La crise politique a sérieusement détérioré l’image de la police au Burundi. Dans certains quartiers de Bujumbura, manifestants et forces de l’ordre se regardent désormais en chiens de faïence. Claude*, policier burundais depuis huit ans, raconte son expérience.
« Difficile mais noble. » C’est ainsi que Claude qualifie son métier de policier. Cela fait huit ans qu’il l’exerce à Bujumbura. Fier et engagé, Claude ne rêve que d’une chose : un avenir radieux pour son pays. « Cela dépendra de la façon dont chacun s’y prendra », nuance-t-il.
Dans la capitale du Burundi, l’entente entre la police et la population n’a pas toujours été bonne. Ce rapport ambigu, Claude le compare à un foyer. « En famille, tu ne peux pas non plus satisfaire tout le monde », relativise-t-il.
Mais aujourd’hui, la « bataille » autour du troisième mandat envenime une relation déjà difficile. « Le contexte politique est spécialement compliqué, analyse-t-il. Quand les manifestants rencontrent les policiers, ils lancent des pierres et les policiers ripostent en usant de balles réelles sur les manifestants. D’où cette méfiance… »
« Garder la discipline et coopérer avec la population. » D’après Claude, ce sont des instructions que devrait se rappeler tout policier. Il n’y a que de cette manière qu’un homme en uniforme fera son travail convenablement. Malheureusement, parfois, la confiance fait défaut. « Malgré tout, nous sommes perçus par certains comme ceux qui restreignent les libertés des gens », déplore-t-il.
La police et les droits de l’Homme
De nombreux rapports font état d’une utilisation disproportionnée de la force par la police depuis le début de la crise. Les violations des droits de l’homme sont également constatées. Pour Claude, les contrevenants le sont par mauvaise foi, non par ignorance. « Tous les trois mois, nous suivons des formations concernant le respect des droits de l’homme ainsi que sur le comportement à adopter face à la population », assure-t-il.
Pour Claude, certains de ses collègues ont « totalement perdu le sens du professionnalisme ». Il reproche aux hommes politiques d’y être pour quelque chose. « Certains nous disent de faire ceci, d’autres de faire cela ; c’est très dommage, regrette-t-il. Ils devraient se mettre ensemble, dialoguer, s’entendre afin d’accomplir aisément la mission qui est la leur : sauvegarder la paix. »
La police nationale burundaise actuelle, tout comme l’armée, est composée d’anciens rebelles et d’anciens policiers et militaires. Les accords d’Arusha veillent à l’équilibre ethnique et régional de ces deux corps. L’objectif n’est pas évident. D’où, peut-être, certaines dérives…
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* Le personnage utilise un pseudonyme.