Donner ou ne pas donner? C’est une décision qui dépend de chacun. Mais face à l’ingéniosité qui est déployée, il est parfois difficile de dire non.
Samedi dernier, je suis allé en centre-ville pour faire quelques courses. En sortant du parking des bus vers les quartiers du nord de la capitale, je me dirige vers la galerie «le Parisien». J’ai emprunté la route séparant la Régie Nationale des Postes et le marché central en ruine. Soudain, juste à l’entrée de la Poste, en plein soleil, un jeune homme d’environ 27 ans, de taille moyenne, propre et bien portant me salue.
Sans complexe, il m’accoste et me sert une tirade : «Bonjour, puis-je vous demander un service? J’habite à Kanyosha, je manque 100Fbu pour le ticket de bus. Pouvez-vous m’aider s’il vous plaît?». Et tout bonnement, je lui ai donné les 100 francs.
En continuant, sur mon chemin, juste devant la Banque de crédit de Bujumbura (BCB), à la jonction de l’avenue de la Science et le Boulevard du Patrice Lumumba, un deuxième jeune homme m’attendait. Très humble et il me dit être orphelin de père et de mère. Comme le premier, lui non plus n’avait pas de ticket de bus.
Une fois mes courses finies, j’ai pris le boulevard Patrice Lumumba, et 2 minutes plus tard, sur le trottoir opposé à la Régie nationale des postes, juste avant le palais des Arts, un troisième, identique aux deux premiers vint me trouver. Les bras croisés, le regard désespéré, c’était un jeune très discret et courtois. «Puis-je vous demander quelque chose si ça ne vous dérange pas. Pouvez-vous me donner 100 Fbu?»
À double tranchant
Ce phénomène n’est pas récent, mais actuellement il atteint des proportions inquiétantes. À côté du ticket de bus, certains vous diront qu’ils veulent aller se faire soigner. Comme moi, je suis sûr que certains passants n’hésitent pas à glisser la main dans leurs poches pour en extraire quelques pièces, pensant porter secours aux gens en difficulté. Le sont-ils réellement? J’en doute. La plupart des ces jeunes sont dans la fleur de l’âge. Aucun n’est handicapé et ils ont la force de travailler. Comment expliquer alors que du lundi au vendredi ils tombent toujours en rade de 100 fbu pour le bus?
Ce qui me désole, c’est qu’à force de tirer sur cette ficelle, ils finiront par l’user. Et ce jour-là, un pauvre hère aura justement besoin de 100 Fbu pour le bus parce qu’il aura perdu son porte-monnaie ou se serait fait détrousser. Au-delà de l’opprobre de se faire traiter de mendiant, il sera obligé d’user de ses jambes pour rentrer chez lui car plus personne ne croira à ce genre d’histoires. Pour moi, c’en est fini.
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