Mise en place dans les années 1950, la réserve naturelle forestière de Kigwena est l’une des plus anciennes aires protégées du Burundi. Située dans la province Rumonge à 16 km au sud du centre urbain, cette forêt de près de 600 hectares s’étend entre le Lac Tanganyika et la RN 3. Un blogueur qui l’a visitée nous embarque dans son aventure à travers ce sanctuaire de biodiversité.
La première fois que j’ai longé la réserve naturelle forestière de Kigwena sur la RN 3, j’ai été émerveillé par sa beauté, et un désir ardent d’explorer cette merveille naturelle est né en moi. Dès mon installation à Rumonge, j’avais inscrit cette réserve à ma liste de sites à visiter. Ce projet me trottait dans la tête un bon moment, et chaque passage en voiture devant la réserve me rappelait cette promesse non tenue.
Pour concrétiser cette promesse, je me suis renseigné sur les modalités de visite de cette réserve. Comme elle ne dispose pas de poste d’accueil, je me suis arrangé pour dénicher le numéro de téléphone du seul guide touristique de ce site. Lors de notre conversation téléphonique, il m’a accueilli chaleureusement et nous nous sommes convenu du programme pour la visite, pour un certain samedi.
En mode « touriste »
Il 9h du matin. Mes préparatifs sont presque terminés. J’ai soigneusement choisi une tenue adaptée pour affronter la forêt qui m’attend : un jean, une chemise à manches longues, des chaussures robustes et un bonnet à revers.
Depuis le centre urbain de Rumonge, la moto prend une vingtaine de minutes pour me déposer à la réserve. Aux abords de la forêt, une pancarte m’accueille avec ces mots : « Bienvenue à la réserve naturelle forestière de Kigwena. Tous, ensemble, sauvegardons cette forêt et sa biodiversité. » Depuis la route, je contemple ce joyau naturel qui contraste nettement avec le paysage environnant dominé par les palmiers à huile. Déjà, une particularité de cette forêt m’épate. Je me sens lilliputien devant la grandeur des arbres bien droits dont les cimes semblent toucher le ciel.
A l’entrée principale de la réserve, je contacte le guide pour lui signaler ma présence. En moins de cinq minutes, il me rejoint au bord de la route goudronnée. Nous faisons les présentations. Il s’appelle Pascal Niyokindi, proche de la soixantaine. Il m’invite à le suivre vers le sentier principal.
Une biodiversité riche
Juste à la pénétration de la forêt, je lui adresse ma première question sur les arbres qui dominent la forêt par leur hauteur impressionnante. « Ces arbres sont des Terminalia superba. Ces espèces peuvent atteindre jusqu’à 50 m de hauteur avec un tronc de 5 m de diamètre », m’explique Pascal.
Des lianes dignes des décors des films de Tarzan s’accrochent solidement aux grands arbres. Tout en admirant ces spécimens majestueux, nous nous enfonçons davantage dans la forêt. Le climat y est frais et le sol humide. « La réserve étant sur un terrain plat, son exploration n’est pas pénible pour les touristes. », précise le guide.
En continuant notre sentier, j’aperçois deux grands oiseaux aux plumes pourpres et aux crêtes rouges voltiger dans les feuillages. Je demande au guide de quelle espèce il s’agit. « Ce sont des Touracos de Lady Ross (intuku). Cette réserve abrite également de nombreuses autres espèces d’oiseaux, comme les calaos à joues grises (ibubu), le vautour palmiste (imangwe), etc. » me répond-il.
Je suis rapidement captivé par la manière dont Pascal décrit avec brio la biodiversité de cette réserve. Il énonce aisément les noms scientifiques et les noms vernaculaires. Par curiosité, je lui demande son niveau de formation. « Ça fait à peu près 40 ans que je travaille dans cette réserve. J’ai commencé après la dixième année du secondaire, quand j’avais 20 ans. Comme j’avais la passion pour ce travail, il m’a été facile de maitriser cette réserve comme ma maison. », me répond-il, sourire en coin.
Nous arrivons à un site de campement où la végétation est moins dense. Mon guide m’informe que cette réserve compte quatre sites de ce genre dédiés au campement des chercheurs et aux autres touristes.
En entrant dans la zone dominée par les arbres Myrianthus holstii, je constate des restes de fruits (amufe) partiellement mangés et éparpillés sur le sol. « Ces fruits constituent l’alimentation favorite des babouins. Les hommes les apprécient également. Ils ont un goût à la fois sucré et acidulé. », explique le guide. A l’évocation des babouins, je croise les doigts en espérant en apercevoir au moins un. Cependant, le guide me prévient qu’ils sont difficiles à repérer à cette heure-ci.
En gardant le cap sur le lac Tanganyika, nous traversons un petit pont sur la rivière Kamango. L’eau limpide ruisselle paisiblement dans la quiétude de la réserve. Je ne peux résister à l’envie de prendre une photo sur ce charmant pont. Au bout d’une heure de marche, nous arrivons au bord du lac sans aucune difficulté.
Des défis
Tout n’est pas rose dans la réserve naturelle forestière de Kigwena, car elle fait face à certains défis. Tout d’abord, la pression exercée par la population riveraine, qui vient s’approvisionner en bois de chauffage, menace l’équilibre de son écosystème. Le nombre insuffisant de gardes rend difficile la maîtrise de ces intrusions. « Actuellement, cette réserve ne compte que deux gardes et un seul guide touristique. Ce personnel est insuffisant pour couvrir toute cette étendue. », déclare Niyokindi. Le taux de fréquentation des touristes est aussi médiocre : « Bien que cette réserve abrite une riche biodiversité, nous recevons rarement des touristes. Bien plus, nous ne disposons pas de poste d’accueil des visiteurs », déplore-t-il.
Courage et bn travail. Veuillez nous partager les modalités de visiter ce reserve
En lisant cet article, tout de suite, l’envie de visiter ce parc me vient en tête