Jadis stigmatisées, aujourd’hui exposées, les mères célibataires incarnent la force silencieuse mais d’une redoutable efficacité. Pour autant, le regard qu’on porte sur elles a-t-il changé ? A-t-on vraiment évolué ?
Il fut un temps pas si lointain où être mère célibataire était un secret qu’on cachait comme une tache. Une grossesse hors mariage ? Une faute. Un mari parti ? Une honte. Ces femmes, nos mères, nos tantes, nos voisines, ont souvent vécu dans l’ombre, réduites à des murmures dans les ruelles. La société les regardait à travers une vitre épaisse de jugement, les condamnant pour avoir porté seules ce que d’autres portaient à deux.
Elles n’avaient ni le droit d’être fatiguées, ni celui de dire qu’elles n’en pouvaient plus. C’était marcher droit, sourire quand même, et baisser les yeux devant les regards lourds. Beaucoup ont tout sacrifié, parfois même leur dignité, pour leurs enfants.
Les préjugés changent de visage
Une amie me l’a dit un jour, avec des mots qui m’ont touchée au cœur : « Sans te mentir, je ne me considère pas comme une single mom. I’m a whole mom. Ce n’est pas parce que je suis célibataire que je suis un parent à moitié. Ma situation n’est pas idéale, mais pourquoi me vole-t-on mon enfant en me considérant comme un parent incomplet ? »
Mais sous cette couche de modernité, il reste des relents d’hier. Dans les familles, les traditions tiennent bon : une femme seule avec un enfant, c’est encore, pour certains, un « échec ». Une vie « incomplète ». On loue leur courage, mais on chuchote aussi : « Où est le père ? » comme si aimer suffisait seulement à deux.
Les mères célibataires ne sont plus des parias, mais elles restent souvent sur la défensive. Elles doivent prouver qu’elles peuvent tout faire : être mère, être femme, travailler, aimer à nouveau, mais pas trop vite, surtout pas.
Ce qu’on oublie de dire
Ce n’est pas un modèle, c’est une réalité. Une réalité que certaines embrassent avec bravoure, d’autres subissent en silence. Mais il ne faut pas romantiser leur combat. L’idéal serait qu’elles soient soutenues, respectées, entourées mais pas admirées parce qu’elles ont dû tout affronter seules, mais parce qu’elles l’ont fait quand même.
Être mère seule, ce n’est pas un statut. C’est une vie, un chemin, parfois choisi, parfois subi. Alors non, ce n’est plus tout à fait comme avant. Mais ce n’est pas encore assez.