Un constat : au Burundi, les toilettes ne sont malheureusement pas en nombre suffisant. Rien qu’au centre-ville de Bujumbura, les latrines publiques se comptent sur les doigts de la main. Comment les lieux d’aisance peuvent-ils se transformer en enjeu de santé publique ? Ce problème est d’une telle importance qu’une journée mondiale y a été consacrée, en l’occurrence, célébrée le 19 novembre. Et à ce sujet, le Burundi a encore du chemin à faire, pense cette blogueuse.
Lorsque je parcours la liste des journées mondiales et internationales et que je tombe sur celle des toilettes, je souris de dépit en me rappelant les latrines des Burundais en général. Qu’elles soient payantes ou qu’elles se trouvant dans des endroits publics comme les lieux de culte, les écoles, etc., qu’elles soient à siège ou rudimentaires, j’ai l’impression que nos lieux d’aisance manquent toujours de quelque chose : soit le savon, soit le papier hygiénique, ou encore la chasse d’eau.
En plus de ces défauts, le nombre de toilettes publiques est très faible, sans compter que leur propreté n’est pas toujours assurée. J’ai demandé à une amie qui travaille comme chauffeur chez Wasili comment elle se débrouille avec les envies pressantes pendant ses heures de travail. Elle m’a répondu : « C’est toujours un casse-tête pour pouvoir se soulager, car il faut se trouver à proximité de maisons ou de bureaux où l’on connaît des gens. Sinon, il y a l’alternative des toilettes publiques, mais personnellement, je ne l’envisage pas, car ces endroits sont souvent mal entretenus. »
Quid des personnes souffrant de handicap ?
Dans une certaine université située à Mutanga-Nord, l’usage du savon semble être un luxe que l’on ne veut pas se permettre. Curieusement, il y a toujours du papier hygiénique. Les toilettes sont à siège, mais l’eau n’est pas souvent au rendez-vous. Si bien qu’il faut se servir de l’eau conservée dans un réservoir, si par chance ce dernier est rempli.
À un lieu de culte tout près, j’ai trouvé des excréments à plus de trois reprises. Apparemment certains ne se gênent pas. Le savon aussi manquait à l’appel. Toutefois, l’eau était disponible. Ce qui m’étonne, c’est la propreté des autres infrastructures : les chapelles, les jardins, les parkings, les bancs. Tout est impeccable, sauf les toilettes.
Plus triste encore. Les personnes qui vivent avec un handicap sont souvent laissées pour compte lors de la construction des sanitaires. Or, elles ont également besoin de se soulager, ce qui est rendu encore plus compliqué par leur condition. A l’ère du développement inclusif, il devrait y avoir des latrines adaptées aux personnes à mobilité réduite.
À qui la faute ?
La question a lieu de se poser. Est-ce qu’elle revient aux usagers qui abîment ces infrastructures ou aux propriétaires, qu’ils soient particuliers ou publics, qui ne les entretiennent pas ? Je me demande pourquoi cette négligence. Les toilettes, souvent écartées du reste des bâtiments, sont peut-être ainsi reléguées au second plan.
Mais peu importe l’aspect éloigné du lieu, un coup de serpillère n’est jamais de trop pour rendre l’endroit plus attrayant. Et ce n’est pas qu’une question d’esthétique, car l’insalubrité entraîne la prolifération des maladies dues aux mains sales.
Bref, la situation des toilettes au Burundi n’est pas à vanter. Mais il est toujours possible de rectifier le tir en multipliant des toilettes publiques bien entretenues, tout en veillant à ajouter un espace adapté aux personnes à mobilité réduite. Ensuite, il faudra veiller à maintenir tout cela propre et en bon état.