Depuis le début de ce mois de juin 2023, la circulation des véhicules ayant des vitres teintées est interdite sur tout le territoire national, sauf en cas d’autorisation spéciale. La mesure a été prise par le ministère en charge de la sécurité publique pour « lutter contre les criminalités impliquant de tels véhicules ». Que penser de cette mesure ?
« Ces derniers jours, nous avons eu écho des crimes commis par les gens circulant dans des véhicules, surtout les jeeps et les camionnettes à vitres teintées. Des cas d’enlèvement ou d’escroquerie des personnes seraient perpétrés par des gens recourant à ces véhicules. Des ‘’lifteurs’’ se retrouvent dans des lieux non souhaités et se font dépouiller de leurs biens », a révélé Martin Niteretse, ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique lors d’une conférence de presse, lundi le 22 mai 2023. Des enquêtes ont été menées mais personne n’a encore été appréhendée, a fait savoir le ministre Niteretse.
Suite à cela, le ministère de l’Intérieur a pris une mesure radicale : plus de véhicules à vitres teintées sur tout le territoire national. « A partir du 1er juin, la police et l’administration procèderont au retrait forcé de la circulation de tout véhicule aux vitres teintées qui n’aura pas été spécialement autorisé. Des sanctions conséquentes seront appliquées au conducteur », lit-on dans le communiqué du ministère.
La mesure concerne tous les véhicules que ce soient ceux avec vitres teintées d’origine ou ceux teintées localement au Burundi. Toutes les personnes y compris les cadres du gouvernement sont également concernées par la mesure.
Celui qui veut rouler dans un véhicule avec vitres teintées doit demander une dérogation spéciale au ministère en charge de la sécurité publique.
Une loi en la matière est-elle nécessaire ?
Si la mesure fait trembler les détenteurs des véhicules à vitres teintées, elle a été bien accueillie par la population. « C’est une décision salutaire », se réjouit G. N, habitant de la mairie de Bujumbura. « Certains les utilisaient pour commettre des actes illégaux ». Il trouve toutefois que certaines catégories de personnes comme les hautes autorités du pays ou les grands hommes d’affaires doivent recourir à de tels véhicules pour leur sécurité.
Même si la mesure est bonne, sa durabilité est questionnée. Soulignons que de telles mesures ne datent pas d’aujourd’hui. Elles ont été prises dans le passé. En 2013. Ce genre de véhicules avait été pointé du doigt dans des actes de banditisme, d’assassinats, de détournements des mineurs, etc.
Jean Niyonkuru, rencontré au centre-ville de Bujumbura suggère la mise en place d’une loi ou d’un décret pour donner du poids à cette mesure. « Une loi devrait être promulguée à ce sujet ou au moins inclure quelques articles dans le code de la route dans ce sens »
Quid des autres pays ?
En Afrique de l’Est, d’autres pays ont pris des mesures d’interdiction des véhicules à vitres teintées. En RDC, la circulation des véhicules teintés est également soumise à une autorisation spéciale. Bien plus, celui qui la demande doit payer plus de 50 USD par an.
Au Rwanda, les particuliers doivent également demander les autorisations pour rouler dans ce genre de voitures. Ailleurs en Afrique, certains pays ont adopté de telles mesures. C’est entre autres le Tchad en 2010 ou encore la République de Guinée en 2008.
En dehors de l’Afrique, en Haïti par exemple, le droit de teinte est fixé à 10 000 gourdes (environ 71,17 USD) par an, par véhicule.
Mais contrairement à ces pays, au Kenya, la circulation des voitures à vitres teintés n’est soumise à aucune autorisation spéciale.