Alors que le Burundi affiche une certaine stabilité au niveau sécuritaire, de nombreux jeunes peinent à joindre les deux bouts au quotidien. Dans un contexte où l’accès aux services de base et aux opportunités économiques reste limité, la promesse d’une paix durable reste problématique. Ce blogueur explore les défis structurels auxquels fait face la jeunesse burundaise, et plaide pour une approche plus concrète de la paix : celle qui passe par l’investissement dans l’avenir des jeunes, véritables piliers du développement.
Imaginons un jeune salarié à Bujumbura : chaque jour, pour se rendre au bureau, il est contraint de prendre un cangacanga à 4 000 BIF le trajet. Aller-retour ? 8 000 BIF. Multipliez par 5 jours par semaine, puis par 4 semaines… Cela fait 160 000 BIF par mois, soit près d’un tiers de son salaire net, s’il est par exemple payé à raison de 500 000 BIF le mois (sans dire que ceux qui perçoivent ce montant ne sont pas nombreux).
Et pourtant, ce jeune s’efforce de tenir le rythme, de payer son loyer et de couvrir ses besoins essentiels. On peut alors se demander : peut-on réellement parler de paix quand le simple fait de se rendre au travail transforme le quotidien en un véritable calvaire ?
À New York, lors du Forum de haut niveau sur la culture de la paix, Zéphyrin Maniratanga, Représentant permanent du Burundi auprès des Nations Unies, a pris la parole pour rappeler que le Burundi et l’Union africaine misent sur leur plus grande richesse : la jeunesse.
Le gouvernement multiplie les initiatives en sa faveur : banques d’investissement, programmes d’autonomisation économique, centres pour jeunes… Des actions qui traduisent une réelle volonté de donner à la jeunesse les moyens de contribuer à la construction de la paix. Mais les attentes restent immenses : si la sécurité semble assurée, une paix durable exige aussi des opportunités concrètes, des perspectives économiques et un accompagnement qui donnent corps à ces engagements.
Ces autres aspects de la sécurité pour la jeunesse
La sécurité, ce n’est pas seulement l’absence de crépitement d’armes. Elle doit aussi être sociale, avec des services de base solides : de l’eau qui coule régulièrement, de l’électricité fiable, des transports qui ne ruinent pas les usagers. Elle doit être économique, avec de vraies opportunités : celles qui donnent envie de bâtir un avenir ici, plutôt que de rêver d’ailleurs. Sinon, comment s’étonner que tant de jeunes cherchent encore la porte de sortie, tentant leur chance au-delà des frontières, comme le montre si bien ce petit sondage de Yaga ?
Et si l’on passait du décor à la vie ?
Le Burundi dispose déjà de centres pour jeunes. Sur le papier, ces espaces devraient être des carrefours d’épanouissement et d’innovation. Mais dans la réalité, beaucoup sont sous-exploités, presque déserts. Et si on les réinventait ? Imaginez : une connexion internet stable (par exemple via Starlink) dans chaque centre ; une dizaine d’ordinateurs accessibles gratuitement pour apprendre, chercher un emploi, développer des projets. Des formations pratiques : agriculture moderne, numérique, langues, entrepreneuriat. Ces petites améliorations pourraient radicalement transformer la manière dont les jeunes perçoivent et utilisent ces espaces.
La paix se construit avec ceux qui la porteront demain
Dans une région comme l’EAC, marquée par des tensions, on entend souvent : « Qui veut la paix prépare la guerre ». Mais au Burundi, ne devrait-on pas plutôt dire : « Qui veut la paix prépare l’avenir de sa jeunesse ? »
Reconstruire un pays après des décennies de conflits n’est pas une partie de plaisir, il faut le reconnaître. Même la jeunesse qui n’a pas connu la guerre a eu, en 2015, un aperçu de ce que la violence peut faire. La paix ne se décrète pas par un simple « abracadabra ». Elle se bâtit à travers des stratégies concrètes, durables et réalistes. Sans cela, elle restera fragile.
Mais il y a de l’espoir : « turi kumwe twese, birashoboka ». Ensemble, grâce à des actions réfléchies et un véritable soutien à la jeunesse, la paix durable peut devenir une réalité, non plus un simple idéal à atteindre.