Les actes de banditisme semblent redevenus monnaie courante dans la capitale du Burundi. Pire encore, ces crimes ne sont plus circonscris dans les cités populaires, mais ont débordé dans les quartiers cossus, abritant la plupart du temps de hauts dignitaires. Cette situation interpelle la blogueuse Elodie Muco.
Je suis née et j’ai grandi dans un pays en guerre. Plus j’avance en âge, plus mes espoirs de vivre dans un pays en paix s’amenuisent. Et où veux-je en venir ? A la sécurité. Je n’ai jamais connu cela, d’aussi loin que je me souvienne. La sécurité. Ce mot réconfortant, intriguant, rare. Ma conception de la sécurité ? La liberté d’aller et de venir sans être inquiété, à n’importe quelle heure, le jour comme la nuit, à pied, à vélo ou en voiture, peu importe. Bref, être libre de ses mouvements. Pourquoi je vous parle de sécurité? Parce que personne n’est à l’abri, de l’insécurité je veux dire. Je le sais maintenant. L’autre jour, une amie à moi s’est fait agresser le soir quand elle rentrait chez elle à Mutanga Nord à pied, après le travail. C’était aux alentours de 18h30, sur le boulevard du 28 Novembre. On lui a tout pris. Tout : sac à main, papiers, argent, téléphone,… Le mois dernier, j’apprenais au travers des réseaux sociaux qu’un ancien condisciple à moi avait failli être assassiné, étranglé sur le même boulevard par des voleurs. Il était 21h, il rentrait chez lui également. Dieu merci, il s’en est sorti. De justesse. Mais il a perdu sa voix pendant plusieurs jours.
Quid des quartiers huppés ?
J’habite non loin du boulevard du 28 Novembre, un des boulevards les plus connus de la ville de Bujumbura. Mieux encore, ce boulevard abrite le domicile des hautes autorités du pays, notamment le premier Vice-Président de la République, de nombreux ambassadeurs, ainsi que d’autres personnalités dont j’ignore la fonction (vous me pardonnerez mon ignorance à ce sujet). Comment de telles exactions peuvent-elles se commettre devant leurs portes ? Ont-ils conscience de ce qui se passe (juste sous leur nez, ai-je envie de dire) ? Le comble, c’est que ces malfrats sont maintenant connus par certains des habitants des alentours, mais que rien n’est fait pour arrêter cela. Je serais même tentée de dire que ces bandits, en faisant de ce boulevard leur terrain de chasse, se fichent complétement de ces dignitaires. Imaginez vous-même : un groupe de malfrats sillonnant, dépouillant, étranglant des gens sur un boulevard abritant le domicile d’un premier Vice-Président de la République. Quel culot ? Oui, ce boulevard est plutôt long je vous l’accorde, mais j’ai une suggestion à faire, moi petite, simple habitante des alentours de ce boulevard des autorités. Pourquoi ne pas mettre à notre disposition une ou plusieurs patrouilles de policiers tout le long de ce boulevard dès la tombée de la nuit ? Je me dis que le minimum à faire pour ces dignitaires serait d’assurer la sécurité dans le voisinage avant d’attaquer de plus grands problèmes qui hantent notre pays. Si on n’arrive pas à faire le ménage chez soi, comment se targuer de le faire à l’échelle de tout un pays ?