Éclipsée par l’« octobre rose », mois dédié à la lutte contre le cancer du sein, la journée internationale des personnes âgées, célébrée le 1er octobre, est passée sous silence, malgré les souffrances et les épreuves que nos aînés endurent.
C’est avec un sac à dos à la main et un casque délavé et usé sur la tête qu’Elie, septuagénaire fonctionnaire en retraite, se rend au centre-ville de Bujumbura. Il vit dans les zones périphériques de la commune Muha, un quartier devenu trop cher depuis quelques années.
Comme d’habitude, au début de chaque mois, raconte-t-il, il a une liste de personnes travaillant dans les ministères, les entreprises publiques et d’autres organisations à qui il rend visite pour quémander un peu d’argent : « Mes voisins, qui mènent une vie confortable, ne le savent sûrement pas, mais je vis une vie de mendicité déguisée. », confie, gêné, le vieil homme.
La fin dans la précarité pour beaucoup
Si les statistiques ne sont pas disponibles, l’augmentation du nombre de personnes âgées est devenue inéluctable. Leur situation, frôlant la précarité, est tout autant préoccupante pour beaucoup d’entre elles. Même si, pour l’instant, les Burundais sont toujours attachés à la famille et que, pour une minorité de ces personnes âgées, une vie de repos leur est encore permise, il en va autrement pour d’autres.
Pour certaines personnes âgées, la situation est plus rude. Les jours sont difficiles : « J’ai épargné toute ma vie le moindre sou, je me privais de tout pour mes enfants, j’en ai cinq… cinq garçons. », raconte Elie, le regard sombre, avant de se muer dans le silence.
Aujourd’hui, ses enfants ont fondé des foyers. Eux aussi sont tenaillés par la précarité, souligne Elie. Ce vieux ne sait pas comment ses fils se débrouillent pour joindre les deux bouts du mois. Chaque mois, chacun lui envoie un billet de 10 mille, juste de quoi acheter une bière.
La nostalgie de la vie passée
Et voilà, enchaîne Elie*, « je suis obligé de mendier auprès de mes connaissances, de mes anciens collègues et amis pour me nourrir. « Et puis, ça me permet de parler avec les gens ; au moins, je ne suis pas seul, je discute, je plaisante… », dit-il dans un éclat de rire comme pour dédramatiser sa situation. Sa maison, explique-t-il, c’est tout ce qu’il lui reste de sa vie passée avec sa défunte épouse, Léonie. Une nostalgie des beaux jours, d’une vie faite de sacrifices pour le bonheur de sa petite famille où il vivait presque insouciant. Une époque révolue à présent. « Je n’aurais jamais imaginé finir seul, inoccupé et lâché par tous, et même par les miens. »
Dans certaines familles, faute de moyens, les personnes âgées ne bénéficient d’aucun traitement de faveur. Leur âge avancé, leurs maladies chroniques, leur vulnérabilité ne suscitent plus de pitié. C’est ainsi que certains sont simplement devenus des fardeaux pour la famille dont ils étaient le pilier auparavant. Ils représentent désormais une charge financière trop lourde.
Jeanette*, vieille balayeuse de rue, se bat pour survivre
Malgré son âge bien avancé, Jeanette est balayeuse de rue. Ses habits sont couverts de poussière, sa peau est marquée par les nombreuses années d’une vie qui ne lui a pas été douce, son dos est fort courbé et son regard vitreux, semble perdu quelque part au lointain. Janette se dit pourtant chanceuse : « Je perçois un peu d’argent pour entretenir mon mari malade. », même si, reconnaît-elle, contrairement aux autres employés qui, eux, bénéficient de la protection sociale, les balayeurs de rue, vu qu’ils sont journaliers, sont abandonnées à leur triste sort.
En effet, les personnes âgées au Burundi ne bénéficient pas, pour la majorité écrasante d’entre elles, de retraite. Et pour cause, elles travaillaient pour elles-mêmes et éventuellement pour des tierces personnes. Elles n’ont donc pas travaillé ni dans le secteur public, ni dans le secteur privé formel.
Ils sont ainsi des milliers à évoluer dans l’informel, comme Janette, qui a travaillé et continue de suer pour s’assurer de quoi vivre. Lucide sur son sort, n’ayant pas d’autres sources de revenu, elle est contrainte de trimer même à son âge avancé. « Je travaillerai tant que j’en aurai la force. J’ai un être cher maladif à la maison qui a besoin de moi. »
Quel avenir pour nos aînés ?
Entre la précarité financière, la santé fragile, la solitude, la dépendance aux siens, le manque d’activités, les personnes âgées souffrent d’un mal de vivre qui les consume à petit feu.
En attendant une vraie politique pour nos ainés de la part du gouvernement qui peine à trouver des solutions pour tous les retraités, en attendant aussi les résultats du recensement de 2024 qui apporteront des éclairages sur l’évolution des personnes âges, en attendant la prise de conscience de notre société…nos aînés souffrent. Nous n’en parlons pas, car elles souffrent en silence. Elles n’existent plus.
On devait créer une caisse pour nos anciens
Elle pourrait être alimentée par tout un chacun et d’une façon ou d’une autre.
Nos anciens représentent d’où on vient …et à mon humble avis la diaspora à un rôle à jouer là dedans…le comment je laisse aux plus intelligents de trouver