Disponible en ligne durant trois semaines, le sondage sur les élections au Burundi a mobilisé près de 500 internautes, lecteurs de Waza, Yaga et du journal Iwacu. Les jeunes représentent la majorité des répondants. « Un Burundi nouveau », voilà ce qu’ils semblent souhaiter.
Profil des 481 sondés :
- 80% d’hommes, 20% de femmes
- 53% ont moins de 35 ans
- 71% vivent au Burundi, dont 71% à Bujumbura
- 29% vivent à l’étranger
Au Burundi, les préoccupations de la population, en particulier celles de la jeunesse, ne sont pratiquement pas prises en compte dans l’élaboration des politiques générales. Les jeunes s’en plaignent. Les sondés expriment leur insatisfaction face aux actions des élus de la législature passée.
Sans surprise, les répondants enjoignent les futurs élus à s’atteler en priorité à la réduction du chômage (59%). Le manque de travail pour les jeunes, c’est d’ailleurs un souci que nombreux pointent comme l’un des éléments déclencheurs de la crise actuelle.
Par les temps qui courent, l’autre grand défi est la sécurité du pays et de ses habitants. D’après les sondés, la deuxième priorité des futurs élus devrait ainsi être le désarmement des milices (53%). Dans les réponses « Autre » (14%), plusieurs se soucient de l’indépendance de la justice, « source de tous les maux au Burundi », avance même un participant au sondage.
La peur du monopartisme ?
Les élections suscitent une crainte quant à la sécurité, que les forces de l’ordre ne pourraient pas assurer convenablement, selon 49% des répondants. Malgré tout, une majorité des sondés (56%) souhaite que tous les candidats de l’opposition participent aux scrutins.
Cette logique peut se comprendre : une révision constitutionnelle est envisageable dans un avenir plus ou moins proche si la politique de la chaise vide est pratiquée. L’absence d’opposition au Parlement s’est déjà révélée fatale pour la loi sur la presse, par exemple. Les partis confrontés au CNDD-FDD sont donc devant un dilemme cornélien, pas seulement pour leurs intérêts, mais aussi pour leur rôle dans la consolidation de la démocratie.
Pierre Nkurunziza, candidat en tête
À quelques jours de la présidentielle, 52% des sondés ne savent toujours pas pour qui ils vont voter. L’hésitation de certains candidats à participer au scrutin semble jouer sur la décision des électeurs. 26% des répondants se disent indécis et 22% savent déjà pour qui ils voteront.
Ceux qui ont déjà un avis choisiront principalement entre deux candidats : Pierre Nkurunziza (55%) du CNDD-FDD ou Agathon Rwasa (29%), représentant des indépendants. En troisième position vient le MSD d’Alexis Sinduhije (9%).
Le Burundi et son avenir
Les premiers avis varient entre les sceptiques tout court et les sceptiques « conditionnels ». Si, dans les cinq prochaines années, le Burundi reste dirigé par le président Pierre Nkurunziza, plusieurs voient la crise perdurer. Un répondant signale : « Le Burundi de 2016 risque d’être un pays d’après-guerre si rien n’est fait pour l’éviter. »
Il y a ceux qui ne se prononcent pas de peur de se tromper. « Je n’ai aucune idée ; les Burundais sont imprévisibles », fait remarquer un sondé. D’autres voient en 2016 un Burundi plus prospère qu’avant.
De nombreuses réponses font part de l’espoir des Burundais de connaître un avenir meilleur en 2016. Ainsi, un sondé explique : « J’imagine que nous allons tourner vite cette vilaine page de l’histoire du Burundi pour retrouver un pays en paix et en route pour un vrai développement économique, politique et touristique. Je rêve peut-être, mais je veux y croire. » Ou encore : « Je souhaite un Burundi nouveau. Un Burundi de paix pour tous, de respect des droits humains, de non-violence, d’opportunité pour tous. »
Reconnaissons-le, les résultats de ce sondage ne reflètent que partiellement la réalité du terrain et l’opinion des Burundais. Ils donnent néanmoins une idée de la tendance générale.