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D’où vient cette « shishamania » qui fait fureur à Buja ?

Comment aspirer et expirer de la fumée à travers les narines est-il devenu tendance à Buja? Qu’éprouvent ces ‘Bujumburois’ qui ne carburent qu’à la « vapote » ? Si fumer une bonne clope devient de plus en plus ringard, la shisha a plutôt le vent en poupe. Récit.

Bujumbura, c’est le soleil, la chaleur tropicale, les nombreuses plages qui bordent le Lac Tanganyika, et ses habitants qui « courent toujours derrière la vie ». Bujumbura, ce sont aussi ses nuits torrides, et surtout, ses bars branchés. Et il y en a pour tous les goûts. Des plus simples qui accueillent les plébéiens aux plus chics qui sont fréquentés par la haute bourgeoisie de la capitale économique du pays. Tout y est. Malgré sa petite taille, cette ville reste cosmopolite et ouverte au monde. Ces derniers temps, un phénomène se fait observer dans la plupart des bars de la ville : la consommation de la Shisha. Cette pipe à eau originaire du Moyen-Orient, appelée aussi narguilé en français, est en train de conquérir les cœurs, que dis-je, les poumons des jeunes ‘bujumburois’.

Génération « Snap »

Retour en arrière. Juillet 2021. J’ai un rendez-vous avec des amis dans un des bars très prisés par la Génération Z (sans clichés, s’il vous plaît). Je quitte chez moi vers 22 heures. J’arrive à choper un taxi. Celui-ci arrive à destination en une dizaine de minutes. Il me dépose dehors à l’endroit, un peu pressé pour l’ambiance, je sonne mon pote sur son téléphone : « Vous êtes assis où ? » Erreur : du brouhaha sur fond de musique m’arrive à l’oreille. Mais bordel ! J’avais oublié qu’ils étaient dans un bar. A-ma-teur ! Alors j’écris un texto : « V’zêtes assis où ? ». La réponse est instantanée : « Au fond, à côté de là où on était assis la fois dernière ». 

Je vois déjà l’endroit où ils se sont pointés. À peine j’entre à l’intérieur, que je croise deux amies qui en sortent. Un câlin, un bisou sur la joue et un peu de flirt (vous voyez déjà la scène). « Vous partez déjà ? À cette heure-ci ? », leur demande-je. « Non, on bouge à… ». Aaah, les Bujumburoises et leur bougeotte !

Je vous épargne les salutations d’une dizaine de personnes avant d’atteindre la table de mes amis. Avec Buja by night, on fait plus de rencontres dans une nuit que pendant un mois dans Buja by day. J’atteins leur table sous le son de Shamra Shamra de Mbuzi Gang. Tout le bar est debout. C’est l’euphorie. Une serveuse s’approche et me demande ce que je veux boire. Dans ce bruit immense, elle m’entend à peine. « Nshaka…. », je lui parle plus fort. Elle s’exécute. Une amie à côté me regarde avec un petit air sournois. « Mais tu ne demandes pas une shisha ? ». Et je réplique directement : « Ah ! Mince. J’avais oublié. Tout ça, c’est la faute à Shamra Shamra ». L’amie rigole. Dans peu de temps, la serveuse arrive avec ma boisson, et j’ai encore à lui demander. « Peux-tu m’appeler le gars de la shisha ? ». D’un claquement de doigts, elle fait signe à celui qui s’en charge. « Boss, tu veux quelle flavour ? » Je lui dis ma  flavour préférée. Pour les moins connaisseurs, les flavours sont des saveurs qu’on trouve dans la shisha qui lui donnent le goût que tu veux : à la menthe, à l’orange, aux fraises, etc.

20 minutes après, il apporte la grande pipe munie d’un tube en métal léger. J’aspire. Deux secondes après, je sors une grosse fumée à travers ma bouche et mes narines. Et c’est ainsi qu’on consomme la shisha. L’amie qui m’avait demandé si je n’achète pas une shisha vient encore vers moi, « Je peux te prendre un snap ? » Je ne refuse pas, au final, je ne suis pas le seul à vivre pour les caméras. Oui, le paraitre, suivre le courant actuel, être branché…vous voyez ce que je veux dire. 

Le prix de la shisha que j’ai consommée au mois de juillet 2021 ? 20 000 BIF. Deux billets de dix mille francs burundais. C’est un luxe que certains jeunes burundais s’offrent parce que ça fait ‘in’. Et puis, certains trouvent la shisha irrésistible. « Je ne peux pas sortir le weekend et rentrer sans consommer la shisha. Je l’adore », témoigne une jeune femme. Et les bars de Buja-La-Belle ont déjà remarqué l’engouement que les jeunes ‘bujumburois’ ont pour le narguilé. Certains proposent même des menus shisha, et même des « journées shisha », c’est dingue !

Pourquoi cet engouement ? 

Difficile de dire pourquoi la jeunesse ‘bujumburoise’ est friande de la shisha, mais pour les commerçants, c’est une affaire juteuse : la pipe à eau s’achète entre 150 mille et 180 mille Fbu. Et elle peut être utilisée plusieurs fois. Une seule shisha peut rapporter 100 mille Fbu. Les tenanciers des bars ont donc raison de miser sur ce produit. Pour les jeunes de Bujumbura, ces années où le paraître prime sur tout le reste, fumer de la shisha devient une manière de s’affirmer, de se distinguer par rapport aux autres. La petite dose de dopamine.

Un seul bémol, pour ceux qui consomment ou n’ont pas encore consommé la shisha, une information importante : elle est nocive pour la santé comme on l’explique bien sur le site maviesanstabac.lu.

Ainsi, on découvre que « la fumée de shisha et celle des cigarettes contiennent les mêmes substances nocives et cancérigènes telles que le goudron et le monoxyde de carbone. Plus grave encore, « au cours d’une session de shisha, un fumeur inhale environ 125 fois plus de fumée que lorsqu’il fume une cigarette ». 

Voilà, vous êtes prévenus !

 

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