C’est nouveau, inhabituel. Nos politiques se livrent à un nouveau jeu : la volte-face. Et les matchs deviennent de plus en plus complexes avec ces élections qui approchent.
2013 et 2014 étaient essaimées d’innombrables tournois auxquels je me suis finalement et étrangement habituée, parfois au grand dam de ma volonté. Des bras droits qui tournent le dos à leurs maîtres, des égéries qui finissent en ennemis jurés de leurs mentors. Des trahisons, des coups bas, des crocs-en-jambe – j’ai tout vu, tout connu.
« Nos chers politiques, arrêtez de me déstabiliser »
Tenez, début 2015 naît le Rassemblement national pour le changement (Ranac). À sa tête : Agathon Rwasa, une figure de proue de l’opposition qui fait trembler les bagabo (traduisez : les « hommes ») du parti au pouvoir. Ébahie, je n’en crois pas mes oreilles. Rwasa aux côtés de Nditije ? Les Forces pour la libération nationale (FNL) alliées à l’Union pour le progrès national (Uprona) ? J’hallucine ou quoi ? C’est pourtant vrai. Je vais de surprise en surprise… Apparemment, il est en train de se faire piquer ladite coalition par l’un des présidents d’un autre parti. La politique dans toute sa laideur. Dubitative, je ne cesse de me questionner : se fait-il voler la coalition ou son idéologie ?
Ce petit manège – permettez-moi de l’appeler ainsi – inquiète et parfois même terrifie.
Le petit jeu n’épargne personne
Voilà que le parti de l’aigle (au pouvoir) s’invite dans la partie. Ahurissant ! Au début tous unanimes à la candidature du chef de l’État, quelques poids lourds du parti au pouvoir viennent de prendre position sur la question la plus épineuse du moment. Ils ont osé crier haut et fort : « Non, non et non » au troisième mandat du président Nkurunziza.
Amour de la nation, trahison, bonne foi ou spéculation ? Petite citoyenne que je suis, je ne saurais quoi répondre. Tout ce que je ne cesse de vouloir marteler, c’est : « Nos chers politiques, arrêtez de me déstabiliser, je suis confuse, plus partagée que jamais. Dites-moi seulement pourquoi je devrais voter pour vous et je vous jugerai par les urnes. »