Derrière les magnifiques images des cérémonies de mariage, de remise de dot, de diplômes, etc., se cache souvent un homme discret, silencieux, mais extrêmement attentif et sensible aux moindres détails : le photographe. Si sa prestation n’est pas gratuite, certains clients semblent abuser de sa gentillesse. Ils ne lui accordent même pas le temps de s’excuser lorsqu’il leur demande de faire des heures supplémentaires. Et lorsque vient l’heure de régler la facture, la situation se complique. Coup de gueule.
La nuit est bien avancée. Fatigué, l’appareil en bandoulière, je jette un œil à l’horloge : 22 h 30. Pourtant, je devais être libéré à 19 h. Trois heures et demie de plus, sans le moindre mot sur un éventuel supplément de paiement, sans même un geste de reconnaissance… c’était trop.
« Juste encore quelques photos, s’il te plaît ! », « Reste encore un peu, c’est un moment spécial ! ». Toujours la même rengaine !
Je soupire en silence. Si je refuse, on me verra comme celui qui gâche la fête. Si je demande un supplément, on me jugera comme un cupide sans cœur. Alors, comme toujours, je suis resté, parce que c’était un mariage, parce qu’ils comptaient sur moi, parce qu’il ne fallait surtout pas gâcher la fête.
Le temps du photographe est-il élastique ?
Ce soir-là, comme tant d’autres, je suis rentré tard, épuisé, les jambes lourdes. Pas un mot de remerciement, pas même un verre d’eau offert. On m’a pris mon temps, mes forces, mon talent, et je suis reparti avec mon silence et ma lassitude.
Je me demande souvent : pourquoi les clients ne respectent-ils pas les horaires convenus ? Est-ce par négligence ? Par égoïsme ? Ou simplement parce qu’ils pensent que le photographe est là pour servir jusqu’à l’épuisement, sans broncher et sans rien demander ?
Et pourtant, quand on dépasse les limites de ce qui était convenu, les autres facturent. Quand un taxi roule une heure de plus, la facture augmente. Quand un traiteur reste pour un service tardif, il applique un supplément. Mais le photographe ? Ah non, lui, il doit être « compréhensif ».
Le pourboire, un mirage ?
Dans d’autres pays, prolonger une prestation entraîne automatiquement un supplément. Ici, à Bujumbura, on pense à peine à glisser un billet en guise de reconnaissance. Pourtant, ce n’est pas une aumône, ce n’est pas une faveur, c’est du bon sens.
Une soirée qui s’éternise, un événement qui déborde ? Très bien, mais respectez-nous. Vous voulez qu’on reste ? Compensez-nous.
Nous ne sommes pas des machines, et notre métier mérite d’être respecté. Si vous continuez à exploiter les photographes sans respecter leur temps et leur travail, un jour, vous n’aurez plus personne pour capturer vos souvenirs.
Last but not least
Et quand vient le temps de se faire payer, c’est une autre histoire. Après le travail de prise de vue, il y a le traitement des photos, une tâche également longue et minutieuse. Aucun détail ne doit être négligé, car si le client n’est pas satisfait, c’est un problème pour le photographe. Ne dit-on pas que le client est roi ?
C’est le client comblé qui fera la publicité du photographe. Mais c’est au moment de la livraison que la galère commence. Il y a des clients qui règlent leur facture sans problème, et tout le monde est satisfait. Mais il y en a d’autres qui vous rendent la vie difficile. Soit, ils n’ont plus d’argent pour payer, soit ils disparaissent dans la nature, soit ils ne paient que la moitié de ce qu’ils doivent, etc. C’est ce qui décourage les photographes, qui pourtant se donnent à fond pour satisfaire leurs clients.
Alors, chers clients, aidez-nous à vous aider !
Cet article met en lumière une réalité souvent ignorée : le manque de reconnaissance et de respect envers les photographes de mariage. Ces professionnels consacrent des heures à capturer les moments les plus précieux d’un couple, souvent au-delà du temps prévu, sans compensation supplémentaire ni même un simple ‘merci’. Pire encore, le paiement de leurs services devient parfois un parcours du combattant, ce qui est inacceptable. Il est temps que leur travail soit reconnu à sa juste valeur, tant sur le plan financier qu’humain.
Bonjour,
Mukirundi bavunga « kwiha agateka ». Cet article me fait penser à une chose:
– Combien de photographes (même ceux qui se disent professionnels) donnent des contrats de prestation à leurs clients?
– Et si contrat y a, combien pensent à y ajouter les heures de prestation? Les photographes voient juste l’argent qu’ils vont gagner.
– Autre chose: si nos fêtes et cérémonies n’ont pas d’heures fixes (https://www.yaga-burundi.com/parlons-burundais-gestion-temps/) , comment un photographe peut espérer couvrir une cérémonie dans des heures fixes?