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La place de l’art au Burundi : le travail paie

Paul Klee, peintre allemand, disait : « L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible ». Notre blogueur s’est entretenu avec une jeune artiste burundaise talentueuse qui vit à Bujumbura. Ils se sont rencontrés lorsqu’ils étaient en études secondaires. Lui était passionné par l’écriture et elle par l’art. Depuis, NJSolana a fait son bonhomme de chemin. Découvrons sa relation avec l’art qui est devenu une vraie passion.

NJSolana, de son vrai nom Jessy Solana Nihorimbere, est une artiste peintre burundaise âgée de 25 ans. À l’université, elle s’était orientée vers l’informatique, mais elle est passionnée d’art depuis son plus jeune âge. Ce n’est qu’en 2018 qu’elle commence à s’y consacrer sérieusement, en rejoignant un collectif de jeunes artistes. Bien avant cela, durant ses études secondaires, elle faisait déjà partie d’un club d’art au lycée Notre Dame de Rohero.

L’art dans la peau

Elle peint des personnes, des objets mais se spécialise surtout dans le mouvement de l’art contemporain africain. À partir de 2019, elle commence à participer à de nombreuses expositions. On peut citer notamment les trois expositions collectives organisées par la galerie 257 Art. Elle ne s’est pas arrêtée là : en 2023, elle participe à une exposition collective féminine réunissant des artistes d’Afrique de l’Est qui s’est tenue au Rwanda, où elle était la seule artiste burundaise. Elle collabore également avec les galeries Niyo Art (2023) et Impundu (2024). Plus récemment, en juillet 2025, elle présente une exposition en duo intitulée « Mémoires en reflets » avec son confrère Yvan Ndayikunda, en partenariat avec l’établissement Le Croco Brasseur. Par ailleurs, elle va continuer à coordonner les expositions artistiques dans cet établissement.

Pour NJSolana, l’art est avant tout un moyen d’exprimer et d’évacuer les émotions. C’est aussi un vecteur d’idées. Elle souligne que l’art ne se résume pas à la peinture : c’est une mission, un rôle, un langage profond. Peindre lui permet de faire ressortir des émotions enfouies en elle, ou en chacun de nous, que l’on a parfois peur d’exprimer.

Avantages et défis liés à l’art au Burundi

Pour certains, l’art est un talent inné ; pour d’autres, il s’acquiert. Dans son cas, elle affirme qu’il s’agit d’un don naturel : dès l’enfance, elle aimait dessiner. Mais elle précise également avoir beaucoup travaillé pour progresser et atteindre son niveau actuel.

Sa démarche artistique repose sur une exploration de la psychologie intime. Elle constate qu’au Burundi, la santé mentale et émotionnelle est souvent négligée, alors qu’elle est essentielle à l’épanouissement personnel. Elle intègre dans ses œuvres la nature et la figure humaine, avec une symbolique forte : les personnages sont souvent vêtus de blanc ou dotés d’une chevelure blanche, symboles de pureté, de sagesse, de renouveau et d’élévation spirituelle. Pour représenter la peau de ses personnages, elle utilise un mélange des trois couleurs primaires, un procédé qui caractérise son style unique.

Cependant, elle déplore que l’art ne soit pas encore reconnu comme un véritable métier au Burundi, mais plutôt comme un simple passe-temps. Cette perception limite la valorisation du travail artistique sur le plan local, alors même que l’art peut être un véritable levier de développement économique.

Quid de sa vision de l’art ?

En tant qu’artiste peintre, NJSolana appelle à une meilleure reconnaissance de son travail, ainsi que de celui de ses pairs. Elle souhaiterait que le public comprenne l’importance de l’art et qu’il soit davantage soutenu, notamment par des personnalités publiques ou des figures influentes. Selon elle, un secteur artistique fort peut non seulement générer des retombées économiques à travers le tourisme culturel, mais aussi créer des ponts avec la scène artistique internationale.

Elle milite également pour la création de bourses destinées aux artistes burundais, afin de leur permettre de se développer davantage. Elle propose aussi l’organisation de concours artistiques locaux pour stimuler la créativité et mettre en lumière les talents du pays.

Son objectif est clair : faire rayonner son art à l’échelle mondiale. Elle constate que l’art burundais est encore peu visible sur la scène internationale et aspire à devenir une ambassadrice de l’art burundais dans le monde.

 

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