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Lettre aux Sénateurs : « Merci chers Sénateurs, vous m’avez séduit. »

Le 16 août, trois ministres du gouvernement étaient invités à une séance de questions orales au Sénat. Hausse des prix, rareté de certains produits sur le marché, recul de l’activité commerciale, fraude ou vol du sucre, administratifs défaillants, mais non destitués, … De sérieuses questions ont été posées sans langue de bois. Malheureusement, les réponses données étaient moins convaincantes. 

Chers Sénateurs, 

Ce n’est pas dans mes habitudes de suivre du début à la fin les séances de questions orales, que ce soit à l’Assemblée nationale ou au Sénat. Car souvent, les questions posées par les représentants du peuple, ne reflètent pas suffisamment les préoccupations et les intérêts de la population.

Mais la séance du 16 août m’a agréablement surprise. Bravo Chers Sénateurs. En tout cas, sous l’égide du président du Sénat, vous avez montré que c’est possible de plaider pour la cause de la population, et contrôler l’action gouvernementale. 

Merci d’avoir recommandé au ministre de l’Intérieur et au gouvernement de mettre en place une commission pour établir les responsabilités et répertorier les anciens propriétaires des échoppes dans les différents marchés et ceux qui ont investi dans leur construction. Cette question risquait, en effet, de créer le chaos dans le pays, après que certains locataires aient osé s’accaparer des stands de leurs ‘’patrons’’. 

Merci d’avoir rappelé au ministre de l’Intérieur le cas de l’administrateur de Mukaza, suspecté d’avoir volé ou détourné 15 tonnes de sucre. Et là, le ministre a évoqué le cas d’une enquête judiciaire. Mais, dans le passé proche, à Rumonge, un administrateur et d’autres administratifs ont été vite suspendus des fonctions et coffrés, en attendant la fin des enquêtes. Pourquoi ce deux poids, deux mesures ? 

Bravo pour lui avoir rappelé de veiller au respect des prix officiels sur certains produits. Et là, vous avez été impeccables en recommandant aux membres du gouvernement que les hauts gradés, et les dignitaires dont vous faites partie, ne soient plus sur les listes de ceux qui sont chargés de distribuer du sucre, du ciment, etc. 

Chers Sénateurs, votre préoccupation par rapport aux nouveaux contrats signés entre l’OBR et les commerçants dans les marchés publics rejoint celle de vos électeurs. Cette hausse généralisée des taxes et des impôts, risque de paralyser toute l’activité commerciale. Et souvenez-vous toujours que « trop d’impôts tue l’impôt ». Et si le commerce est paralysé, où l’OBR trouvera-t-il cet argent qu’il compte collecter en termes des milliards BIF ? 

La langue de bois de certains…

Toutefois, via cette séance, beaucoup des Burundais ont compris qu’un membre du gouvernement peut répondre sans vraiment répondre. Par exemple sur la question de l’extension de la Brarudi pour produire assez et satisfaire la demande interne, Mme Chantal Nijimbere, ministre du Commerce, de l’Industrie, a avoué qu’il y a un manque d’équipements et de matière première. Elle a dit que les projets sont là, sans en citer aucun. D’après elle, le secteur industriel est naissant au Burundi. Comment cela est-il possible après plus de 60 ans d’indépendance ? 

Pourtant, les Burundais se rappellent bien qu’il fut un moment où existaient bel et bien des usines de production comme COTEBU, COGERCO, OTB, SOSUMO, … d’ailleurs, certaines existent encore, bien qu’elles ne se portent pas bien. Peut-être qu’il fallait dire que le secteur est allé decrescendo, mais il n’est pas naissant. 

Chers Sénateurs, 

Merci d’avoir souligné que le ministère du Commerce et de l’Industrie est le poumon de l’économie du pays. Merci d’avoir fait remarquer que si le commerce ne marche pas, la BRB n’aura pas des devises. Idem pour les Banques commerciales. Merci d’avoir recommandé à Madame Nijimbere qu’il faut collaborer avec les commerçants pour voir les voies et moyens pouvant permettre au pays d’avoir des devises, au commerce d’être florissant. Vous avez été excellents en rappelant que même durant les périodes dures comme celle de l’embargo, des stratégies ont été mises en place pour que le pays continue de vivre. 

Merci d’avoir averti que même les transferts internationaux risquaient de se compliquer si on ne fait pas attention. En effet, vous avez bien expliqué que pour que cela soit possible, il faut que la BRB, les Banques commerciales aient des dépôts dans les banques intermédiaires. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. 

Chers Sénateurs, 

Il y a beaucoup de choses positives à dire sur votre engagement, détermination, courage, et votre franc-parler, lors de cette séance. 

J’aimerais terminer sur un souhait : que cela dure. Et si vous pouviez aller de l’avant, et inspirer vos pairs de l’hémicycle de Kigobe, à Bujumbura. En tout cas, vous aurez beaucoup d’auditeurs lors des différentes séances. 

Rappelez-vous toujours de cette phrase du Prince Louis Rwagasore : « Vous nous jugerez à nos actes, et votre satisfaction sera notre fierté. »

Bravo. Vous m’avez séduit cette fois.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Merci Yaga pour l’information dont je ne savais pas. Votre site de journalisme nous fait instruire et nous rappeler des choses qui se sont passées soit à la radion ou dans d’autres organisme. Tant d’autres comme journalistes, continuer à enseigner,rappeler tout ce qui se passe si c’est nécéssaire et ces dirigeants se corrigeront car parmis eux je pense qu’il y en a ceux qui suivent vos informations!