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Réponse à Ezéchiel : de blogueur à blagueur

Interpellé par le billet du blogueur Ezéchiel Ndayizeye qui balaie la limitation des mandats présidentiels, le contributeur Moise Bukuru,  a décidé de réagir.  

Avant de répondre au texte d’Ezéchiel Ndayizeye, qui selon moi, pèche par le fond, je commence par saluer le travail de Yaga, la diversité qui caractérise ce collectif. Ce billet, ô combien penchant, sans arguments pour étayer ses affirmations, prouve en suffisance l’esprit de tolérance qui guide votre collectif.

J’aurais préféré  commenter phrase par phrase, vu que tout, du début à la fin,  ouvre grandement les portes à une polémique sans fin.

Ici les quelques passages auxquels je réagis :  

Un :

« Je me dis que si l’avenir radieux de ce pays devait dépendre du maintien d’un seul homme au pouvoir, je prierais les « dieux » pour qu’il y reste. Le jeu de limiter les mandats présidentiels à cinq ou dix ans n’aboutira à rien. Qu’il y ait ou pas limitation de mandats, il y aura toujours des contestations à l’issue des élections. Et nous sommes fatigués de revenir sans cesse à zéro. »

Cher Ezéchiel, d’abord l’avenir de ce pays n’a été et ne sera jamais dépendant d’une seule personne. Ce discours me rappelle les chantages du passé. En 2004, quand le Cndd Fdd venait de rentrer, se préparant pour les élections de 2005, j’étais un ado de 17 ans. Sur ma colline natale, des rassemblements étaient organisés par les combattants du mouvement avec un message clair : «  Si vous ne votez pas pour nous, nous reprendrons les armes ! ». Autrement dit, en utilisant certains de tes mots, le Cndd-Fdd expliquait que l’avenir radieux du Burundi dépendait de lui, lui seul. La population, déjà terrorisée par une décennie de guerre civile, a préféré céder. C’était du chantage. Malheureusement, dans ton paragraphe je perçois les mêmes menaces  de 2004, la même manie de se dire : c’est moi ou rien ! Et presque tous les conflits politiques, toutes les guerres trouvent racine dans ce genre d’entêtement qui caractérise les acteurs politiques. Le Burundi y compris.

Deux :

« Si un peuple « fatigué » arrive enfin à trouver un homme d’exception, le choix devient clair : le soutenir pour qu’il poursuive son œuvre ».  

C’est qui cet homme d’exception ? A ce que je sache, le Burundi patauge dans les mêmes problèmes politico-économiques depuis l’assassinat du Prince Louis Rwagasore en 1961.  Plus d’un demi-siècle vient de s’écouler, les Burundais sont pauvres et continuent à s’entretuer.  Mais comme ton texte ramène la notion d’homme d’exception, oui, le monde en a connu, plusieurs d’ailleurs, et laisses moi te renvoyer visiter l’histoire de l’Afrique du Sud et de la Corée du Sud, pour ne citer que ceux-là, afin de comprendre comment ils se sont défait respectivement de l’apartheid et de la pauvreté. Tu découvriras les « hommes d’exception » qui sont derrière. Et tu me diras qui ressemble à eux aujourd’hui au Burundi.

Trois :

« Pour certains Burundais, le bilan du Président Pierre Nkurunziza est loin d’être irréprochable. Pourtant des réalisations frappantes qui donnent espoir existent. Il a déjà fait son entrée dans l’histoire d’un Burundi nouveau dont on a toujours rêvé ».

C’est quand même désolant de parler de réalisations sans donner aucun exemple. Mais bon, apparemment c’est ton point fort : dire, affirmer, sans jamais démontrer.  Laisses-moi t’aider ! Le niveau de développement d’un pays est mesurable sur base des critères bien définis : les fameux IDH, Indicateurs du Développement Humain faits de trois éléments : PIB par habitant, espérance de vie à la naissance et niveau d’éducation. Et quid de ces trois critères au Burundi ?  Le dernier rapport de 2015 du Fonds Monétaire Internationale classe le Burundi comme le pays le plus pauvre du monde avec un Produit Intérieur Brut par habitant ne dépassant pas 315,2 dollars. Et c’était avant la crise actuelle. Les différents bailleurs finançaient encore l’économie du pays.  Et quant à l’espérance de vie à la naissance, l’Organisation Mondiale de la Santé nous classait en 2015 à la 182è place sur les 194 pays derrière le Zimbabwe avec une espérance de vie de 53 ans. La crise est venue et les gens mouraient comme des mouches. Et certains n’hésitent pas à conclure que nous avons chuté de 53 ans en 24 heures. Une manière de dire, de tourner au ridicule la situation actuelle mais qui n’a rien de scientifique. Enfin l’éducation.  Sans aller loin, je salue la mesure de laisser tous les enfants étudier gratuitement. Mais le hic reste la motivation de cette mesure. Le blogueur Yannick Ndayisaba décrit le mieux le système éducatif actuel, les dégâts causés par des mesures populistes qui ont été prises à la hâte.  

Quatre :

« C’est aberrant et rigolo qu’il y ait encore des personnes qui soient convaincues de leur supériorité par rapport aux autres. Une race supérieure, une ethnie noble, digne de diriger. Nous n’en sommes heureusement plus là ».  

Pour clore, j’ai cherché à comprendre la raison d’être de ce paragraphe dans ton texte, un passage qui, si on le prend au sérieux, me laisse penser que j’ai affaire à un jeune aigri, mécontent, blessé. Mais ton profil m’a rassuré, tel que précisé en bas du billet: « artiste peintre, slameur-poète, blogueur, auteur et motivateur. Entrepreneur culturel et artistique ». J’ai vite compris que tu as juste voulu allonger la liste des titres, passer de blogueur à blagueur, comme ce sont des paronymes.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. C’est regrettable pour une telle prétendue réponse de la part de celui qui se considère déjà comme étant blogueur. Et comme tu m’as déjà traité de  » blagueur »…ce serait une perte de temps de continuer à échanger avec vous…mais je ne peux m’en aller sans vous remercier d’avoir consacrer votre temps à me faire part de votre imagination combien prétentieuse…et surtout d’avoir pris tout ce temps pour me lire…je vous invite à relire attentivement mon billet de blog qui est loin d’être un article journalistique…j’aurais aimé que les éditeurs de yaga vous dévoilent la vraie version telle qu’elle a été envoyée avant qu’ils aient changé le titre original et supprimé certains passages…mais ce n’est pas grave…du choc des idées jaillit la lumière.

    En ce qui me concerne. Je ne sais pas si tu as un problème avec mes titres…si le titre que tu ajoutes aux anciens me convennait, je l’accepterais..mais je ne suis pas très doué pour les blagues bien qu’elles peuvent contenir un message édifiant…relis bien mon billet et fais attention quand tu interprètes un passage qui commence par si et qui est au conditionnel…ça évitera que tu inventes ce que « j’aurais voulu dire » et ça t’aidera à ne pas tomber dans une sorte d’imagination insensée.

    Et si je devais donner l’exemple des réalisations, j’en ferais tout un livre. Tu vis au Burundi et tu connais la vérité sur terrain…ne joue plus donc aux aveuglettes…peace and love!!! #yaga