Aujourd’hui, il ne suffit pas de fréquenter les salons de coiffure VIP pour un bonus de massage du cuir chevelu après coiffure. Nombreux salons de coiffure font ce business. Au-delà du bien-être, le massage de la tête cache une autre réalité. Récit.
« Ako ka massage abapapa n’abasore baragakunda ». Ce n’est pas moi qui le dis, mais bien Philbert, coiffeur dans un salon de coiffure de Gitega. Et il sait de quoi il parle. Nous sommes un certain samedi de juillet. Avec juillet et août, chaque week-end rime avec fêtes, et passer dans un salon de coiffure pour rafraîchir son look est un must.
J’étais donc à Gitega pour un mariage, et je devais trouver où me faire une bonne coiffure « Ordinaire ya kidding » ma préférée. Du coup, je m’adresse à un ami. « Ooh, j’ai un numéro d’une masseuse. Attends, je l’appelle », répond-il immédiatement. Je ne parviens pas à comprendre comment il me parle de masseuse, alors que moi, je lui parle de coiffure. « Eeh man, c’est lié. De nos jours, se coiffer va de pair avec un massage du cuir chevelu », ajoute-t-il, d’un air égayé. Par curiosité, je décide de foncer pour découvrir ce nouveau concept qu’est le massage dans un salon de coiffure.
Expérience
A peine arrivé, je remarque de prime abord que le salon de coiffure qui offre ce service n’est pas VIP. Et ce ne sont pas les clients qui manquent. Nous devons même attendre notre tour arrive pour poser notre tête dans les mains de Philibert. Comme l’a prédit Paul Zane Pilzer en 2002, dans son livre « The Wellness Revolution », le bien-être sera le marché florissant du XXI siècle. Le gars avait vu juste. Les salons de coiffure à Gitega sont de plus en plus nombreux à ouvrir des espaces de bien-être pour massage relaxant du cuir chevelu. « L’objectif est de répondre à une demande grandissante de la clientèle, où le passage au salon de coiffure devient un moment de détente à moindre coût », confie Philibert, notre coiffeur.
Après m’avoir coiffé, il me gomme des trucs sur le visage, avant de m’indiquer la chambre pour massage et lavage de la tête. Voilà comment je me retrouve dans une toute petite chambre, avec une jeune demoiselle, sourire aux lèvres et mini-jupe alléchant. Cette dernière ferme la porte. La chambre est légèrement éclairée. Elle m’installe dans un fauteuil, en position assise. Ma tête se retrouve penchée en arrière, coincée entre ces deux nichons. Comme ce sont des massages de la tête, ils se font totalement habiller. Avec de l’huile, de l’eau chaude, les mouvements lents et rythmés de ses doigts sur mon visage et mon cuir chevelu me plongent dans des sensations extraordinaires. Mon mental commence à décrocher, et le corps à recharger ses batteries. Un moment précieux et planant.
Le bémol
Au bout d’un moment, la masseuse me demande de déboutonner ma chemise pour un massage de la nuque. « Si vous voulez un message au-delà, ou plus tard me toucher, n’hésitez pas à demander ». Je fais semblant de ne pas comprendre. Voyant mon hésitation, elle s’excuse. « Désolé, si vous êtes marié, votre femme risque de ne pas aimer si elle vient à savoir que vous êtes venu ici ». Là, je profite pour engager une discussion.
« Pour une coiffure de 2000 Fbu, nous sommes payées 500 Fbu par homme massé, le coiffeur prend également 500 Fbu et le propriétaire du salon de coiffure prend 1000 Fbu. Cette somme est si minime que nous sommes obligées d’offrir d’autres services moyennant une somme d’argent pour profiter du temps présent », m’explique calmement. Les adultes ont compris. À la fin du massage, elle me donne volontiers son numéro de téléphone. Là, je venais de comprendre pourquoi mon ami a le numéro de contact de la masseuse, et non celui du coiffeur.
Mille raisons
En quittant ma masseuse, Philibert m’explique que ce service est plus qu’un massage. « L’intégration de ce service dans notre salon de coiffure qui était classique, nous a permis de diversifier notre offre, mais aussi de fidéliser nos clients en leur donnant envie de revenir nous voir », confie-t-il amusé, avant de renchérir que c’est un avantage indéniable de se démarquer des salons de coiffure concurrents qui proposent encore des services classiques. Cependant, Philibert ajoute que certaines femmes n’aiment pas que leurs maris fréquentent ces salons de coiffure. « Souvent, ils prennent des numéros de ces masseuses, et ce qui s’en suit n’est pas bon du tout pour le couple ».
À la sortie, le constat a été que les clients qui se rendent dans ces salons de coiffure sont très heureux d’être là. C’est un véritable moment de détente dont ils ressortent rassérénés.
Ako kantu Niko kwl. Philbert naduhe adresse