Le 8 mars de chaque année, on célèbre la journée internationale des droits de la femme. Cette journée nous rappelle combien les femmes se sont battues à travers les siècles afin de bénéficier des droits qui les protègent et les valorisent. Mais le mal n’a jamais été complétement éradiquer. Il se niche dans le système patriarcal que honnit cette blogueuse. A travers ce billet, un brin rêveur, elle nous parle de ses espoirs et ses déceptions dans un style originale qui s’apparente à la fiction mais qui n’en est pas une finalement.
Je baigne dans le ventre de maman. J’ignore si elle accueillera mon sexe féminin avec choc ou fierté. J’ignore si maman aurait espéré secrètement mettre au monde un garçon, symbole d’honneur et de protection dans la famille. (Mal)heureusement, je suis une fille. A la naissance, la société me colle déjà des rôles féminins : « Elle devra bien tenir la maison, elle devra être soumise, etc. ». Mes tentatives de révoltes seront réprimandées, ma prise de parole sera rejetée et mon désir d’envol ne sera pas considéré.
En dépit de cela j’évolue. Je fais des études primaires et secondaires. C’est pendant cette période de formation que je développe des talents. La société n’en revient pas. Presque tous les grands génies, influenceurs, artistes, ingénieurs et j’en passe étaient des hommes. Les gens ne comprennent pas comment une femme peut être intelligente et talentueuse aussi. Je dois travailler encore plus pour leur prouver qu’ils ne se trompent pas à mon sujet. Je suis bel et bien une femme.
Être une fille dans une société patriarcale
A l’adolescence, je commence à rêver grand. « Je serai une grande scientifique comme Marie Curie, une influenceuse comme Oprah Winfrey, une artiste comme Whitney Houston, etc. », dis-je tous les jours. Pourtant, à l’approche des études universitaires, je choisis la section Sciences et décide d’entamer de longues études. La sentence de la société ne tarde pas : « Le mariage, les enfants, tu y penses au moins ? », « Avec tes longues études, impossible de trouver un mari. », etc. Au lieu de discuter passion et opportunité, le souci des tâches ménagères prend toute sa place au sein des discussions familiales. « Une fille doit savoir bien cuisiner, bien faire le lit, etc. Sinon, la belle famille va te pointer du doigt quand tu seras mariée », ne cessent de me répéter mes proches.
Je comprends assez tôt que le domaine de définition de la femme se limite à la bonne tenue de son foyer familial. Même si je réussis avec brio dans ma carrière, sans mari et sans enfants, je serai incomplète et indigne aux yeux de la société burundaise.
Je m’impose. Je deviens une jeune femme qui réussit ce qu’elle entreprend : The sky is the limit (La limite c’est le ciel). Dans mon parcours, je rencontre d’autres femmes comme moi qui n’ont pas eu la chance de rêver grand, découragées par le manque d’opportunités et surtout les propos limitants de la société. Je découvre que la société patriarcale est un tombeau pour les femmes aux grands rêves.
A bas les pensées sexistes !
La société évolue. Les candidatures féminines sont vivement encouragées pour contrer l’inégalité de genre au travail. Pourtant, la même chanson continue. Au travail, tout le personnel est ébahi quand je fais mieux et m’impose mieux que les hommes.
Les années filent. J’approche la trentaine. Je pense à me marier. Des connaissances m’approchent pour me donner des conseils gratuits. « Il faudra pardonner ton mari et comprendre que la nature de l’homme l’expose à certains égarements comme l’infidélité, etc. » ou bien, « s’il y a des querelles dans le couple, il ne faudra pas bouder ou gronder ton mari, il faudra toujours t’adresser à lui avec des mots doux ». En tant que féministe, je me révolte face à ces propos sexistes, surtout quand j’entends que ces mêmes gens considèrent qu’il faut renvoyer la femme quand elle trompe son mari ou commet d’autres erreurs dans le couple. Ceci est un fait social parmi tant d’autres qui normalisent les mauvais actes perpétrés par les hommes et les condamnent chez la femme.
Mon féminisme ne se définit pas par rapport à l’égalité entre les hommes et les femmes. Je suis de celles qui pensent que chaque genre possède des compétences et des différences qui lui sont propres. J’adhère à la complémentarité. Pourtant, je suis convaincue que les femmes tout autant que les hommes devraient bénéficier des droits et des lois qui les protègent contre les errements du système patriarcal.