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L’univers politique : un monde encore hostile à la femme

Entrée dans la sphère politique un peu tard, la femme burundaise peine à se faire une place dans ce monde jugé masculin. Et si les futurs dirigeants changeaient la donne ?

Le début de la participation politique de la femme au Burundi est formellement marqué par sa première participation au vote en 1961. Les premières élections communales sont organisées au Burundi en 1960 et seules les personnes de sexe masculin participent au scrutin, les femmes ne commencent à voter qu’une  année plus tard.

La femme n’entre pour la première fois dans une institution politique qu’en 1965 avec les deuxièmes élections législatives à l’issue desquelles une seule femme accède à l’Assemblée Nationale.

Dans le gouvernement, la première entrée féminine est marquée par madame Pascasie Minani en 1982. Depuis lors, on n’y a jamais vu plus de 2 femmes avant 2005. Avec le recours au quota (2005), la représentation féminine dans le gouvernement s’est améliorée. Mais le climat est-il propice à la femme burundaise pour faire la politique ? 

Subalterne pour toujours ?

Certes l’instauration du quota a favorisé l’implication davantage de la femme dans la politique mais cette dernière fait face au quotidien, à des défis liés à sa féminité. Par leurs propos et décisions machistes, beaucoup d’hommes renvoient toujours la femme aux fourneaux. « C’est affligeant d’entendre de la bouche d’un collègue, que la politique n’est pas une affaire de femmes. Qu’il faut laisser les choses sérieuses aux hommes pour qu’on s’occupe des tâches ménagères », me révèle avec gêne une femme politique. Cette femme qui est dans ce milieu depuis bientôt 20 ans, se désole du fait que certaines décisions les discriminent simplement parce qu’elles sont femmes. Elle confie que le soft machisme qui règne dans le monde politique est l’un des freins au développement. « Quand il s’agit de recueillir les opinions, les notre sont traitées au second degré. Nos collègues mâles peinent à dissocier la vie professionnelle et la vie privée ». Quand il y a des missions qui doivent être faites à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, des femmes viennent en seconde position sur la liste. Les hommes semblent s’apitoyer sur sa famille et prennent des décisions pour elle sans elle. « Elle a des enfants et une famille à garder, deux semaines à l’extérieur du pays, ce sera trop pour elle ».

Cette femme dénonce des harcèlements verbaux pour faire taire la femme devant des décisions sérieuses. La plupart des femmes préféreraient ne pas s’exprimer de peur d’être traitées de « Umugore w’ingare ». 

La femme dans les postes à nomination

Il n’y a pas de disposition dans la loi burundaise pour garantir la participation des femmes dans les postes de décision auquel on accède par nomination, sauf pour le Gouvernement.  Selon une étude du PNUD, les femmes sont faiblement représentées aux plus hauts niveaux décisionnels. Elles occupent moins de 20 % des 326 postes de hauts fonctionnaires au sein de l’administration centrale et des entreprises publiques (ministres, chefs de cabinets, directeurs généraux, chefs de département et ambassadeurs). 

Pour l’ensemble des ministères, le taux de représentativité de la femme n’est que de 18,47 %. Un rapport de l’AFRABU abonde dans le même sens en montrant la place secondaire de la femme dans les partis politiques et par conséquent sur les listes de nomination. « On constate que la deuxième femme sur la liste électorale apparaît rarement en deuxième position mais très souvent en cinquième voire même en dernière position ».

Cela influe sur la vie du pays dans tous les secteurs car les fonctions décisionnelles sont généralement la chasse gardée des hommes. Et la question est de savoir si dans pareilles conditions, les questions qui hantent la femme  burundaise sont mises sur la table. 

Dear future leaders

Le 20 mai, les électeurs vont se réveiller tôt le matin pour faire la queue afin d’accomplir leur devoir civique. J’ai un message aux heureux élus :

Souvenez-vous que plus de la moitié de votre électorat sont des femmes. Un adage rundi le dit bien,  » inda woyibarirwa n’uwayirayeko » et un dicton français souligne, « ce que tu fais sans moi est contre moi ». Impliquez davantage les femmes dans la prise de décision. Elles savent mieux que quiconque ce que plus de la moitié de la population vit en tant que femmes. Veillez à l’élaboration des listes électorales zébrées respectant la parité genre. Evitez aka mwana wamama, mettez sur la liste ces femmes intelligentes et capables, il y en a. 

Ne les mettez pas dans vos instances comme des fleurs qui ornent le gouvernement jadis fait par les hommes seulement par parité mais laissez-les donner leurs idées sans toutefois les juger à cause ou grâce à leur féminité. Veillez à l’épanouissement de toutes les femmes, surtout celles en politiques. Les temps sont révolus, la place de la femme n’est plus seulement aux fourneaux. Laissez-les travailler en toute sécurité.

Éradiquez le langage sexiste de votre vocabulaire, et sensibilisez la population à suivre vos exemples. Et quand il y aura le respect de la femme depuis les plus hautes institutions, les autres pourront suivre. D’ailleurs, ne dit-on pas que « Umwera uva i bukuru ugakwira hose » ?

 

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Les commentaires récents (2)

  1. *Impliquez davantage les femmes dans la prise de décision. Veillez à l’élaboration des listes électorales zébrées respectant la parité genre.* Si on fait ceci, ça ne serait plus un vote basé sur le mérite. Pourquoi pas sensibiliser les femmes à se faire élire et faire entendre leur voix. Pourquoi voulez vous le pouvoir qui vous est octroyé par d’autres personnes. Prends un exemple sur l’Europe. On t’élit parce que l’on voit ton potentiel et non pas parce que tu es une femme. Je suis pour la participation des femmes dans tous les domaines de l’Etat mais parce qu’elles le méritent. De même, je voudrais dire sur le fait que dans l’administration, le fait de donner cette poste a quelqu’un parce qu’il vient de cette ethnie est un insulte pour le pays. why should we choose someone incompetent just because he belongs to this ethnic group while there is another person more competent than him/her. What I wanted to say is that women should compete with men in all those positions and as you said it won’t be always men who will win because we know many women who are capable. Other than that, you are right. Something has to change