Nyabugete vient de passer une semaine entière sans eau. Les familles doivent supporter des coûts supplémentaires en achetant de l’eau puisée dans le lac Tanganyika. Cris d’alarme d’un habitant.
Chaque matin, au saut du lit, Je suis plein d’espoir et de force. Mais depuis mardi dernier, rien n’y fait. Je suis désespéré. Cela doit être dû à des travaux d’une urgence extrême qui sont à l’origine de cette coupure, me dis-je à chaque fois. Quelle ironie ! Je vérifie sur X, pour voir si la Burundaise des Eaux aurait annoncé une panne technique ou une intempérie ayant causé la coupure de l’eau. Mais rien.
D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que nous passons une semaine sans avoir une seule goutte d’eau dans les robinets. Difficile à croire. À Nyabugete, l’or bleu devient de l’or noir. Nous avons vécu cette situation pendant les trois mois de la saison sèche. Mais je me disais que cela pouvait être dû à la baisse du niveau des eaux. Et voilà, nous sommes confrontés au même problème pendant la saison pluvieuse.
L’eau puisée dans le lac coûte les yeux de la tête
La coupure de l’eau nous coûte une fortune, faisant saigner notre porte-monnaie.
Depuis mardi dernier, je suis contraint de payer 700 BIF pour un bidon de 20 litres d’eau sale puisée dans le lac Tanganyika. Pour nos besoins de lavage, de lessive et de cuisson, nous avons besoin d’au moins 6 bidons, ce qui représente une dépense de 5600 BIF par jour.
Et ce n’est pas tout. Nous devons également acheter de l’eau minérale à boire, car nous ne pouvons pas bouillir l’eau puisée du lac, qui est trop sale et nauséabonde. Pourtant, bouillir de l’eau est une stratégie économique qui permet de boire une eau saine sans dépenser beaucoup d’argent.
Chaque jour, nous déboursons donc 4000 BIF pour acheter de l’eau minérale. Au cours des 6 derniers jours, j’ai dépensé plus de 56 mille BIF. Croyez-le ou non, cette somme dépasse même le montant que j’ai payé à la Regideso au cours des trois derniers trimestres.
Un rationnement de l’eau injuste
L’eau est devenue le produit le plus cher à cause des coupures de l’eau. Il n’y a pas si longtemps, notre RTNB, que je préfère évidemment à d’autres medias, nous a rappelé les projets en cours et les sacrifices consentis par l’État qui sue sang et eau pour que nos robinets n’arrêtent de gazouiller.
C’est vrai, il y a des quartiers qui ne connaissent pas de coupures d’eau. Ce matin, j’ai même vu des stations de lavage de voitures fonctionner normalement ! D’ailleurs, certains de mes amis ne me croient pas lorsque je me plains de ne pas avoir d’eau depuis mardi dernier.
Les faits sont là. La Regideso semble avoir du mal à gérer les ressources en eau dont elle dispose. Je doute même qu’elle ait mis en place un système de rationnement. La preuve en est que certains quartiers de la ville de Bujumbura sont privés d’eau depuis plusieurs jours, tandis que d’autres n’ont jamais connu de coupures. Ces coupures intempestives et désordonnées restent incompréhensibles. Il n’y a aucune communication pour informer les clients.
Les travailleurs domestiques en souffrent
Les travailleurs domestiques sont les premières victimes. Ils travaillent jour et nuit, passant même des nuits blanches à attendre, en vain, que l’eau coule.
Pour rappel, quand il n’y a pas de coupures, l’eau arrive dans les robinets à 23 h. Des fois, il faut 2 heures pour remplir la moitié de nos bidons et ustensiles. Aux meilleures nuits, en une demi-heure, nos bidons sont pleins à ras bord. Mais il suffit qu’un voisin ouvre ses robinets pour que nos travailleurs soient obligés de rester éveillés jusqu’à l’heure du muezzin, à l’aube !
En attendant…
Ceux qui viennent du monde rural connaissent le bonheur qu’ils ressentent en évoquant les rudes corvées quotidiennes, notamment lorsqu’il s’agit d’aller chercher de l’eau à la source. Faute d’avoir une citerne, je me console en me remémorant la fontaine de mon village natal, Gihondogori, qui coule sans interruption depuis que je l’ai découverte. Elle éveille toujours en moi les notes cristallines de la première chanson que j’ai apprise à l’école primaire : « A la claire fontaine… ».
Dans une partie du quartier Gasekebuye on vit comme ça depuis longtemps et personne n’en parle🥹dites-vous que voir l’eau du robinet est toujours comme une surprise …une semaine sans eau ?! normal on a l’habitude mais un mal au coeur.