Les autorités des pays riverains du lac Tanganyika se sont convenues de suspendre la pêche pendant une période de 3 mois. Cependant, elles sont de plus en plus nombreuses les voix qui s’élèvent pour protester contre cette mesure. Si cela est maintenu, que deviendra la vie des milliers et de milliers de gens qui vivent de la pêche ? N’aurait-il pas fallu y penser avant de prendre cette mesure ?
Trois mois de fermeture du Lac Tanganyika, c’est trop long, se plaignent les pêcheurs et les consommateurs des produits halieutiques des 4 pays riverains de ce Lac. Des députés de la RDC et de la Tanzanie ont vigoureusement contesté cette mesure. Mais ne se réveillent-ils pas trop tard ? Où étaient-ils quand la mesure a été prise ?
Les députés du territoire du Lac Tanganyika en RDC se sont insurgés avant que la société civile congolaise ne leur emboite le pas en entamant des manifestations ce jeudi pour soutenir les pêcheurs.
Du côté de la Tanzanie, les élus du peuple avaient déjà élevé leurs voix. « C’est une mesure impopulaire », a proféré l’un d’eux.
Au Burundi, il a fallu attendre le jour J-4 pour entendre des voix retentir timidement depuis l’hémicycle de Kigobe pour demander que cette mesure soit suspendue. Les députés Rwasa et Gashatsi ont « prédit » que la fermeture du lac sera une catastrophe pour les pêcheurs et leurs familles, mais également le pays à travers les communes qui percevaient des taxes.
Au nom de la reproduction
Les prises deviennent de moins en moins nombreuses suite au matériel de pêche interdit mais pourtant utilisé ainsi que l’invasion de l’homme dans les zones de reproduction. Voilà les motifs qui ont poussé l’Autorité du Lac Tanganyika et les pays concernés à prendre une telle mesure qui devrait entrer en vigueur du 15 mai au 15 août 2023. Différentes autorités affirment avoir pris cette mesure pour permettre aux poissons de se reproduire afin d’augmenter les prises et donc la production.
L’association des pêcheurs du Burundi reste quant à elle perplexe. « Si la pêche continue dans d’autres pays riverains, qu’on nous laisse aussi continuer nos activités », dit Gabriel Butoyi président de cette association. Il est toutefois convaincu du bien-fondé de cette mesure sur la reproduction du poisson : « C’est dur mais nous devons être flexibles », concède-t-il.
25 000 dollars seulement !
Quelles sont les activités alternatives en faveur des pêcheurs (et ceux qui vivaient du lac) prévues par le Burundi durant les trois mois ? Cette question a été posée à tous les directeurs de pêche de chaque pays. Une inquiétude partagée avec nos partenaires, selon Sylvain Toussanga Directeur de l’Autorité du Lac Tanganyika ce mercredi à Rumonge devant un parterre de pêcheurs.
Les activités alternatives ont été prévues mais un problème s’est posé : où trouver des fonds ? « Je vais être sincère et directe avec vous : le projet est exécuté avec la FAO. Cette agence onusienne pour l’alimentation et l’agriculture a précisé qu’elle dispose seulement de 25 000 dollars. Pour mettre sur pieds un grand projet en faveur de ces pêcheurs, cela exige un grand budget. », a expliqué Toussanga. Selon lui, les fonds que cela nécessite n’ont pas encore été débloqués. Et d’ajouter : « Cette problématique est en train d’être analysée au haut niveau ».
De toute évidence, l’arrêt des activités des pêcheurs durant ces trois mois aurait dû être pensé par chaque pays longtemps avant la date fatidique. Par contre, c’est la vie de plusieurs familles qui risque d’être mise en danger. Rappelons qu’en 2014, l’on comptait 15 311 bateaux/pirogues opérant sur le lac du côté du Burundi.
C’est intriguant de prendre une telle décision sans des mesures d’accompagnement, franchement il y aura des problèmes graves si rien les autorités politiques font sourds d’oreilles.
La population souffre
C’est triste!!!!!!!