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Rumonge : le combat d’une mère pour ses enfants albinos

Sujet de curiosité pour certains, de discrimination et de stigmatisation pour d’autres, les albinos vivent leur conditions difficiles mais avec courage et résilience. Certains se battent, à travers les associations, pour mieux faire connaître leur situation, d’autres sont livrées à elles-mêmes, comme cette famille de Rumonge. Récit.

Etre albinos n’est pas une fatalité, mais un simple défaut biologique qui pourtant rend compliquée la vie quotidienne de la famille d’Angela Nijimbere. Nous la rencontrons à la colline Mayengo de la commune Rumonge. Mère de trois enfants albinos, cette quadragénaire se bat seule pour la survie de sa famille. « Mon mari a quitté le Burundi depuis quatre ans. Il est parti en Tanzanie pour chercher du travail », témoigne-t-elle.

Une situation difficile à gérer

Comme le relate Mme Nijimbere, son premier enfant est né comme tout le monde, sans anomalie. Au terme de la seconde grossesse, Vitus Shukuru est né albinos. « Ce n’était pas facile de le croire, moi-même j’ai été surprise ». S’en est suivi deux autres enfants, eux aussi albinos. C’est là que son mari a commencé à se méfier de sa femme.  Avec un entourage qui croit plutôt à la sorcellerie, elle deviendra la risée de la localité. « Je devais chaque jour cacher les enfants car il y avait des croyances obscures sur l’albinisme. Maintes fois des gens inconnus rôdaient près de notre maison pour guetter mes enfants », indique-t-elle. C’est un peu plus tard que mes voisins ont compris que mes enfants sont comme les autres et ont commencé à m’aider. « Ils veillent maintenant sur eux quand je ne suis pas là ». 

Une vie difficile, faute de moyens

Cultivatrice de son état, la mère des trois enfants albinos n’a pas les moyens nécessaires pour trouver des habits adéquats pour eux. Avec la fragilité de leur peau, ils devraient au moins avoir de la crème, mais aussi des chapeaux pour se protéger des rayons du soleil. « Ils ont toujours des problèmes de peau. Je me bats seule ou presque pour leur trouver le minimum », déplore Mme Angela. Aidée par sa belle-mère avec qui elle habite depuis le départ de son mari, elle essaie tant bien que mal de subvenir aux besoins de la famille, vu qu’elle n’a aucune autre source de revenus à part le peu qu’elle tire de l’agriculture. 

Quant au mari parti pour soi-disant chercher du travail, il n’apporte presque aucun soutien à la famille. « Chaque fois c’est moi qui l’appelle. Il me dit qu’il n’a encore rien trouvé. Cela va faire deux ans, il ne m’a envoyé que 50.000 BIF », souligne-t-elle.

Des échecs à répétition

Vitus Shukuru, 18 ans, est l’aîné parmi ses trois enfants. Il est élève à l’école fondamentale de Mayengo en 7ème année. Depuis qu’il a commencé l’école, il est toujours confronté au problème de vision défectueuse. « Quand je suis en classe, je ne vois pas bien au tableau. J’ai maintes fois demandé qu’on me place devant, mais je ne reçois pas souvent gain de cause ». C’est cela qui est à l’origine de ses échecs. Ensuite, il doit faire face au manque de crème pour sa peau. « Je n’arrive pas à me concentrer comme tout le monde. Parfois, je dois m’absenter car j’ai mal à la peau», indique Shukuru.

Nestor Ndayiragije, représentant de l’association Albinos Sans Frontières (ASF) à Rumonge dit être au courant de la situation de cette famille. « Nous avons demandé à l’association au niveau national de nous donner des kits spécifiques pour ces enfants. Nous espérons que la crème et les chapeaux vont nous parvenir bientôt », fait-il savoir. 

En attendant que cette aide arrive, la brave Nijimbere, comme une poule et ses poussins, continue à se battre courageusement pour que ses enfants ne manquent de rien. Un courage qui ne la quitte jamais malgré le poids des exigences quotidiennes.

 

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