Avec « Kwetu , le jeune réalisateur de 21 ans, Lionel Setukuru, conforte son statut de prodige dans le cinéma burundais. Ce 16 juillet, différents invités du monde de la culture ont assisté avec émotion à l’avant-première de « Kwetu » comme on assiste à la naissance d’un bébé. Récit.
A 18 heures, l’Institut français de Bujumbura était fin prêt: tapis rouge, séances photo, etc. Quant aux invités, la plupart d’entre eux s’étaient mis sur leur trente et un. Costards pour les hommes, robes de soirées pour les femmes. C’est que l’événement était tant attendu dans le cinéma burundais et le Bujumbura de la culture, en général.
Avant le début de la projection, à l’extérieur de la salle, un mélange d’éclats de rire, de câlins et de conversations dans un tohu-bohu des grands soirs. Sont venus en grand nombre les proches du réalisateur, les journalistes, les influenceurs ainsi que quelques figures de la mode. Et puis, la cloche a sonné. Le public était invité à entrer dans la salle. Les lumières se sont dissipées pour laisser place à la célébration du cinéma.
En attendant le septième art
L’événement s’était promis de convoquer tous les arts ou presque. Mission réussie. Tout au début, une chorale immaculée de noir monta sur la scène de la salle de projection, une jeune fille assise au milieu entonnant un chant. Une slameuse approcha le micro pour accompagner avec quelques vers la mélodie de ladite chorale. Surprise : Lionel Setukuru s’invita sur scène en chef d’orchestre, dirigea les choristes pour quelques poussières de minutes. Et il disparut avec sa chorale. Une entrée en matière bien réussie.
En attendant le plat principal, un humoriste, Rocher le Comédien, cracha quelques sketchs : des fou-rires dans la salle. Quelques minutes seulement après le début de l’événement, les invités étaient déjà bien installés. L’avant-première pouvait alors commencer.
La salle s’assombrit, le silence s’installa, « Kwetu » était enfin là.
Une histoire d’amour et bien plus
“Kwetu” se déroule dans un lycée. Les élèves y portent des uniformes aux couleurs blanc et jaune. Ce qui n’est pas anodin. Tout au long du film, on sent l’importance que Lionel Setukuru a accordée aux couleurs, notamment le jaune. Le synopsis peut être interprété comme suit : « Kwetu, un jeune garçon pauvre (nom de l’acteur principal) intègre un lycée d’enfants issus de familles riches et y tombe amoureux de la jeune Masha. Pourtant, Kwetu traîne un lourd secret». La directrice du lycée le sait : « Le monde extérieur ne doit pas savoir que Kwetu se “cache” dans ce lycée ».
Le film est drôle sans pour autant tomber dans la catégorie « comédie ». « Kwetu » a ses moments d’intimité, de rage, de tristesse et de joie. Il peint la différence de classes, l’amour impossible, la passion pour l’art (en effet, Kwetu et Masha partagent l’amour pour le dessin). « Kwetu » est entertaining. Malgré quelques défauts, le scénario n’a “invisibilisé” aucun acteur. A tous, il accorde un moment de proximité avec le public. Les dialogues sont drôles, tragiques tout en restant simples. Certains personnages ont des rôles qui, d’emblée, semblent banals. Mais le jeu d’acteur les sublime. Le fait que les acteurs aient déjà un pied dans le théâtre n’y est certainement pas étranger.
« Kwetu », à l’affiche ce 17 juillet (IFB et Lycée du Saint-Esprit), 18 juillet ( Buja Sans Tabou) et 26 juillet ( Harmonie Woods) est un film à regarder pour un public jeune et adulte. Pour plus d’une heure, Lionel Setukuru nous livre une œuvre pleine d’émotions. Un moment de cinéma convivial et chaleureux.