La récente révision du prix du sucre à la baisse, de 8 000 à 6 000 BIF par kg, bien que destinée à soulager la population, n’a malheureusement pas apporté les résultats escomptés. Le problème persiste : le sucre demeure à la fois cher et difficile à obtenir. Il est crucial d’explorer d’autres solutions pour remédier à cette crise. Une blogueuse a choisi de s’adresser directement à Madame la Ministre.
Chère Madame la Ministre,
Vous vous en rappelez sans doute, il y a plus d’un mois, le prix du sucre produit par la Société sucrière du Moso (Sosumo) a bondi, passant de 3 300 à 8 000 BIF. Cette augmentation a été décidée par Sosumo, la seule société produisant le sucre au Burundi depuis des années. Cette décision a provoqué une onde de choc et des débats enflammés sur les réseaux sociaux. Les tensions se sont exacerbées entre les différents acteurs concernés et les consommateurs. Le président de la République a fini par exprimer son désaccord, soulignant publiquement le fait que le prix fixé par la Sosumo dépassait celui du sucre importé d’Ouganda, ce qui est une anomalie pour cette denrée produite localement.
Face à la pression et à l’insatisfaction grandissante, le prix a été revu à la baisse le 17 octobre 2024 et fixé à 6 000 BIF le kg. Cette décision, prise sous votre égide, avait pour but de stabiliser le marché. Cependant, malgré cette révision, le sucre de la Sosumo est introuvable et son prix reste élevé, ce qui continue de grever le budget des ménages. Bien plus, sa distribution est caractérisée par des irrégularités.
Madame la Ministre,
Pour bien comprendre la situation, prenons le cas de ce père de famille vivant dans un des quartiers de la capitale économique. Il nous a confié son malheur : « Depuis des semaines, je cherche désespérément à acheter du sucre pour ma famille. Chaque jour, je me rends dans divers magasins et marchés, mais je repars souvent les mains vides. Lorsque je trouve enfin du sucre, c’est à un prix exorbitant (8 000 BIF pour le sucre de la Sosumo et 11 000 BIF pour le sucre importé) ».
Certains commerçants avec lesquels nous nous sommes entretenus expliquent qu’ils se sont approvisionnés alors que le prix était encore de 8 000 BIF le kg. C’est pourquoi ils le vendent à l’ancien prix. Bien plus, le constat est que certains points de vente ne vendent du sucre qu’à des clients réguliers ou à des connaissances, ce qui laisse croire qu’il y a des irrégularités.
A ce propos, le Premier ministre a réagi lors de la présentation du bilan semestriel du budget de l’Etat, devant le Parlement ce 24 octobre 2024. Il a déclaré à cette occasion : « Depuis que le prix du sucre a été fixé à 8 000 BIF et que le Chef de l’Etat a exprimé son désaccord, aucun grossiste n’a continué de s’approvisionner en sucre à la Sosumo », ce qui laisse penser que ceux qui vendent ce sucre à ce prix n’ont aucune raison de le faire.
Pour bien comprendre l’ampleur du problème actuel, il est peut-être utile d’examiner l’évolution du prix du sucre ces dernières années. De 2020 à 2023, le prix du sucre n’avait jamais augmenté de plus de 2 000 BIF par kg. Il est passé de 2 500 à 3 300 BIF. Les augmentations, bien que significatives, étaient relativement stables et prévisibles. Qu’est-ce qui a provoqué cette hausse spectaculaire de 3 300 à 8 000 BIF en si peu de temps ? Quels sont les critères sur lesquels la Sosumo s’est basée pour justifier une telle augmentation ? Et sur quelles bases le ministère a-t-il fixé le prix à 6 000 BIF ? Peut- être que ces éléments pourraient servir à baisser encore ce prix qui reste prohibitif pour une grande partie de la population.
Madame la Ministre,
Nous avons appris qu’à partir du 8 août 2024, le prix du sucre serait fixé selon le coût de production et d’importation, pour remédier à sa pénurie. Cela fait suite à une ordonnance visant à libéraliser le commerce du sucre. Quel est le résultat jusqu’à présent ?
Toutes ces solutions n’ayant pas apparemment apporté la solution pérenne à la pénurie du sucre, je vous implore de prendre d’autres mesures pour alléger le fardeau qui pèse sur les citoyens et garantir un accès équitable à ce produit de première nécessité. Il est impératif de réévaluer la situation actuelle du prix du sucre.
Il est également crucial de se poser les bonnes questions, notamment concernant le coût réel de production et d’importation du sucre. Y a-t-il eu une augmentation soudaine d’un des éléments entrant en compte qui justifierait la hausse vertigineuse de ce produit ? Il faudra peut-être aussi s’intéresser aux bénéfices réalisés par Sosumo et la manière dont ils sont redistribués. Une transparence accrue sur ces points permettrait de restaurer la confiance du public dans la gestion de cette société parapublique et de mieux comprendre la situation.