Depuis que le parti de l’aigle a gagné le triple scrutin du 20 mai 2020, on assiste à un renouvellement de l’establishment en tenant compte des équilibrages ethniques et genre. actuelle autorise cet état de fait. Mais il ne faut pas oublier que la Constitution est beaucoup plus une œuvre de circonstance qu’une construction logique, et qui de surcroît peut contenir des erreurs.
Les problématiques suivantes devraient interpeller notre personnel politique. Quelle idéologie politique pourrait rassembler les Burundais dans toutes leurs différences ? Comment se fait-il que quelqu’un qui a été élu sur base d’une liste bloquée peut prétendre représenter sa composante ethnique ?
En effet, non seulement la Constitution, la nouvelle comme l’ancienne, reconnaît les ethnies mais aussi elle les . en est l’exemple assez significatif. L’image des deux urnes sur lesquelles on pouvait lire hutu et tutsi laisserait croire à un observateur non avisé que le Sénat est un bastion des antagonismes hutu-tutsi. Ce qui n’est pas le cas pour autant.
#Burundi élection @burundi_senat province @KirundoProvinc Jean Bosco Ntunzwenimana ancien ministre des travaux publics et cette femme, tous du @CnddFdd viennent d'être élu sénateurs de Kirundi. pic.twitter.com/ThDopAcuwE
— BIGIRINDAVYI Thierry (@BIGIRINDAVYIThi) July 20, 2020
On a un équilibre ethnique sans équilibre politique. Cela est autorisé par un système politique présidentiel fort où . Dans ce cas, on assiste à une domestication des assemblées lui servant de caisse de résonance à partir du moment où les lois et les nominations importantes passent comme une lettre à la poste.
Dans cette perspective, le billet d’entrée en politique obéit aux en place et lieu des critères objectifs de compétence et de mérite avec pour conséquence l’affaiblissement des institutions fondamentales de l’État. Et d’ailleurs, il n’est pas osé de dire que la politique est le seul domaine où l’incompétence n’est pas sanctionnée.
Connecter le nez au cerveau
Il est vrai que les accords d’Arusha ont produit une relative accalmie en consacrant le partage du pouvoir, ce gâteau national. Pour les médiateurs, il s’agissait d’une solution burundaise au problème burundais. Mais la réalité actuelle nous met face à d’autres problèmes universels auxquels il ne faudrait pas répondre ethniquement. Il s’agit entre autres des questions relatives à la croissance économique et démographique, au bien-être des Burundais, au réchauffement climatique, au chômage élevé des jeunes qui, pour la majorité, n’ont d’ailleurs pas la moindre idée du contenu de ces accords.
En outre, la géographie électorale de 2020 est un cas d’étude pour comprendre l’enjeu et penser aux perspectives d’avenir. Une chose est sûre. Aucun pays au monde ne s’est développé sur base des jeux d’équilibrage et de cooptation. Seuls les critères de mérite et de compétence devraient être pris en compte. Par ailleurs, et si les femmes et les batwa refusaient la petite part qu’on leur laisse ?
La nouvelle génération doit se défaire de ce fardeau
Non seulement la jeune génération est sous-représentée dans les instances de prise de décision, mais en plus, elle porte un lourd fardeau en héritage de ces clivages ethniques. Plutôt que de faire toujours des reproches aux aînés, tout jeune devrait d’abord cesser d’écouter les « entrepreneurs identitaires ». Car si on veut résoudre un problème avec celui qui l’a créé, on se retrouve avec deux problèmes. La nouvelle génération devrait s’intéresser beaucoup plus aux notions de leadership, de bonne gouvernance, de droits de l’Homme, d’entrepreneuriat et aux nouvelles technologies pour qu’émerge enfin une seule et unique identité nationale.
L’élite au pouvoir devrait faire preuve de volonté et fournir plus d’effort dans la promotion de l’état de droit, de justice sociale, de démocratie et investir dans l’homme. L’histoire des ethnies devrait n’être qu’une histoire ancienne.
Nous avons pourtant assez d’expériences pour comprendre que la bonne gestion du pays n’est pas liée aux ethnies. Au début, nous avons été dirigés par des pouvoirs tutsisans, qui ont lamentablement échoué à stabiliser socialement et économiquement le pays. Nous nous sommes dit que les pouvoirs hutisans feraient mieux: eh bien non, le constat est que nous sommes encore loin de la stabilité sociale et économique. « Igiti ntikigukora mu jisho kabiri », dit-on. Peut-être que nous approchons sagement de la dernière étape où nous choisirons simplement des hommes et des femmes issus de la quatrième ou cinquième ethnie, celle des compétents et honnêtes gens. Ils sont dans toutes les ethnies.