Après plus de quatre mois de contestation contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza, Musaga est devenu un véritable « enfer » pour la police et ses habitants. La bloggeuse Dacia Munezero tire la sonnette d’alarme et place ses espoirs dans les deux mois donnés par le chef de l’État pour le retour au calme.
À Musaga, une policière contrôle les papiers des véhicules du quartier. Lorsqu’un conducteur lui demande de bien vouloir l’excuser de ne pas avoir tous les documents nécessaires, l’agent s’offusque : « Vous excuser alors que vous ne faites que nous tuer chaque jour ? Il n’est pas question de vous excuser ! Allez-vous expliquer à l’OPJ [Officier de police judiciaire, NDLR] ! »
À Musaga, l’heure n’est plus aux excuses. L’attitude de cette policère laisse transparaître l’angoisse et la haine des forces de l’ordre face aux habitants du secteur.
De nombreux policiers tués…
Le quartier contestataire est devenu la bête noire des policiers. Il est devenu leur champ de bataille, leur champ de mort.
La plupart du temps, ils sont victimes de grenades lancées pendant les patrouilles et les fameuses fouilles-perquisitions. Lancées par qui ? Mystère. Mais pour les forces de l’ordre, il est hors de question que tout cela reste impuni. Et tous les moyens semblent bons. Des jeunes gens sont arrêtés sans aucune preuve. Ils sont séquestrés, parfois torturés. Mais malgré tout, les attaques continuent, pour ne pas dire qu’elles se multiplient.
Chez les hommes en uniforme, c’est toujours la rage qui domine. Cette envie d’en découdre avec ce quartier « rebelle », ses habitants, ses « assaillants ». Mais qui sont vraiment les agresseurs ?
…par des armes fantômes
« Ce ne sont pas nos garçons qui lancent ces grenades. Ceux qui sont emprisonnés sont des innocents », plaide une mère du quartier dont le fils est sous les verrous.
Accordons-lui le bénéfice du doute. Mais alors qui se trouve donc derrière ces attaques nocturnes ? Et surtout, où sont ces armes qui causent autant de victimes mais que l’on ne parvient presque jamais à retrouver lors des fouilles ?
Presque toutes les fouilles-perquisitions restent improductives tandis que le nombre de victimes ne cesse d’augmenter.
Vendredi 4 septembre, une armada de policiers a quadrillé tout Musaga. Leur objectif était de trouver toutes ces grenades et tous ces fusils qui empêchent les citadins de fermer les yeux pendant la nuit. Bilan de l’opération : une cinquantaine de jeunes interpellés ; mais toujours aucune arme retrouvée.
Musaga n’est pas le seul quartier problématique pour les forces de l’ordre. Tous les quartiers contestataires connaissent les mêmes mésaventures. Presque toutes les fouilles-perquisitions restent improductives. Le nombre de victimes, lui, ne cesse d’augmenter. Les deux mois promis par le président pour le retour à l’ordre seront-ils concluant ? Attendons de voir.