Un peu comme pour Mwezi Gisabo, la succession de Mbikije ne sera pas une douce sinécure. Son fils Bangiricenge ou Mwambutsa IV de son nom de règne, orphelin, se trouvera dans des conflits interminables à la cour, ce qui ne sera pas sans impacter négativement son éducation.
Né en 1912, le jeune et orphelin Bangiricenge est intronisé le 16 décembre 1915, à seulement trois ans. Et comme pour son père Mbikije, cette intronisation s’inscrit dans des interminables dissensions intestines toujours alimentée par l’ambitieuse reine Ririkumutima. Cette dernière, comme pour Mbikije, se verra investie du statut de reine-mère sous Mwambutsa IV, ceci après avoir sa mère Ngezahayo. Une élimination qui s’inscrirait dans son ambition de voir un de ses fils investi roi et elle investie reine-mère.
D’ailleurs, certaines sources évoquent que la même Ririkumutima tentera de se débarrasser du jeune Mwambutsa. Ce dernier n’aurait eu la vie sauve que grâce à l’intervention de Ntarugera, l’autre influent fils de Mwezi Gisabo. Plus sceptiques, d’autres sources avancent que le vrai Mwambutsa aurait disparu et qu’à la place, c’est un des fils de Karabona (fils de Ririkumutima) qui sera intronisé.
Les récurrents conflits de régence
Vous l’aurez compris, investi à trois ans, c’est un Bangiricenge qui ne pouvait pas régner. L’exigence d’une ne faisait que s’imposait. Ainsi, à la mort de Mutaga Mbikije, en plein colonisation allemande, le conseil de régence sera institué par le résident allemand Von Langenn. C’est Ririkumutima, son fils Nduwumwe et Ntarugera qui constitueront ce conseil. Mais, n’habitant pas à la cour royale et s’y rendant rarement, Ntarugera n’avait pas d’influence à côté de l’influente Ririkumutima et ses fils.
Et à la mort de Ririkumutima en 1917, c’est son fils Karabona, réputé intègre, qui sera désigné pour la remplacer. Qui plus est, la mort de Ntarugera en 1921, permet d’élargir le conseil de la régence : Nyenama et un certain Baranyanka font leur entrée dans le cercle de régence. Et dans ce qui sera qualifié comme réconciliation, ce conseil de régence comprenait et les Batare et les Bezi. Une bonne chose, dans un Burundi habitué aux chicaneries claniques au sein même de la dynastie Ganwa.
Mwambutsa et sa tardive et insuffisante éducation
Comme vous pouvez le deviner, le climat de la haine entretenu à la cour royale et le sentiment de méfiance face à la colonisation belge ne pouvaient pas permettre de donner au jeune roi une éducation digne de ce nom. En effet, selon l’historien Émile Mworoha, orphelin de père et de mère dès le bas âge, il avait à sa disposition des gens qui pour la plupart avaient mal accueilli son couronnement, ce qui ne sera pas sans répercussion sur son éducation. D’ailleurs, son éducation scolaire commencera tardivement. À 13 ans. La raison ? Ses oncles et régents le lui auraient refusé. La suite, c’est un Mwambutsa qui fera de courtes études et qui ne se mariera qu’à seulement 18 ans pour divorcer dix ans plus tard.
Tout cela pour nous permettre de conclure qu’en fin de compte, sa longue minorité, son éducation peu rigoureuse et sa faible personnalité joueront le jeu de l’administration coloniale belge et les mutations de la société burundaise qui en résultera. On vous racontera la suite bientôt.
J’ai eu sous la main un livre « le Burundi en couleur » où l’on voit clairement que l’enfant supposé être Mwambutsa était un enfant de teint clair.
Le règne de Mwambutsa Bangiricenge ou de Mutaga Mbikije n’avaient plus beaucoup d’importance puisqu’ils n’avaient plus pratiquement aucun pouvoir. Ils n’étaient plus que des figurants soumis au pouvoir colonial allemand puis belge.
Vous avez raison
Vous vous trompez lourdement sur la personnalité de Mwambutsa. Lisez le livre de Jean Paul Harroy « Burundi » et celui de Valentin Bankumuhari sur le Conseil Supérieur du Pays et vous cernerez une autre personnalité de Mwambutsa qui accompagnera le pays vers l’indépendance