Au moment où notre pays fait face à des pénuries récurrentes de carburent, les automobilistes peinent à s’adapter à cette contrainte de taille. Si certains automobilistes continuent à rouler seuls, la situation se prête cependant parfaitement au covoiturage. Explications.
Au pied d’un feu rouge, à la jonction de la route passant près du petit séminaire de Kanyosha et la RN3, un petit matin de semaine marquée par la pénurie du carburant, je fais un constat amer. Certains automobilistes sont toujours accrochés à l’autosolisme. Une, deux, quinze voitures patientent, en une longue file. Scruter l’intérieur. Dans dix d’entre elles, une seule personne. Puis faire le calcul mentalement. Quarante places minimum de disponibles, une quinzaine de tonnes d’acier en circulation pour moins de 20 humains transportés.
L’autosolisme reste un plaisir
A quelques mètres, devant l’entrée du petit séminaire de Kanyosha, une foule monstre de passagers se bouscule pour entrer dans le bus faisant demi-tour. Cependant, ils sont nombreux. Ils ne peuvent pas tous trouver de place.
Pour de nombreux citadins, rouler seul dans la voiture est un confort et un signe de richesse. Cette pratique vaut la règle générale. Ça fait des centaines de voitures avec un seul conducteur à l’intérieur tous les matins et tous les soirs. Même en temps de pénurie.
Ici, je ne veux pas culpabiliser ceux qui n’aiment donner le lift ou les convaincre de le faire. Plutôt, face une pénurie récurrente de carburant, j’aimerais qu’on change de mentalité pour s’adapter à ces contraintes. Aux grands maux, de grands remèdes. D’ailleurs, certains citadins ont déjà commencé. Ils ont constitué un groupe WhatsApp afin de quitter la ville à pied.
Covoiturage, une alternative de demain
Pour le moment, les automobilistes ne peuvent recourir qu’à deux solutions pour s’adapter à cette pénurie du carburant. La première serait la bicyclette. Ce mode de locomotion a beau être économique, respectueux de l’environnement et bon pour la santé mais il a été interdit dans plusieurs endroits de la ville de Bujumbura. Il ne subsiste plus qu’une seule solution.
Les citadins seraient bien inspirés de recourir au covoiturage. Cette pratique née dans les années 1980 au lendemain de la seconde crise pétrolière concerne actuellement des dizaines de millions d’usagers dans le monde.
Le covoiturage est l’utilisation conjointe d’une voiture, par un conducteur particulier et un ou plusieurs passagers, dans le but d’effectuer un trajet ensemble et se partager les frais de déplacement (carburant, assurance, l’entretien…). L‘objectif n’est nullement pécuniaire. D’ailleurs, le propriétaire de la voiture ne doit pas en réaliser des bénéfices ou en faire un métier.
Nous pouvons prendre l’exemple de 5 personnes se rendant à leurs boulots respectifs, partageant la même voiture. Au lieu d’utiliser 5 voitures, ils vont se déplacer dans une seule.
Comment ça marche ?
Au départ, le système fonctionne entre personnes qui se connaissent : amis, copains ou collègues de bureau. Ceux qui habitent sur la même avenue ou le même quartier peuvent également faire le covoiturage.
Ensuite, le covoiturage se développe avec l’aide d’associations des consommateurs, les entreprises, les banques, les assurances encourageant les consommateurs, les employés qui adoptent cette pratique. Avec le développement des nouvelles technologies de l’information, les échanges SMS via les réseaux sociaux, whatsap, facebook…facilitent les contacts entre passagers.
Enfin, des sites Internet s’engouffrent dans la brèche. Ils permettent de communiquer les propositions et les demandes de covoiturages, qu’ils soient réguliers ou ponctuels, de proximité ou de longue distance.
Quid des avantages ?
Ils sont nombreux. Tout d’abord, pour le pays. En effet, le covoiturage permet de diminuer le nombre de voitures en circulation : le nombre de places de parking est aussi réduit et les entreprises, les administrations, les banques, les assurances et ONG réalisent des économies sur leurs espaces de stationnement. Les retards sont ainsi moins fréquents, puisque les bouchons d’embouteillage sont atténués et les employés sont à l’heure.
Cette pratique permet aussi aux passagers de mettre de côté des dépenses de transport parce qu’ils partagent le frais du carburant, d’entretien ou même d’assurance et évitent de perdre du temps.
Quelques fois, ils partagent le volant pour éviter la conduite sous l’emprise de la fatigue. Tout citoyen y gagne par la réduction des embouteillages, de la pollution et des accidents de la route.
Une pratique à encourager
Pour ses multiples avantages, le covoiturage doit à tout prix être encouragé, reconnu et réglementé. Cette pratique devrait être une politique d’Etat. Les employeurs doivent la soutenir et l’encourager. Puisqu’elle permet aux employés de venir au travail et de rentrer dans de bonnes conditions, à l‘heure et sans soucier des problèmes de transport et de parking.
Du côté de l’Etat, il serait possible également, pour motiver les citadins à pratiquer le covoiturage, de dispenser les conducteurs de taxes et d’impôts. Des lieux de rencontres des covoitureurs devraient aussi être aménagés.
Enfin, j’aimerais nuancer. Le covoiturage ne concurrence pas les transporteurs en communs. Plutôt, il vient en complément aux autres moyens de transport notamment les bus, taxis, tuktuk, les motos, les vélos.