L’exploit attendu n’est pas venu. Sans démériter, les Hirondelles du Burundi ont fini par céder aux rougissements des Lions indomptables du Cameroun. Jeter la pierre aux poulains d’Etienne Ndayiragije qui se sont battus bec et ongles, pendant la 1ère période pour se laisser anesthésier dès le début de la seconde ? Nos blogueurs reviennent sur les grands moments du match, et dressent une analyse.
« Une hirondelle ne fait pas le printemps ». Voilà un dicton qui devrait bien résumer la défaite des Intamba mu Rugamba qui se sont inclinés hier soir devant les Lions Indomptables du Cameroun, du moins si on garde en mémoire la prestation de la 1ère mi-temps. Pendant cette première période, l’équipe du Cameroun s’est mise à douter face aux assauts répétés de Cédric Amissi et de ses compères qui virevoltaient dans la partie adverse comme des abeilles. Résultat de la course : le revenant Onana (le gardien de but camerounais) a dû recourir à tout son talent pour éviter à son équipe de sombrer. A 6 reprises, l’attaque burundaise a failli faire mouche.
L’équipe du Cameroun qui se croyait en terrain conquis a vite compris que le match ne sera pas une promenade de santé. Là où j’étais, c’est-à-dire au bar Chez Gérard sur la route Rumonge, l’ambiance est vite montée pour atteindre son paroxysme avec le tir puissant et cadré de Cédric Amissi à la 15ème minute. Tout le monde a commencé à y croire, même moi qui crois moyennement aux coups de chance. La bière a commencé à couler à flots, les sourires se lisaient sur les visages. A la 37ème minute de jeu, il y a quand même un coup de patte de ce diable de Bryan Beumo qui est venu nous rappeler que les Lions ne sont pas encore terrassés. Des deux côtés, les 45 premières minutes ne seront résumées que par des occasions nettes, sans concrétisations.
Un coup de dague planté au cœur de toute une nation
C’est au retour des vestiaires que la sauce s’est gâtée. Profitant d’une erreur d’incompréhension entre le défenseur Christophe Nduwarugira alias ‘’Lucio’’ et le gardien Onésime Rukundo, l’intraitable Bryan leur chipe le ballon et baam ! Un coup de dague planté au cœur de toute une nation. Le froid couvre la petite salle de Kwa Gérard. Un gars en tee-shirt jaune fulmine et manque de peu de renverser ma bière. A ma déception face à ce but concédé, s’ajoute l’appréhension de perdre une bière que je viens juste d’acheter…et qui coûte très cher par les temps qui courent.
La déception, elle n’est pas pour moi seul. Les joueurs burundais lèvent le pied, à la grande satisfaction des Camerounais qui en profitent pour les pousser dans leurs derniers retranchements. Les attaques viennent de partout. Le talentueux attaquant Chuppo Moting sort le grand jeu. Il en fait voir de toutes les couleurs à la défense burundaise. La peur a changé de camp. Vincent Aboukar, Karl Toko Ekambi et compagnies s’en donnent à cœur joie. Ce qui devait arriver arriva quand Christopher Wooh a doublé la mise à la 59ème minute. A ce moment, le type au tee-shirt jaune que j’avais oublié se rappelle à mon bon souvenir. Il entre en délire quand on montre l’image du sélectionneur burundais Etienne Ndayiragije à l’écran. Il crie très fort : « POURQUOI TU N’AS PAS FAIT DE CHANGEMENTS FILS DE P*** ???».
Ite missa est…
Les Lions édentés en 1ère période ont de crocs maintenant. Je commence à avoir peur d’une humiliation d’un 5 ou 6 but à 0, mais par-dessus tout, j’ai peur de la réaction de mon voisin furibond, si une telle éventualité venait à se concrétiser. Tellement il perd ses nerfs. Quand le capitaine camerounais Vincent Aboubakar marque le 3ème but dans le temps additionnel, j’observe mon voisin du coin de l’œil. C’est la 25 heure, celle qui vient après la fin. Aucun mot ne sort plus de sa bouche. Toute humiliation bue, il sort de la salle à quelques secondes de la fin du match. J’ai honte de ne pas pouvoir vivre intensément ce moment comme lui. Groggy, comme les Intamba mu Rurugamba qui sortent du terrain la tête basse, la petite foule se disperse en silence. La liesse populaire n’aura pas lieu. Ite missa est (rentrez, la messe est dite)…
La détermination à l’épreuve de la stratégie
L’affrontement entre le Burundi et le Cameroun dans un match mémorable qui s’est soldé sur une victoire éclatante (3-0) du Cameroun, pourrait certes indiquer une domination camerounaise, mais des moments clés auront prouvé que le contraire pouvait se faire.
La première mi-temps a vu le Burundi tenir tête à la puissante équipe camerounaise, maintenant le score à égalité nulle. Les supporters du Burundi étaient dans l’expectative et espéraient peut-être que leur équipe puisse créer la surprise contre l’un des favoris de la compétition. Cependant, lors de la deuxième mi-temps, le Cameroun est revenu avec une force redoublée.
La question qui se pose est de savoir si le Burundi est revenu sur le terrain avec moins de détermination, les joueurs croyant pouvoir battre le Cameroun facilement, ou si le Cameroun a effectivement renforcé son jeu, comme indiqué dans leur discours d’avant-match.
Une baisse de régime fatale ou un Cameroun revigoré ?
Il est possible que les Burundais aient pris une confiance exagérée après une première mi-temps dominée de bout en bout. Cette confiance, a-t-elle été à l’origine d’une certaine baisse de vigilance que les Camerounais ont su exploiter ? De toutes les façons, la baisse de régime a permis au Cameroun d’imposer son jeu et de marquer trois buts qui ont définitivement fait pencher la balance.
D’un autre côté, le Cameroun a peut-être revu son jeu dans la deuxième mi-temps, répondant ainsi à leur discours de pré-match. Les entraîneurs et les capitaines d’équipe sont souvent prompts à motiver leurs joueurs, en soulignant l’importance de l’effort collectif. Le Cameroun pourrait avoir canalisé cette motivation supplémentaire pour une performance spectaculaire.
Dans l’ensemble, le match entre le Burundi et le Cameroun démontre l’importance de la détermination, de la stratégie et de la confiance dans le football. Il rappelle aux sportifs que rien n’est jamais joué d’avance et que l’issue d’un match peut être influencée par de nombreux facteurs.
Quelle que soit la raison derrière la montée en puissance du Cameroun en deuxième mi-temps, il est indéniable que ce match a offert des moments de tension et d’excitation aux supporters des deux équipes. Il restera dans les mémoires comme une démonstration de la complexité du football et de la capacité des équipes à s’adapter et à performer sous pression.