article comment count is: 0

Laxisme, paresse intellectuelle ou indifférence collective ?

La journée du 08 Novembre de chaque année a été consacrée par l’Organisation des Nations Unies comme la Journée internationale de l’écrivain africain. L’intention des maitres de New York était de stimuler la créativité littéraire des africains et de les aider à faire face aux multiples défis auxquels ils sont confrontés. Retour sur quelques unes des difficultés largement partagées dans la société burundaise.

Parmi ceux-là, je citerai le peu d’engouement pour l’écriture et la lecture, le manque de livres, l’arrivée massive des réseaux sociaux et de l’internet, les bibliothèques scolaires qui n’existent que par le nom, le manque de politiques nationales du livre, etc.

A ces difficultés majeures et qui semblent largement partagées par beaucoup d’Africains, notre société est confrontée à une autre catégorie de défis qui montre le peu d’intérêt porté à la « chose intellectuelle ». Il s’agit du laxisme, de la paresse intellectuelle et de l’indifférence collective ou seulement de l’un d’entre eux. Je vais illustrer mes propos par quelques exemples triés parmi des milliers d’autres. Il s’agit pour la plupart des erreurs de fond ou de forme commises par des hommes et des femmes des medias, une lecture erronée du journal ou des communiqués, des erreurs sur des affiches publiques, sur des affiches d’orientation ou d’indication, des cartes d’invitation diverses, des notes de services et communications officielles, etc.

Que le lecteur me comprenne bien. Je n’ai nullement l’intention de jeter la pierre ou l’opprobre sur les auteurs de ce genre d’erreurs qui du reste sont humainement compréhensibles, mais de critiquer l’indifférence généralisée du public. Ces erreurs deviennent plus dangereuses quand elles sont véhiculées à travers la presse parlée dont l’auditoire dépasse même les frontières nationales. Si on admet que le journaliste est un enseignant qui, à partir de son studio, transmet ses informations et ses connaissances à des millions et des millions d’oreilles, l’on comprend aisément l’importance de précaution et de rigueur à apporter à ce genre de profession. De petites erreurs sciemment tolérées engendrent les grandes, car les mauvaises habitudes non bannies finissent par se consolider voire devenir une seconde nature.

Parmi ces erreurs, la plus récurrente concerne les chiffres romains. Lors des communiqués des services du Cadastre National et des Titres Fonciers lus dans les différentes radios, l’on entend souvent beaucoup de journalistes incapables de lire correctement les chiffres romains. Ceux-ci sont lus comme de simples lettres de l’alphabet alors qu’ils représentent le numéro chiffré d’enregistrement des propriétés foncières. Exemple : pour une propriété enregistrée sous le Vol E,  XCVIII, au lieu de lire Vol E, 98, le journaliste lira Vol E, X, C,V, i, i, i, comme si c’étaient de simples lettres. Et cette erreur est malheureusement très répandue.

L’autre erreur très fréquente est commise lors de la lecture des communiqués en langue nationale à la radio. Une certaine journaliste lit toujours kubitaro vy’Umwami Roi Khaled. Elle est incapable de lire kubitaro vy’Umwami Khaled.

Je ne pourrais pas passer sous silence cette autre erreur aussi répétitive de dire Leta Zunze Ubumwe na Amerika pour dire Leta Zunze Ubumwe za Amerika. En lisant na au lieu de za, le sens de la phrase est complètement altéré.

Encore une fois, le tort ici ne revient pas à ceux qui commettent ces erreurs, mais à tous ceux qui les écoutent tous les jours, qui côtoient quotidiennement tous ces gens, voire leurs supérieurs hiérarchiques, mais qui ne se donnent pas la peine de les corriger. Tout le monde considère ces erreurs comme de banales fautes sans aucune gravité, dans une indifférence totale.

J’épargnerai au lecteur la longue liste de mots et expressions d’origine étrangère qui chaque jour entrent dans notre vocabulaire via les medias publics et privés. Je ne le fatiguerai pas non plus par cette longue liste de mots, sigles et abréviations dont la lecture déformée finit par être considérée comme la norme.

 Chacun est cependant interpellé pour faire un minimum d’efforts afin de corriger ces petites erreurs qui sont beaucoup plus du champ de la paresse intellectuelle, du laxisme que de l’ignorance. Comme le disait un grand écrivain et ingénieur tunisien, l’ordre et la rigueur sont à la base du progrès des sociétés. Mais aussi, la rigueur arrive à bout de tous les obstacles.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion