Au moment où discours haineux, divisionnistes ou insultes semblent devenus le quotidien de certains Burundais, le blogueur-slameur Ezéchiel Ndayizeye nous revient avec des mots qui apaisent. Dans ce poème, il nous rappelle qu’on n’arrivera à rien sans associer et respecter l’autre.
Regarde-toi bien
À travers ce miroir !
Contemple ton visage !
Celui que tu vois, compatriote,
Ce n’est pas toi, c’est la face de l’autre
Parce que toi, tu es l’autre aux yeux de l’autre.
Tu dis que tu n’es pas comme l’autre
Justement !
Parce qu’ hier,
J’ai entendu aussi l’autre dire
Que tu es ce qu’il n’est pas
Et ce que tu es est loin d’être ce qu’il n’est pas
Car, cher compatriote, je te connais mieux que l’autre
Il dit que tu es rancunier, égoïste, raciste, très méchant
Parce qu’il pense ne pas l’être
Or, avoir un regard pareil sur l’autre
C’est démontrer qu’on est soi-même l’autre qu’on juge
Car on détecte facilement ce qui ressemble
À ce qu’on possède déjà.
Compatriote, j’ai commencé à avoir peur de toi.
L’autre nuit, tu disais que l’autre était menteur
Et que toi, tu ne l’étais pas.
En disant cela, j’ai découvert que le menteur
C’était plutôt toi,
Car l’autre je le connais mieux que toi
Il est tout sauf ce que tu penses de lui.
Compatriote,
À force de t’évader de ta propre prison de préjugés,
Tu partiras à la découverte de toi-même.
Tu te connaîtras
Et tu te rendras compte que l’autre…
Il est ce que tu es.
Tu trouveras que l’autre,
Je veux dire,
Celui qui ne te ressemble pas
Celui qui a les yeux bleus que tu détestes
Celui dont la langue est du charabia pour toi
Celui dont le nez est pointu comme la colline Songa
Ou gros comme les briques de la cathédrale
Celui qui vient d’ailleurs
Qui n’est pas de la même région que toi
…Est une réponse à tes soucis.
Oui, tu découvriras que l’autre,
Je veux dire,
Celui que tu appelles ennemi
Est la personne qu’il te faut
Pour embellir l’avenir
Pour faire de la vie, une véritable passion.
Compatriote,
Quand tu le rencontreras, l’autre,
Ne refais donc plus la bêtise de le maudire !
Ne l’ignore pas !
Ne le déteste pas !
Ne le tue pas !
Car entre ses mains peut se trouver
La clé de ton succès.