Le ministère du commerce vient d’interdire l’importation des grains et la farine du maïs pour une période de six mois, à partir du 8 mars 2021. Motif : ces produits contiennent des substances cancérigènes. Angoissés, les consommateurs demandent plus d’informations sur ces produits. Reportage
Il est 18h. Au quartier Bwiza en commune Mukaza de la Mairie de Bujumbura, le restaurant situé à la 3e avenue est plein à craquer. Au moment où je passe ma commande, un jeune homme d’une trentaine d’années entre et crie : « Je ne prendrai plus Kaunga (pâte de maïs). Elle contient des substances nocives ! ». Immédiatement, un homme qui, visiblement se régale de sa pâte Kaunga, rétorque : « On dit toujours n’importe quoi quand on a des sous », ouvrant le débat sur la décision du ministère du commerce.
Pour certains, cette décision n’est pas claire. Elle ne précise pas la provenance de ces produits dangereux. Les clients du restaurant se demandent si les produits nocifs sont déjà sur le marché ou si c’est une mesure préventive prise par le ministère.
Pour d’autres, il ne faut pas se poser beaucoup trop de questions. Les grains et la farine de maïs consommés au Burundi viennent d’Ouganda et de Zambie. Selon certains consommateurs, ces graines et cette farine de maïs sont déjà sur le marché. « Si notre santé est en danger, pourquoi le ministère n’a pas interdit purement et simplement la commercialisation de ces produits?», s’interrogent-ils.
Quid de la protection des consommateurs ?
Le maïs est un aliment très consommé au Burundi. C’est normal que les consommateurs s’inquiètent pour leur santé. C’est également logique que cette interdiction soulève des inquiétudes, surtout que certaines questions demeurent sans réponses. Est-ce que ce sont toutes les sortes de grains ou de farine de maïs sur le marché qui sont nuisibles pour la santé ? Quelles sont celles qu’il ne faut pas consommer ?
Ces produits sont-ils déjà sur le marché ?
Personne ne sait, excepté le ministère du commerce. Jusqu’à présent, la mesure ne concerne pas les produits en circulation. Pour preuve, il n’a pas alerté les consommateurs pour ne pas acheter ces produits. En principe, si un produit s’avère nuisible à la santé, il est immédiatement retiré du marché.
Il est urgent d’informer la population sur les sortes de maïs contenant des substances nuisibles à la santé. Cela leur permettra d’identifier facilement ce produit sur le marché et de ne pas l’acheter.
Le ministre du commerce rassure les consommateurs
Jérémie Banirwaninzigo, secrétaire permanent au ministère du Commerce rassure les consommateurs. « Une certaine quantité de ce produit est déjà sur le marché. Mais c’est une petite quantité parce cette sorte de maïs n’a pas été introduite auparavant.»
En outre, le Centre Nationale de Technologie alimentaire (CNTA) fait des enquêtes pour retirer du marché ces grains et la farine maïs contenant des substances nocives à la santé. Enfin, ce cadre du ministère du commerce souligne que la vigilance est de mise sur les frontières afin qu’aucun produit prohibé ne puisse entrer sur le territoire national.