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Les P-Square, version est-africaine

Peter et Paul. Les deux « P » nigérians sont vrais jumeaux, musiciens*. Ceux d’Afrique de l’est ne sont ni frère ni cousin, mais viennent de pays faussement jumeaux, le Burundi et le Rwanda.

Les deux « P » d’Afrique de l’est ont un passé politique fort. Peter, fils d’ancien député, victime de la crise de 1972 qui a coûté la vie à des milliers de Burundais issus de l’élite hutu. Paul, tutsi rwandais, proche de la lignée royale du clan des Bega, contraint de grandir en exil en Ouganda depuis l’âge de quatre ans.

Ce n’est pas un hasard si tous deux sont présidents. Les faux jumeaux rêveraient de la même chose, paraît-il. L’un dit de surcroît avoir été choisi par « Dieu ». Soit !

Le pouvoir

Il ne faut pas l’oublier : nos deux « P » restent de faux jumeaux.

L’un, Paul, arrive au pouvoir par coup de force, en remportant la bataille sur son adversaire. Il s’installe, s’instaure, fait asseoir sa loi. Peter, lui, fait la guerre comme son jumeau, mais regagne le bercail par le chemin de la réconciliation. Il est accueilli par son ancien ennemi. Ils s’embrassent, partagent même le pouvoir.

Pour Paul, on parlera de dictature, pour Peter, de démocratie.

Leurs visions

En économie, ils sont légèrement différents. Paul parvient à galvaniser son peuple, le ranger derrière ce qu’il appelle « vision twenty-twenty », ce que sera le Rwanda en 2020. « Twenty-twenty », c’est de l’anglais, mais le citoyen lambda qui habite les collines de Gikongoro, qui ignore tout de la langue de Shakespeare, te vend cette vision avec la plus grande fierté. Résultat : d’après la Banque mondiale, en 2013, le produit intérieur brut par habitant était de 638,27 dollars au Rwanda, contre 267,11 dollars au Burundi.

Kigali serait en train de devenir la plaque tournante des grands projets de développement en Afrique de l’Est. Une épine dans le pied pour Peter, dont le peuple est parfois jaloux du prestige, de la clarté de Kigali, qui devient l’une des villes les plus chics d’Afrique.

La démocratie

Ils ont tout de même des traits de caractère communs, ces faux jumeaux. Irrités par les voix discordantes, prêts à mater toute opposition, hostiles à la liberté d’expression. Peter n’a jamais digéré une presse qui s’inscrit contre ses idées. Paul, lui, a pu tailler le paysage médiatique sur mesure.

Les deux « P » est-africains ont toujours tenu un discours musclé envers leurs opposants politiques. Pas de dialogue, pas de concession. Devant un troisième mandat illégal, inconstitutionnel, voire fatal, ils trouvent toujours des arguments. Pour Peter, l’illégalité n’en est pas un. Quant à Paul, il joue au chouchou du peuple, à l’irremplaçable et l’incontournable.

Finalement, nous savons que sur ce point ils sont semblables : être président à vie est une envie inconditionnelle chez eux.

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