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De « Pasteur » à « Daddy » : une appellation qui interroge

Dernièrement, le mot « daddy » est devenu une tendance parmi certaines adeptes du protestantisme. Cette pratique est déconcertante, surtout que ce mot est utilisé le plus souvent par les jeunes chrétiennes pour surnommer affectueusement leurs pasteurs. Le choix du terme est intrigant, vu l’influence envoûtante des pasteurs sur celles-ci.

Le terme, je l’ai entendu un millier de fois. Une de mes amies protestantes ne cesse de me vanter les exploits de son « daddy », qu’elle considère comme son « héros ». Elle parle inlassablement de ses réussites, de son charisme et de la confiance qu’il inspire, non seulement à elle, mais à tous les membres de son église. Ça se voit facilement qu’elle est profondément admirative de lui. Désormais, elle ne termine plus une blague ou une simple phrase sans y incorporer l’avis de son incroyable « daddy ». Elle ne prend plus de décisions sans son approbation. 

À ses yeux, le pasteur est quasiment un être divin et infaillible. Même les paroles de son propre père n’ont pas la même portée que celles de son pasteur. Elle partage tout avec lui, y compris ses secrets les plus intimes. J’ai jamais compris pourquoi, mais elle poste fréquemment les photos de lui sur WhatsApp. Parfois, c’est même bien plus que celles de son petit ami. Cependant, le plus préoccupant, c’est que cette fascination pour le pasteur ne se limite pas à cette jeune femme, mais englobe toute la communauté de son église.

A travers de petites blagues qu’elle glisse parfois dans nos conversations, j’ai discerné le pouvoir indéniable que détient leur pasteur sur les chrétiens qui l’entourent. Par exemple, elle m’a raconté qu’un jour, pendant leur culte, le pasteur a ordonné aux choristes de s’agenouiller parce qu’ils n’avaient pas chanté à la hauteur de ses attentes, « ntibahezegiye abakirisu ». Tous les choristes se sont exécutés, du premier au dernier. Le plus frappant, c’est que cette scène était perçue comme normale par tous les chrétiens présents, car personne n’a remis en question son autorité.

Le mystère demeure 

Tout d’abord, cette pratique semble être d’une fraîcheur récente. Pourquoi alors les chrétiens d’autrefois ne se servaient-ils pas de ce terme ? Doit-on en déduire qu’ils ne respectaient pas leurs pasteurs ou qu’ils ne priaient pas suffisamment? Cela impliquerait-il qu’ils étaient moins chrétiens que ceux d’aujourd’hui ? Mes pensées sont envahies par une multitude de questions. Les pasteurs ont toujours été en haute estime et ont exercé une grande influence sur les fidèles, mais le terme « daddy » semble rencontrer un succès bien plus vif que le simple terme « pasteur »

La plupart des églises protestantes, si ce n’est toutes, célèbrent leurs cultes de manière similaire, prêchent de la même manière, et partagent quasiment le même désir de lire la Bible. Pourtant, l’utilisation du terme « daddy » ne se retrouve que dans peu d’église. Pourquoi donc ? 

Par ailleurs, une autre question persiste : pourquoi avoir opté pour le terme « daddy » ? Certaines personnes pourraient soutenir que cela se traduit par « papa ». Néanmoins, contrairement à « daddy », le terme « papa » évoque la sagesse, un amour bienveillant, un respect mutuel entre celui qui le prononce et celui qui y répond. Et par conséquent une certaine distance par rapport aux connotations sexuelles.

Tout excès est mauvais 

Le rôle d’un pasteur englobe celui d’un leader, d’enseignant et d’accompagnateur. Ce qui peut parfois amener les chrétiens à placer leur pasteur sur un piédestal. Cette forme d’admiration peut évoluer vers une véritable adoration du pasteur. Bien que les pasteurs soient des guides spirituels, ils sont avant tout humains. Et donc peuvent succomber à la tentation de rechercher cette admiration, et même d’encourager ce comportement parmi leurs fidèles.

Il est vrai que chaque chrétien se doit d’apprécier son pasteur et exprimer cet attachement de différentes manières. Cependant, dès que cette admiration se transforme en une forme de vénération excessive, elle devient une adoration du pasteur à part entière. C’est là que résident les risques, car cela peut être exploité par certains pasteurs pour manipuler les croyants et surtout les jeunes filles chrétiennes. Il n’y a aucun mal à admirer ou à aimer quelqu’un, seulement tout excès est mauvais.

 

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Les commentaires récents (8)

  1. L’auteur de cet article doit être très jeune pour croire que le terme daddy pour désigner un pasteur est assez récent. Je me rappelle que dans une église protestante dont je me garde de citer le nom, les jeunes fidèles appelaient leur pasteur « daddy ». Si mes souvenirs sont bons, nous étions dans les années 2006. Ça fait 17ans. Sinon, la réflexion que développe l’auteur sur ce phénomène est pertinente.

    1. Dans tes propos je ne retiens que « Sinon, la réflexion que développe l’auteur sur ce phénomène est pertinente » le tout est dit

  2. Nous sommes à l’époque de la recherche de l’argent, succès,vie facile, peu de Pasteurs parlent de la répentance « Kwihana », ils sont occupés par la vie mondaine, les styles des stars et chansons modernisées pour faire plaisir au jeunes gens, la pauvreté en fait gaffe et ajoute le drame au drame, SVP, reveillez-vous, revenez à la raison, le Royaume des Cieux c’est pas le manger et le boire, d’autres ne tombent même plus malades, la philosophie de cakira imigisha a trop envahie les coeurs de nos jeunes en situation d’instabilité économique avec la boulimie de devenir trop riches sans bosser, Que le Mininter fasse un suivi de ses sectes et églises daddysées