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La lèpre : ce qu’il faut savoir sur cette maladie

Le 7 février avait lieu la 71ème journée mondiale des malades de lèpre au Burundi. Selon les rapports du PNILT (Programme National Intégré Lèpre-Tuberculose), il y a une recrudescence des cas de lèpre depuis 2018 (382 en 2018 contre 497 en 2022). Retour sur l’aspect clinique de cette maladie, mais également sur ses réalités au Burundi.

La lèpre a été identifiée scientifiquement en 1873 par un médecin norvégien, Gerhard Armauer Hansen, d’où l’appellation de « Maladie de Hansen ». Elle a été classée par l’OMS parmi les maladies tropicales négligées. Elle est transmissible par voie respiratoire, entre autres par un éternuement ou une toux, étant donné que la bactérie causale (bacille de Hansen) s’élimine par voie nasale et dans la salive. 

Même si cette maladie est contagieuse, il faut un contact étroit et prolongé (pendant des semaines, des mois voire des années) avec le malade pour être infecté. En outre, ne sont contagieux que les malades qui ne sont pas traités et qui ont la forme multibacillaire. D’ores et déjà, vous comprendrez que dès que le malade est traité, il n’est plus contagieux.

Une chose surprenante : saviez-vous que la durée d’incubation du bacille de Hansen est en moyenne de 5 ans ? Cela veut dire que si vous êtes infectés aujourd’hui, vous ne présenterez les premiers symptômes qu’au bout de 5 ans. Par conséquent, il devient difficile de poser un diagnostic précoce, en l’absence des symptômes. De surcroît, le malade, pendant cette période d’incubation, pourra transmettre silencieusement la maladie à ses proches. 

Pour remédier à ce défi, le Dr Pancrace Ntibarufata, chef de service de prise en charge de la lèpre au PNILT, explique qu’aussitôt un cas dépisté, ils surveillent également l’état des personnes les plus proches du patient sur une période d’une année, en leur donnant une chimioprophylaxie, si besoin est.

Ce qu’il faut savoir sur les symptômes

Classiquement, le malade de lèpre présente d’abord sur sa peau une tache hypochromatique (dépigmentée), indolore et insensible. Ensuite, la maladie va évoluer par des lésions nerveuses qui se traduisent par une perte de sensibilité (entrainant des plaies perforantes qui cicatrisent mal), des déformations (mains et orteils en griffe), des paralysies (la paralysie faciale), pour ne citer que cela. Des complications fâcheuses s’en suivent, notamment la cécité ou la perte de certains organes (les doigts, les orteils, etc.). Mais ne vous inquiétez pas, rassure Dr Ntibarufata, « la lèpre est traitée gratuitement au Burundi et ce dans toutes les structures sanitaires »

Dr G.M. travaille dans un hôpital de Makamba (l’une des 7 provinces les plus endémiques) depuis environ 2 ans. Durant ces années, il a rencontré à peu près 5 cas de lèpre : « De ceux qui sont venus se faire soigner, la plupart était déjà au stade avancé de la maladie. Un seul est venu au stade précoce. A ce stade, le malade a des taches sur la peau. Il peut même avoir des nodules. Au stade avancé, le malade présente des plaies. Quelques fois, il a déjà perdu ses orteils»

La lèpre au Burundi

Selon les rapports du PNILT (Programme National Intégré Lèpre-Tuberculose), il y a une recrudescence des cas de lèpre depuis 2018 (382 en 2018 contre 497 en 2022). De plus, chaque année, le nombre de cas de lèpre multibacillaire l’emporte sur la lèpre paucibacillaire (320 multibacillaires contre 62 paucibacillaires en 2018, 334 multibacillaires contre 163 paucibacillaires en 2022). Cela veut dire qu’on a enregistré plus de malades ayant la forme contagieuse que ceux qui ont la forme non contagieuse. 

Le Dr Pancrace Ntibarufata nous donne une raison derrière ces chiffres : « Pendant les campagnes de dépistage, il y a des malades qui restent à la maison. Ils ont tendance à se cacher à cause de la discrimination qu’ils subissent ». Devant cette situation alarmante, la question qui se pose est : comment agir ? Et surtout, que faire pour éradiquer complètement cette maladie au Burundi ?

« Au niveau de la communauté, nous organisons des associations d’anciens malades de lèpre et d’agents de santé communautaire pour nous aider dans la sensibilisation», renseigne Dr Ntibarufata. Pour lui, il faudra aussi inverser la tendance au niveau des chiffres. C’est-à-dire que si l’on veut enregistrer 0 cas de lèpre en 2030 (objectif de l’OMS), il faudra d’abord parvenir à dépister plus de cas dans la forme non contagieuse que dans celle contagieuse.

 

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