Les professionnels du sexe souhaitent une reconnaissance. Lionel Healing
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« Nous devons nous débarrasser de toute honte »

Les professionnels du sexe de Bukavu sont réunis dans des clubs de plaisir, leur lieu de travail. Dans ce chef-lieu de la province du Sud-Kivu, dans l’est de la République Démocratique du Congo, des séances d’éducation sur la vie sexuelle viennent d’y être organisées.

Comment se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles, les grossesses indésirables et aussi comment protéger leurs partenaires. Les prostitués sont déterminés à s’organiser et à mieux faire leur travail. Ils souhaitent vivre de celui-ci sans pour autant causer des préjudices à leurs proches et à d’autres personnes.

Plus question de honte
« Nous devons nous débarrasser de toute honte et exercer notre métier en toute responsabilité », lance Blandine, la vingtaine révolue, prostituée exerçant dans la commune de Kadutu, l’une de trois communes de la ville de Bukavu. Pour cette jeune femme, brune et ravissante, il est désormais grand temps de sortir de la clandestinité pour exercer en toute liberté.

« Nous vivons et faisons vivre nos familles de ce métier, nous devons donc le valoriser et le prendre au sérieux », ajoute, pour sa part, Sylva, son amie et colocataire d’un petit appartement où elles rencontrent leurs clients. Pour le responsable de l’association de clubs de plaisir des professionnelles du sexe, les prostitués, hommes ou femmes, doivent être bien accompagnés et formés afin de pouvoir exercer leur métier en toute responsabilité. Ils doivent non seulement se protéger eux-mêmes, mais aussi protéger leurs partenaires. Pour y parvenir, des séances de sensibilisation et de formation sont indispensables.

A l’école de la sexualité responsable
Elles sont une bonne vingtaine de femmes, exerçant dans la ville de Bukavu, à avoir été formées par l’Association de Santé Familiale (ASF) trois jours durant sur les méthodes de protection contre la contamination des maladies sexuellement transmissibles (MST) et contre les grossesses indésirables. A ce groupe s’ajoutent trois jeunes garçons qui suivent ces séances d ‘information. Ils sont homosexuels. « Nous avons le droit de vivre et d’exprimer nos sentiments amoureux, n’en déplaise aux méchantes langues qui ne veulent pas nous accepter ni nous tolérer », lance, Barbara, sexy jeune homme de 19 ans venu de Kinshasa.

« Avec les notions apprises, je connais désormais comment me protéger contre des grossesses », se félicite une des participantes. Cette jeune femme s’est retrouvé enceinte six fois en cinq ans de pratique du métier. De ces six grossesses contractées, elle en a mené une seule à terme, qui lui donné une fillette, mais toutes les autres cinq, j’ai eu à les « solder », reconnaît-elle, sans aucun remords.

Pour bon nombre de ces professionnels du sexe, seul l’argent comptait. « J’avais deux tarifs : 5 dollars pour une passe rapide, avec préservatif, et 20 dollars pour plusieurs passes, mais sans préservatif. Maintenant que je viens d’être informée de tous les risques encourus en ne me protégeant pas, plus question d’y aller n’importe comment », reconnaît Sylvie.

Après la formation, tous ces professionnels du sexe ont suivi un test de dépistage du vih/sida. Ils ont repris leur travail, mais grâce aux nouvelles informations reçues, ils exercent désormais d’une manière plus responsable la plus vielle de profession au monde, la prostitution.

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