La rentrée scolaire 2020-2021 a eu lieu ce lundi 7 septembre. Pour être admis dans l’enseignement post-fondamental public et privé, Gaspard Banyankimbona, le ministre de l’éducation a annoncé, début août, que l’élève doit avoir obtenu au Concours national une note minimale de 76 sur 200 soit 38%. « Un taux de réussite très bas », reconnaissent les enseignants.
Selon le même ministre, pour les écoles à régime d’internet et celles publiques en mairie de Bujumbura, la note minimale est de 104 sur 200 soit 52%. Pour les écoles d’excellence, elle est de 140 sur 200, soit 70% et dépendant des places disponibles. S’exprimant sous anonymat pour plusieurs raisons, les enseignants disent qu’il est temps de prendre le taureau par les cornes. Ils font des propositions de solutions pour rectifier le tir :
Dépolitiser les milieux scolaires
Pour eux, il faut que la politique cesse dans les écoles. Au lieu de se concentrer, des élèves sont distraits par certains politiciens. Ils oublient qu’ils sont là pour étudier. Et suite aux enseignements politiques, certains se croient forts et catégorisent les enseignants selon les partis, ethnies, etc. Ils ne respectent personne. Ces enseignants suggèrent que les postes de responsabilités comme la direction, la préfecture soient apolitiques. Il faut tenir compte des compétences, et de l’assiduité au travail. Ce qui serait une façon d’encourager les meilleurs, car les enseignants ne sont plus motivés.
Organiser des États-généraux de l’éducation
Ce serait l’occasion selon nos sources d’évaluer le système fondamental, de relever les défis et de penser aux solutions. Et ce, avec tous les partenaires à savoir les partenaires techniques et financiers, les experts, la société civile, les parents, les enseignants, et quelques représentants des élèves.
Impliquer les élèves et leurs parents
Pour eux, les élèves doivent savoir que l’éducation est la clé du développement, de leur avenir. Et le rôle des parents est primordial pour accompagner leurs enfants vers un avenir meilleur.
Recycler et motiver les enseignants
Les enseignants approchés reconnaissent que leur rôle est important. Mais, il est impossible de donner ce que l’on n’a pas reçu ou appris. Le programme de l’école fondamental n’est pas très familier aux enseignants. D’où la difficulté de transmission les connaissances. En outre, il est impératif de leur fournir des homes, des habitations tout près de leurs lieux d’attache. Ce qui leur permettra de mieux préparer les leçons et les actualiser sans faire trop de kilomètres.
Réduire le taux de chômage des jeunes diplômés
Selon nos sources, les élèves ne sont plus motivés. « Prenons un élève qui voit ses grand-frères, petites sœurs diplômées à la maison, incapables de s’acheter un savon, un pantalon, etc. Comment voulez-vous qu’il suive les leçons avec courage ?», lance I.K, un de ces enseignants. Au contraire, il va intérioriser que lui aussi, il va subir le même sort : « Étudier pour chômer. » Une des explications du taux d’abandons très élevé.
Il faut mettre l’accent sur l’enseignement professionnel pour promouvoir l’auto emploi.
Oui. L’enseignement professionnel est très important. Mais, pour qu’il soit vraiment prometteur du développement, nous devons avoir des jeunes intelligents, capables de créer, de s’inspirer des autres » success stories », etc. Je me dis que si la base est mal faite, n’est pas solide, même le reste, ça va pas marcher. Des têtes bien faites nous manquent cruellement. Et malheureusement, la situation ne cesse de s’empirer. Quand un ministre réclame que tous les ateliers, toutes les conférences, les exposés se fassent en Kirundi, n’est-ce pas un aveu de faiblesse? Pourrions-nous imaginer qu’un jour, nos autorités vont tenir des discours en Kirundi au Siège de l’ONU? ou que tous les mots français ou anglais vont trouver des équivalents en Kirundi??? Beaucoup à faire