite.
Tout etudiant va souffrir, peu importe son parti politique ou son ethnie.
J’aime trop l’université.