Une trentaine de fans du Real Madrid et de Barça s’affrontent chaque samedi dans un match amical à Bujumbura. Pour eux, ces rencontres leur permettent de transcender les divisions sociales, économiques, politiques et montrer l’exemple à l’ensemble de la société.
Nous sommes à Gasenyi, l’un des quartiers du nord de Bujumbura, la capitale burundaise. Sur le terrain de foot de l’établissement scolaire Discovery school, communément dit « chez Johnson », adultes comme jeunes, sont habillés aux couleurs des deux équipes espagnoles, le Real de Madrid et le FC Barcelone. Chez eux, pour mieux savourer la Liga, championnat d’Espagne, il faut d’abord l’avoir discuté sur terrain.
Au pays des mille et une collines, cette compétition espagnole se vit de mille et une façons. Si certains se limitent seulement à porter le maillot de leur équipe préférée le jour du match, puis y assister en direct, les fans de ces deux clubs rassemblés au sein de « Culture FC » tranchent, à chaque fois leur différend, non à travers l’éternelle discussion sur « qui est fort, qui est faible », mais en s’affrontant en duel sur le terrain Chez Johnson.
Un message, un vaccin…
« Nous sommes issus de différents quartiers de la capitale, du nord comme du sud. Nous avons beaucoup de divergences dans le choix de nos idoles, de nos équipes comme dans la vie quotidienne. Et le foot permet à chacun de ne pas se maintenir dans ses extrêmes», confie Mugisha Jean François, représentant d’une des deux équipes.
« Mais nous avons aussi des points de convergence. C’est ça l’essentiel. C’est tout ce que nous faisons prévaloir. Que l’un de nous aime le FC Barcelone, l’autre le Real Madrid, qu’il soit originaire de l’un ou de l’autre quartier, … cela ne nous sert à rien. Nous sommes avant tout des amateurs du football, c’est ça qui nous unit», renchérit Kubwayo Albert, adversaire et ami de Jean François.
Derrière les matches Real Vs Barca, les « Culture players » en profitent pour promouvoir la cohésion sociale. Une belle leçon d’unité dans une société polarisée, comme pour nous rappeler que les Burundais ne resteront pas éternellement divisés.
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